Dans People That Are Not Me, Hadas Ben Aroya, trente ans tout rond, joue tous les rôles : actrice principale, scénariste, productrice et réalisatrice. Autofiction très libre sur l’errance sentimentale d’une jeune femme à Tel-Aviv, le film est devenu culte en Israël. A l’occasion de la sortie du long-métrage en France, elle nous parle de son parcours artistique, de sa vision de la jeunesse de Tel Aviv et de l’impact du mouvement #MeToo dans son pays.
Comment êtes-vous devenue cinéaste ?
Hadas Ben Aroya : Je suis née à Ashkelon, au sud d’Israël. Je n’ai pas reçu d’éducation cinématographique mais je me suis intéressée très tôt au théâtre et à la peinture. En entrant à l’université, j’ai choisi le cinéma parce que c’était une synthèse de tout ce qui m’intéressait. À l’époque, des productions israéliennes telles que Valse avec Bachir (Ari Folman, 2008) ou La Visite de la fanfare (Eran Kolirin, 2007) commençaient à trouver un vrai public à l’international. Je me suis mise à regarder énormément de films pour rattraper mes lacunes. C’est en deuxième année de fac que j’ai réalisé mon premier court-métrage, Sex Doll, qui parlait déjà de désir et de sexualité. Ensuite, People That Are Not Me est mon film de fin d’études. Je l’ai écrit avec beaucoup de liberté car je n’imaginais pas le sortir en salles !
Pourquoi avoir décidé de faire un film centré sur la vie amoureuse d’une jeune femme de Tel-Aviv ? Ce n’est pas commun dans le cinéma israélien…
Hadas Ben Aroya : C’est une forme de rébellion inconsciente contre les questions qui reviennent tout le temps dans les productions israéliennes : l’armée, la religion, les Palestiniens… C’est d’ailleurs en traitant de ces thématiques que l’on trouve le plus facilement de financements en tant que cinéaste. J’ai voulu faire complétement autre chose et me libérer de ces sujets sérieux et brûlants. Je regrette qu’on ne montre pas plus souvent Tel-Aviv, où j’habite. J’ai décidé de placer ma ville au centre du film et de décortiquer la vie intime de ma génération. Un producteur m’a d’ailleurs confirmé que de plus en plus de jeunes réalisateurs sont désespérés par la situation politique de notre pays et se détachent des problématiques douloureuses. Ils manifestent une sorte d’indifférence au réel, comme mon personnage avec son casque audio vissé sur les oreilles.
Est-ce un récit autobiographique ?
Hadas Ben Aroya : Je me suis librement inspirée de ma vie amoureuse du moment. Certains dialogues du film sont tirés d’expériences vécues, comme le moment où un amant me met en garde : « Ne tombe pas amoureuse de moi ». C’est une phrase qui blesse quand on la reçoit, mais en la replaçant dans le scénario j’ai réalisé à quel point elle peut être ridicule ! Il y a d’ailleurs quelques mecs en Israël qui imaginent que People That Are Not Me parle d’eux. J’ai reçu plein de messages du genre : « Je sais que tu as écrit sur moi ! ». Mais pas exactement. C’est une combinaison d’émotions réelles et de pure fiction. Je suis loin d’être aussi courageuse que mon personnage dans le film par exemple. Je me suis amusée à créer Joy en répondant à ce type de question : « Que se passerait-il si je rentrais chez mon ex petit copain par effraction ? ». Dans la vraie vie, de tels comportements la ferait passer pour dingue.
Les personnages masculins du film sont bien plus complexés que votre héroïne concernant les sentiments et le sexe, pourquoi ?
Hadas Ben Aroya : Il me semble que les hommes de ma génération sont bien moins libres que leurs parents. Ils sont rattrapés pour beaucoup de névroses et cherchent à contrôler leurs émotions. Cela les rend de plus en plus cyniques. Ils ne suivent ni leur cœur ni leur libido ! J’imagine que quand mes parents sortaient dans des bars à Tel-Aviv pendant leur jeunesse, l’ambiance devait être très « there is sex in the air ». Aujourd’hui dans les clubs, plus personne ne vous drague ! La nouvelle génération est très individualiste. Dans mon film, les hommes sont centrés sur leur intellect, pas sur leur corps.
On n’a jamais vu un personnage féminin aussi à l’aise avec sa nudité dans le cinéma israélien, non ?
Hadas Ben Aroya : Je suis très à l’aise avec mon corps, je l’aime. Je veux montrer que le corps est une très belle chose. Les scènes de sexe du film n’ont pas vocation à exciter mais plutôt à embarrasser, à interroger le spectateur. J’ai voulu qu’elles soient très naturelles, d’où l’utilisation de plans séquences. Il n’y a pas de coupes, pour que cela ne soit pas trop tendu. Les spectateurs en Israël ont réagi soit par le silence, soit par le rire. J’ai voulu qu’il y ait un côté comique dans mon film.
Le film a-t-il eu quelques soucis avec la censure ?
Hadas Ben Aroya : Oui, il y a des gens très conservateurs au pouvoir en Israël en ce moment… Le film a été interdit aux moins de 18 ans et je trouve cela ridicule ! Mais je ne suis pas surprise. Il y a un problème ici avec le corps féminin. À Jérusalem, certains religieux noircissent les panneaux publicitaires qui montrent des femmes dénudées.
Pensez-vous que le mouvement #MeToo a un écho dans votre film ?
Hadas Ben Aroya : Je ne crois pas que ce soit mon combat. Le film a d’ailleurs été tourné avant #MeToo [en 2016, ndlr]. J’ai toujours lutté contre le conservatisme mais je pense que ce n’est pas un domaine exclusivement masculin. Cependant il y a de plus en plus de réalisatrices en Israël et je les admire. Il y a même un nouveau fond pour aider les femmes cinéastes et c’est une très bonne nouvelle.
Interview réalisée par Florence Harel
La bande-annonce de People That Are Not Me
People That Are Not Me, de Hadas Ben Aroya, en salles le 24 Octobre 2018
© photos : DR
Article publié le 25 octobre 2018. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2018 Jewpop
[…] Interview réalisée pour le site Jewpop […]
Encore un film archi nul de gauchiste israéliens qui raconte des tas de conneries . Cette fille s’invente un Israël qui n’existe pas pour son confort émotionnel et pour mieux se faire mousser à l’étranger. Il ne faut vraiment pas connaitre Israël et tlv en particulier pour avaler toutes les conneries qu’elle raconte. Le public hiloni et en particulier de tlv est la population la plus à gauche que je connaisse (et j’ai un peu voyager) et ceci sur absolument tous les sujets ce sont de véritables petits américains (californiens plus précisément) . Il n’y à que le cerveau féminin qui dirige leur pensée (ce qui fait d’ailleurs que ce sont en général des ignares) pensée faite d’ailleurs de réalité fantasmée et de dissonance cognitive .Mais bon ce genre de films plaira toujours aux mêmes adeptes de la branlette intellectuelle !
Qqs exemples les israéliens préfèrent l’intellect au corps ah bon? on lui refuse son film au moins de 18 ans à ca use de sa pornographie ce qui est tt à fait normal = censure dans son cerveau malade