Rendu célèbre pour ses performances remarquées dans le monde du porn, on vous parlait il y a quelques mois de James Deen, ce Nice Jewish Boy qui fait fantasmer les jeunes filles en fleur outre-Atlantique. À 27 ans, le joli garçon a déjà tourné dans des milliers de films pornos depuis ses 18 printemps. À seulement 22 ans, il était le plus jeune acteur à se voir décerner le titre d’« Acteur de l’année » aux AVN Awards (Adult Video News). Mais c’est dans un registre tout à fait différent que James Deen apparaîtra prochainement à l’écran. Ce dernier jouera dans le film de Bret Easton Ellis « The Canyons » aux côtés de Lindsay Lohan.
La semaine dernière, James Deen accordait une interview à la journaliste Emily Shire pour le Jewish Daily Forward, abordant les questions de son identité, de son enfance en école juive, de sa première fois et de sa carrière d’acteur.
Emily Shire : Quelle importance le judaïsme a-t-il tenu dans votre éducation ?
James Deen : Le judaïsme a été une part importante de mon éducation. Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’incitation à poser des questions et toujours chercher des réponses. Mes rabbins m’ont toujours adoré, parce qu’à chaque fois qu’ils disaient « Dieu a dit de faire ceci », ma réponse était, « Certes, mais pourquoi cela ? ». Ils encourageaient toujours à questionner la Torah et toutes les règles en place. Je n’ai jamais vraiment cru en Dieu, mais en revanche, j’ai adhéré au mouvement sioniste, à la culture qui le sous-tend, à la communauté.
Vous avez eu des ennuis à l’école primaire pour avoir dit que vous vouliez être une star du porn.
En CE2 [à l’école Weizmann], on parlait de ce qu’on voulait faire quand on serait plus grands, du coup on devait écrire des livrets sur nos projets personnels. Ma réponse a été de dire que je voulais faire du porn. C’était genre « Ha, ha, qu’est-ce que tu veux vraiment faire ? » et je répondais, « Non, je veux vraiment faire du porn ». J’ai fini par me faire exclure provisoirement parce qu’ils pensaient que je distrayais la classe.
Votre première fois, c’était à un camp de vacances juif, vous aviez 12 ans. Avez vous ressenti qu’il y avait une culture particulièrement sexualisée ?
Pas plus qu’ailleurs. Je suis quelqu’un de très sexuel. De surcroit, tous les camps de vacances sont comme ça; c’est une bande de gamins, et les plus âgés qui les surveillent ont entre 19 et 20 ans. Du genre à te dire : « Ne me dérange pas. Moi aussi j’essaie de pécho». Vous envoyez ce groupe de gamins dans les bois, sans surveillance, et ils se mettent à baiser les uns avec les autres. C’est un peu la façon la plus simple d’apprendre le sexe à vos gosses.
Vous venez d’une famille très éduquée. Comment vos parents ont-ils pris votre décision de vous consacrer au porn ?
Ça n’a jamais posé de problème à quiconque, mise à part le fait de s’assurer que j’étais en bonne santé et en sécurité, et que si je devais faire ça, j’avais un vrai plan de carrière. C’était moins le porn que le fait que je me lance dans une carrière dans le spectacle qui, je crois, les inquiétait. Ils m’ont appris qu’il faut se diversifier et investir, histoire de ne pas finir sur le carreau. Ils me disaient « Bon, on t’aime et peu importe le reste, cela ne changera jamais ». Mes parents sont de très bons parents, et ils sont fiers que leur fils fasse quelque chose qu’il aime et où il réussit.
Vous voyez-vous marié avec une grande et bruyante famille juive ?
Je n’élimine pas la possibilité de changer d’avis et un jour avoir des enfants, mais à l’heure actuelle, je ne veux pas. Je préfère sortir avec quelqu’un pendant 10, 20 ou 30 ans, et là quand on sera vieux et gris, nous marier. Je veux me marier une seule fois.
Est-ce que le fait de travailler dans le porn affecte l’engagement dans une relation monogame ?
Non, j’ai eu des relations monogames par le passé. J’appelle ça « quasi-monogame » parce que quand tu as quotidiennement des relations sexuelles avec d’autres gens pour le travail, c’est difficile d’appeler ça « monogamie ». Mais, il y a une énorme différence entre le fait de faire l’amour au travail ou à la maison. C’est pas parce que la sensation physique est aussi appréciable que la réaction émotionnelle est la même.
Les juifs ont une relation compliquée avec le sexe. Nous sommes souvent considérés comme plus libres envers l’expression sexuelle, mais nous avons aussi l’aspect névrosé, complexé et rongé par la culpabilité à la Alexander Portnoy#.
Je pense que les juifs sont plus ouverts à ce niveau là. Je pense que les névroses, le dénigrement de soi, la culpabilité, sont vrais à 100%. Mais par exemple, même le judaïsme orthodoxe est très précis sur le sexe – tu as seulement le droit de faire l’amour à ta femme, tu ne peux pas avoir de relations sexuelles avec une shiksa#… etc. – pourtant il y a aussi plein de zones d’ombre. Je ne me suis jamais senti sexuellement opprimé dans la culture juive.
Vous arrive-t-il d’avoir des modèles juifs dans l’industrie du porn ?
Je n’arrive pas dans un endroit en me disant « Je suis juif. Qui d’autre est juif ? Il faut que je bosse avec eux ». Le respect est quelque chose d’universel, qui dépasse les races, les croyances, les couleurs, les religions, tout. Les juifs savent que nous sommes mieux que les autres. C’est tout ce qui compte.
Ça va être une citation phare dans cet article.
(Rires) C’est vrai. Nous sommes le peuple élu. (Rires) C’est un fait.
Est-ce que judaïsme et porn se sont déjà recoupés dans votre travail ?
Je considère le judaïsme comme une culture, et une culture qui m’encourage à apprendre, poser des questions et chercher à savoir. Je sais comment tourner, éclairer, modifier, parce que m’efforce toujours d’apprendre au travail. Je ne pense pas que j’aurais ce type de mentalité sans mon éducation juive.
Y a-t-il une figure juive que vous aimeriez représenter dans le porn ?
Sans doute Jacob. N’a-t-il pas eu cinq femmes ou quelque chose comme ça ? Je sens que pour un bon porno, il faut beaucoup de sexe dedans, du genre un mec qui fait l’amour à quatre filles différentes, c’est plutôt solide, non ?
Propos recueillis par Emily Shire, journaliste à The Week et The Forward, reproduits avec l’aimable autorisation de son auteur, traduits de l’anglais par Jewpop.
Photos © Alan Eigen / Dollhouse Digital, JamesDeenblog.com (DR)
Lire l’article original, publié sur le site The Forward.
Suivre le travail d’Emily Shire sur son blog
Suivre James Deen sur Twitter
(¤ndlr : Alexander Portnoy : personnage principal du roman de Philip Roth, Portnoy et son Complexe, paru en 1969. Shiksa : terme yiddish qui désigne une jeune fille non juive, souvent employé de manière péjorative)
Article publié le 20 février 2013, tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2013 Jewpop