Manuel Valls et le Consistoire, une bien belle soirée de voeux

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Pas facile de désigner un envoyé spécial de Jewpop à la traditionnelle cérémonie des voeux de Rosh Hashana organisée par le Consistoire. Entre France-Biélorussie à la tv, et sous prétexte de pseudo-article à boucler genre « je raffole des quenelles, dois-je arrêter d’en manger à cause de Dieudonné ? », la rédaction ne se bousculait pas pour aller écouter Manuel Valls. Surtout pour l’entendre expliquer à l’establishment de la communauté juive que, si les autorités musulmanes font la gueule à cause de la charte de la laïcité publiée dans les écoles, les Juifs n’ont aucune raison d’en rajouter une couche. Pas de bol, c’est tombé sur moi.
 
Naïve comme je suis, quand certains de mes collègues mal intentionnés m’ont dit « tu sais, cette année, c’est cool. Ça se passe sur le chantier du futur Centre européen du judaïsme, ça va être ambiance demolition party ! », je leur ai fait confiance. Rien qu’à l’idée de voir Joël Mergui en débardeur, fracasser à grands coups de masse un mur de parpaings sur fond de Diana Ross, j’étais hyper excitée. Sortie du métro Pereire, je tombe sur un rassemblement. Mon regard parcourt la foule en émoi, au milieu de caméras et de badauds mitraillant de leurs portables un supposé people. La Fouine ? Même pas. NKM. En train de faire la retape pour sa candidature à Paris.
 

 
Une charmante dame, me voyant prendre en photo l’impétrante de l’UMP (tous les mecs de la rédaction la trouvent « grave bonne, sous ses airs de sainte nitouche »), me demande si « je souhaite échanger avec Nathalie ». J’hésite à lui répondre « J’ai pas le temps, là, je dois faire un reportage sur Manuel Valls et les Juifs. Mais je connais certains de mes collègues qui aimeraient bien échanger avec elle. Surtout en club. », et me demandais si j’allais quand même alpaguer NKM pour lui poser la question qui tue : s’était-elle déjà rendue compte qu’à une lettre près, elle aurait pu faire rappeuse au lieu de porte-parole de Sarko. Mais le devoir journalistique m’attendait.
 

 
Arrivée à l’emplacement de la soirée, mon carton d’invitation à la main, j’ai bien vu que je m’étais faite entuber par mes collègues. Si j’avais fait mon boulot, j’aurais vérifié que le Centre européen du judaïsme n’était encore qu’à l’état de plan, et qu’on allait se retrouver comme au cirque Pinder, sous une tente, à se murger au mieux au Barkan casher. Après avoir passé la sécurité (« Mademoiselle, ça sonne, là, vous avez quelque chose de métallique sur vous ? ». Je me mord les lèvres pour ne pas répondre « ah oui, ça doit être mon stérilet… »), je pénétrais enfin dans le Saint des Saints. Une demi-heure plus tard à faire le pied de grue, tentant vainement de repérer quelques bogoss consistoriaux (mes chers collègues avaient également omis de me préciser qu’il ne s’agissait pas d’une soirée de voeux, mais d’une soirée de vieux), je me résolu à prendre quelques clichés, moi qui suis aussi douée pour la photo que Benzema pour planter un but dans les cages d’un gardien albanais sous Tranxène.
 

 
Mon rédac-chef, les matant d’un oeil vitreux à mon retour, m’a juste dit « super ! ». De toutes façons, il ne lit jamais les articles publiés sur le site, il dit que ça lui fatigue les yeux. A part ceux de la rubrique « charme ». Sinon, Valls était un peu couperosé, mais vu qu’il est arrivé en retard, peut-être qu’il avait couru. Ah oui, et aussi, NKM a déboulé, juste avant lui. Faut dire que de la place Pereire à la tente Pinder, c’est même pas 5 minutes à pieds. Elle aime bien Valls, NKM. Il lui rappelle un peu Sarko, en plus grand et en plus espagnol. C’est sans doute pour ça qu’elle est venue. Avouez qu’un ticket Valls-NKM en 2017, ça aurait de la gueule !
 
La photo est un peu floue, on pourrait croire que c’est Bernadette Chirac, mais c’est NKM

NKM, un peu floue, mais c'est bien elle

 

Manuel Valls, un peu flou aussi, mais on reconnaît bien Joël Mergui en premier plan

 
Le discours de Joël Mergui était super. Il a dit, en gros, « Les antisémites, ça commence à nous les briser sérieusement ! Si vous continuez à laisser faire, vous étonnez-pas si on se barre tous en Israël ! » et aussi « Vous allez pas nous emmerder avec votre charte à la con ! » (enfin, je vous fais le pitch, il n’a pas dit ça dans ces termes, mais c’était le sens profond du message). Ensuite, Valls a répondu « T’inquiètes Joël, le Peillon, faut bien l’occuper un peu… ». Enfin un truc dans le genre. Mais là, l’honnêteté intellectuelle m’oblige à vous l’avouer, j’ai juste lu la dépêche AFP reprise par tous les médias. En fait, je me suis barrée avant le discours de Valls. Avec un de ses conseillers. Pas vraiment mon genre, mais bien gaulé quand même. Finalement, c’était pas une soirée si foireuse que ça.
 
Sharon Boutboul
© photos : Sharon Boutboul / Jewpop
Article publié le 11 septembre 2013, tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2013 Jewpop
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