Hého la Licra, je vous vois déjà bondir prêts à dégainer. Faut dire que l’actualité vous a rendu sensibles. Mais détendez-vous, je ne vais pas parler du CO2 ni de l’arnaque du président, je ne vais pas parler des juifs et de l’argent. J’ai dit « honnête juif », pas « juif honnête » ! Honnête juif, comme on parlait d’ « honnête homme » au XVIIeme siècle pour désigner un homme possédant les savoirs nécessaires à faire de lui un bon citoyen, la culture non spécialiste mais pourtant profonde sur les sciences, les langues et les religions.
On ne le sait que trop, l’ignorance et les fantasmes font le lit des racismes, avec des draps en coton égyptien qui plus est. Peut-être alors que la connaissance, rendue accessible sans céder sur l’exigence intellectuelle, gratuite et participative, a un rôle à jouer dans le débat citoyen ? L’initiative de l’Uneej, Université européenne des études juives, fait à cet égard figure de pionnière.
L’Uneej propose des Mooc (Massive Open Online Course – Cours en ligne, ouvert et massif), de véritables formations animées par les meilleurs spécialistes de langue française sur tous les sujets liés à la civilisation juive, comme par exemple le cours qui s’ouvre cette semaine sur la littérature biblique avec Ariane Bendavid. Le Mooc portant sur « Histoire et Archéologie de l’antiquité biblique» a ainsi fini avec 1500 inscrits. Un Mooc, c’est environ six semaines de formation, des cours publiés chaque semaine, des live-sessions avec l’enseignant, des quizz, des devoirs, des espaces de discussion, et le tout sans exigence de pré-requis. Si les Mooc ne sont pas encore diplômants (ils devraient l’être courant 2016), une attestation de réussite est toutefois délivrée.
Internet étant devenu à la fois la poubelle des savoirs et une mine fabuleuse, il semble important d’être guidé dans une discipline, d’en acquérir des bases, de devenir un amateur, dans le sens mélioratif du terme. Est amateur celui qui aime, qui connait ce qu’il aime et qui n’en tire pas profit.
Devenir un amateur des sciences du judaïsme, loin des idées reçues, par la méthode scientifique et académique : cette gageure des Mooc Uneej semble avoir convaincu du monde avec déjà près de 5000 inscrits. Les participants viennent de plus de 50 pays, dont 20 pour cent d’Afrique, l’âge des participants varie de 17 à 91 ans pour la doyenne. Autant dire que le public déjoue les clichés des études juives pour des juifs par des juifs.
Pour tous ceux qui n’ont pas le luxe de pouvoir suivre des cours présentiels à l’Université, ceux qui travaillent, ceux qui sont loin et qui sont francophones, ceux qui ont envie de découvrir, ceux qui ont envie d’approfondir, les Mooc Uneej sont faits pour vous. Et pour vous mettre l’eau à la bouche, à suivre : un Mooc sur l’économie et la société israélienne, des Mooc d’Histoire sur l’Antiquité (période grecque, romaine, Moyen Âge), un Mooc sur Emmanuel Levinas, sur la pensée juive médiévale…
En cette période où l’ignorance sur le fait juif semble être devenue la règle, voilà une initiative à saluer.
Noémie Benchimol
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Article publié le 22 décembre 2015. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2015 Jewpop