Des casinos de Hongrie à ceux de Las Vegas, en passant par Macao, ils sont partout !
Avant Internet, l’ère de la roulette
Si les amateurs de jeux de hasard se retrouvent nombreux aujourd’hui sur les casinos en ligne, qui acceptent tous les joueurs, même ceux refusés par les casinos « physiques », il fût un temps où les Juifs étaient refoulés de ces lieux, comme le rapporte François Fetjö dans son ouvrage Hongrois et Juifs : Histoire Millénaire d’un couple singulier (Éditions Balland, 1997), notant dans son essai que les juifs étaient refoulés dans bon nombre de casinos en Hongrie au 19ème siècle, mais que la ville de Baja, dès 1840, ouvrit un casino « spécial » pour les juifs hongrois, qui servait par ailleurs de lieu de rassemblement politique !
Carte postale ancienne de la ville de Baja en Hongrie
De Miami à Cuba : le duo siciliano-ashkénaze Luciano-Lansky
Meyer Lansky est l’une des figures mythiques de la Yiddish Connection aux États-Unis. Mais avant d’inventer Las Vegas avec son complice Bugsy Siegel, c’est avec « Lucky » Luciano qu’il va faire une partie de son business. Charles Luciano est un immigrant sicilien, débarqué quelques années avant Lansky aux États-Unis et fera florès dans le crime en bandes organisées. Réformé par l’armée en 1917, Luciano se lance dans la vente d’alcool, qui va le rendre richissime. Meyer Lansky fait partie de sa bande, mais va innover en se lançant dans un tout autre business, celui des casinos. Il s’implante alors à Saratoga, graisse la patte des politiciens, de la Louisiane à la Nouvelle-Orléans, en passant par l’Arkansas et la Floride, pour finir par atterrir à Miami, à quelques encablures du paradis cubain.
Lucky Luciano et Meyer Lansky
Pour les premiers casinos de Cuba, c’est d’abord Luciano qui prend le contrôle des affaires, grâce aux relations étroites qu’il entretient avec le dictateur local Fulgencio Batista. Meyer Lansky en prendra le contrôle au début des années 50, sortant de sa retraite politique Batista, qui fomentera un coup d’état contre le président en place, Carlos Prío Socarrás, le 10 mars 1952, replaçant le secteur des jeux d’argent sous le contrôle du syndicat du crime avant que Fidel Castro ne mette fin au règne de la mafia sur l’île.
Las Vegas, le rêve de Bugsy Siegel
Bugsy Siegel est alors avec Meyer Lansky l’un des personnages les plus influents du crime organisé aux États-Unis. Sa vision aura une influence majeure dans le lancement de Las Vegas, alors un village perdu dans le désert auquel « Le Dingue », comme on le surnommait pour son tempérament violent, va s’intéresser. On retrouvera son histoire dans le film Bugsy de Barry Levinson (1991), avec Warren Beatty dans le rôle-titre. Sin City doit tout à Bugsy Siegel, missionné pour investir l’Ouest du pays, et plus particulièrement la Californie, obtenant l’autorisation des premiers sites de jeux d’argent dans le désert du Nevada. Il ouvre alors à Las Vegas son premier établissement, le casino Flamingo, mais finira assassiné par ses pairs après s’être endetté de 6 millions de dollars, tandis que sa maîtresse fut accusée par le syndicat du crime de faire des allers-retours vers la Suisse avec des valises bourrées de billets.
Bugsy Siegel
Dans la famille Rothstein, je demande…
Arnold, surnommé « Le Cerveau ». Ce précurseur de la Yiddish Connection, né en 1882 à Manhattan dans une famille ashkénaze aisée, sera le mentor de Lucky Luciano, fasciné par son élégance et sa distinction. Il sera l’un des personnages emblématiques de la série Boardwalk Empire, incarné par l’acteur Michael Stuhlbarg. Arnold Rothstein gagnera sa réputation avec les trucages de paris sportifs. Son moment de gloire, bien que blanchi par la justice, sera le trucage de la finale du championnat de baseball 1919 entre les White Sox de Chicago et les Reds de Cincinnati, en graissant tout bonnement la patte des joueurs de l’équipe favorite, celle de Chicago. C’est l’un de ces coups qui fit d’Arnold Rothstein une légende dans le monde des paris sportifs, avant qu’il ne « laisse la main » en 1928, assassiné après avoir refusé de payer une dette de jeu d’un montant de 300 000$ au poker.
Une du Daily News annonçant le meurtre d’Arnold Rothstein
Sam « Ace » Rothstein est le héros du film Casino de Martin Scorcese, magistralement interprété par Robert De Niro. Ainsi rebaptisé par le réalisateur, il s’agit en fait de Frank Rosenthal, né dans une famille juive de Chicago en 1929. Personnage mythique, Rosenthal restera l’un des grands maîtres à jouer du secteur, gérant secrètement les plus grands casinos de Vegas, le Stardust, le Fremont, le Marina et le Hacienda (aujourd’hui Mandalay Bay) sous le contrôle de la mafia de Chicago. Il sera le premier à mettre en place les paris sportifs à l’intérieur d’un casino, faisant du Stardust un must pour les amateurs, qui y découvriront pour la première fois des croupiers féminins aux tables de blackjack. Rosenthal avait du nez : ses croupières feront doubler les revenus du Stardust…
Frank Rosenthal interrogé pendant une audition de la sous-commission du Congrès en 1961
Sheldon Adelson, magnat des casinos
Sheldon Adelson
Le promoteur immobilier américain est l’un des magnats actuels de l’univers des casinos. Il détient entre autres le Venetian à Las Vegas, l’un des plus beaux palaces au monde pour les jeux d’argent et le divertissement dans la Sin City, ainsi que plusieurs hôtels et casinos à Singapour ou encore Macao, dont le non moins célèbre Marina Bay Sands. Le monde des casinos en ligne, il n’y touche pas, mais en revanche, il en a été victime. En 2014, un groupe de hackers a volé toutes les données clients de sa compagnie Sands Corp., basée à Las Vegas. Les jeux sont faits, rien ne va plus !
Jewpop
© photos : DR
Article publié le 8 juillet 2019. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Jewpop