Avec la « comédie juive familiale », mettant en scène des personnages caricaturaux en situation comique, un nouveau genre serait-il en train de naître sur les écrans tv français ? Retour sur les ingrédients qui composent cette recette avec « Les pieds dans le plat », diffusé sur FR3 mardi soir. Un plat daubesque, ou pas ?
Le synopsis : à 29 ans, Anouchka Stern découvre, à quinze jours de son mariage, que son père n’est pas son père biologique. Elle décide de se rendre en Bretagne à la recherche de son géniteur. Son voyage lui apprend que son vrai père est mort et qu’il n’était pas juif. Ses origines sont démenties alors que son futur époux est très pratiquant. Un doute plane sur ses motivations : ne saisirait-elle pas à nouveau un prétexte pour repousser la noce, déjà reportée à deux reprises ? Anouchka retrouve toute la famille dont elle est issue, y compris sa grand-mère, qu’elle invite pour des présentations surprise à sa famille d’adoption, un soir de shabbat.
Réalisé par Simon Astier, frère d’Alexandre Astier (Kaamelot) et auteur de la série Hero Corp, sur un scénario de Barbara Grau, « Les pieds dans le plat » proposait un casting alléchant : la regrettée Tsilla Chelton dans son dernier rôle à la télévision, Michel Jonasz, Fanny Cottençon, Jonathan Cohen (vu dans la série Bref), Max Boublil, Marie-Julie Baup… Passons sur la réalisation conforme aux standards des téléfilms français : L’Homme du Picardie est resté l’idéal en la matière.
Quid du casting ? Dans le rôle principal, Marie-Julie Baup. Un faux air de Mila Kunis pour peu que vous ayez abusé du rosé frais à table, ultra crédible dans son rôle de JLP. C’est quoi, une JLP, nous direz-vous ? Une Jewish Lilloise Princess. Car c’est bien connu, la communauté ch’tijew, qui compte quand même pas moins de 3000 âmes, est l’une des plus emblématiques de France. Il faut mettre à l’actif de ce téléfilm ce coup de projecteur bien mérité. A moins que les subventions de la région Nord-Pas de Calais n’aient eu une influence sur la localisation du tournage… Mais bon, on ne va pas chipoter sur ce point, ils sont partout.
Félicitons ensuite la production pour le choix très judicieux d’un acteur emblématique de la communauté juive marocaine, choisi pour incarner le pater familias séfarade : Michel Jonasz. Le choix du comédien-chanteur qui nous a enchanté avec Abraham, dans ce rôle de patriarche familial juif marocain, ne manque pas d’audace. Très « dafina style ». Mais bon, Gainsbourg a bien joué dans des peplums et Mel Brooks un chef indien dans « Le shérif est en prison ».
Allons à l’essentiel. Le ressort comique et l’art du dialogue. On a compté 5 vannes et/ou gags en 1h35, ce qui fait quand même un ratio faiblard. La première, environ 15mn après le début : « Il y a des Juifs en Bretagne ? » (rires). La seconde, lorsque le personnage de Rachel (on vous explique pas, ce serait trop long…), amoureuse du futur marié, tente de rentrer dans la robe de mariée de La JLP (voir plus haut) et, trop grosse, se vautre dans des étagères remplies de bouffe, maculant la robe (Blake Edwards aurait aimé). La troisième, lorsque Simon Astier, excellent, apparaît dans un rôle de journaliste branchouille en interview avec Fanny Cottençon, à la fin du téléfilm. On a oublié les 2 autres, vu qu’on a un peu dormi aussi entretemps.
Bien entendu, les sefs passent leur temps à hurler et sont pratiquants, la mère du marié ferait passer le jeu de Marthe Villalonga pour du Bergman sous tranxène, le jeune marié vend des apparts de luxe (il se fait des « couilles en or »), la famille ashké est plus classe que la sef (mais bouffe du jambon, attention !) et les bretons se baffrent de crêpes et de kouign-amann, font de la voile et se bourrent dans des fest-noz comme des bêtes. Des bretons, quoi. Nuls clichés, tout dans la finesse. Au final, on se dit qu’avec une telle brochette de comédiens aussi talentueux et un dialoguiste digne de ce nom, on aurait pu mettre nos pieds dans ce plat. Mais en définitive, la daube était trop lourde.
Sharon Boutboul
Copyright photos : Luc Moleux (FTV) / DR
C’est sûr que certains peuvent ne pas y trouver leur compte, comme Sharon Boutboul par exemple (c’est un gag ce nom ?!).
Pour d’autres, comme moi, c’est quand même un chouia en dessous de la vérité (sur ma vie !)
Bon, j’en dis pas plus, faut que j’aille à table, le roti de porc va refroidir.