Si Œdipe était Grec, c’est bien notre cher coreligionnaire Freud qui l’a glorieusement érigé en « complexe ». L’une des plus belles déclarations d’amour jamais écrite de la littérature française est celle d’un autre grand homme issu de chez nous, Romain Gary, à sa mère, l’unique femme chère à son cœur à qui il dédiera sa vie : « Avec l’amour maternel, la vie vous fait, à l’aube, une promesse qu’elle ne tient jamais ».
Alors, non, on a beau être pathologiquement ethno-centré, les juifs n’ont pas (dieu merci) le monopole de la passion pour son parent du sexe opposé… Mais comme pour tout problème, nous avons ce don, magistral, de nous l’approprier et de l’assaisonner à notre sauce. Voici les six signes qui montrent que toi aussi, tu as un peu de mal à couper le cordon.
Fille
Quand tu réalises, éberluée, à plus de vingt ans qu’en fait, non TON PAPA NE SAIT PAS TOUT !! (Mais bon, presque hein, et de toute façon ce truc là qu’il ne savait pas, c’était un truc nul et pas important).
Garçon
Quand tu as 37.7° de température, un peu mal à la tête et le nez qui coule, que tu restes au lit, au seuil de la mort et du désespoir, et que tu comptes sur ta mère (ou ta copine si tu as coupé une petite partie du cordon) pour :
1) T’écouter te plaindre toute la journée et te consoler
2) Te préparer ton bol de céréales au chocolat préféré
3) Te laisser ne rigoureusement rien faire comme corvée à la maison pour au moins les quinze prochains jours, le temps que tu te remettes.
Fille
Quand tu te rends compte, le jour où tu quittes enfin le nid familial, que tu ne sais pas monter une tringle à rideaux et que de toute façon tu n’as pas de perceuse, que tu sens monter une crise de panique à l’idée que demain, tu as ta livraison IKEA qui arrive alors que de toute ta vie tu as monté une vis pour rigoler… Et que tu finis par appeler papa parce que quoi qu’il arrive, lui, il trouvera forcément une solution.
Garçon
Quand, à vingt-sept ans, tu te décides à prendre ton envol, et à vivre dans ton propre chez toi et qu’un an plus tard, tu as perdu 10 kg. Bah oui… t’avais arrêté de manger vu que y avait plus personne pour faire la cuisine ! Tu n’as survécu que grâce aux réserves prises chaque shabbat chez maman et aux Tupperwares™ qu’elle te donnait en cachette pour que tu tiennes la semaine !
Fille
Quand tu cherches un garçon sérieux, gentil, attentionné, avec qui tu pourrais bâtir un foyer juif avec une ribambelle d’enfants comme ta mère l’a fait avant toi mais que le seul mec qui t’attire est un beau gosse rêveur, qui (rayer la mention inutile)
1) Est marié et heureux père de deux enfants
2) Part dans trois mois pour un tour du monde d’une durée indéterminée
3) Projette d’abandonner son poste d’ingénieur chez EDF pour partir en tournée avec son orchestre Klezmer
4) Est depuis 2 ans en procédure de divorce après dix ans de mariage
5) A juste envie de te sauter
6) N’est pas juif alors que pour toi c’est un critère essentiel… Because, your heart belongs to daddy
Garçon
Quand tu laisses le choix aux filles que tu rencontres entre être ton amie ou ton plan Q, parce que tu sais au fond de toi que jamais elles ne sauront assouvir cette soif d’amour inconditionnel que seule ta maman a su étancher à gros coups de « Tu es le plus beau mon fils ! » « Mon fils le docteur, c’est le meilleur gynéco de tout Paris ! » « Tu n’as que la peau sur os, tiens reprends du couscous/pkeila/tcholent/gefilte fish/ poulet au curry (bah oui quoi, il faut bien changer un peu de temps en temps) ».
Les parents, moteur irremplaçable pour avancer dans la vie, ont parfois suivi la même formation que Maginot et Vauban pour bâtir devant nous des murailles apparemment infranchissables. Reste que ni les forts Vauban ni la ligne Maginot n’ont jamais permis d’arrêter le moindre envahisseur… Alors promis, un jour, on finira par grandir !
Henriette Jurmann
Photos et visuels © : DR
Article publié le 8 avril 2018. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2018 Jewpop