Dans une précédente chronique, je vous racontais les rencards que je préférais oublier, me moquant gentiment au passage des garçons célibataires. Piqués au vif, certains d’entre-vous ne manquèrent pas de me faire remarquer ma mauvaise foi, à coup de «vous les filles, vous croyez que vous êtes mieux !». Dans un souci d’égalité, j’ai donc décidé de commencer cette année en réparant cette bévue. Oui je sais que toi aussi, mon ami célibataire, tu t’es enquillé des rendez-vous pourris avec des filles improbables pour faire plaisir à ta mère, ton père ou ton rabbin (pour ceux dont le père est rabbin, sache que je compatis à cette double peine).
LA (SUPER) BONNE A MARIER
Elle est arrivée en retard parce qu’elle est passé au kiosque acheter le dernier numéro de «Oui», «Marions-nous» et «Mariée». Elle a tout calé. Elle veut la même salle que sa sœur, le traiteur de la bar-mistva de son neveu était super bon, «cher mais bon» précise-t-elle avant d’ajouter «mais enfin quand on veut de la qualité…». D’ailleurs en parlant de qualité, elle te demandera de décliner les tiennes, ainsi que ta situation professionnelle et financière. Oui, oui, c’est un peu comme quand tu déposes un dossier pour un appart, la caution parentale en moins. En te montrant les photos de ses 8 neveux et nièces, elle testera sur le futur père que tu es le prénom «Tahel».
Ton rendez-vous basculera définitivement quand elle te dira : «T’es sûr que t’es pas de la famille de Franck Fitoussi ? Vous vous ressemblez grave, vous avez le même nez».
La phrase qui pourra mettre fin à ton calvaire : «Je ne suis pas très bien, excuse-moi. Ça fait deux jours que j’attends mon virement du RSA».
LA FILLE QUI VIENT DE FAIRE TECHOUVA
Le jour de ses 32 ans, ne voyant rien venir, elle a décidé de prendre le taureau par les cornes. Elle a fermé tous ses profils sur les sites Internet de rencontres, et ouvert son Choulhan Haroukh. Hyper-pratiquante, elle mange strictement casher. Son profil Facebook ne lui sert qu’à publier des «Shabbat Shalom» et lancer des chaînes de téhilims pour la guérison de telle mère de famille «dans le coma depuis qu’elle a donné la vie à son 6ème enfant». L’été dernier, elle dansait en maillot sur un bar de plage à Mykonos. Là, elle revient d’un séminaire d’études pour filles à Jérusalem.
Ton rendez-vous basculera définitivement quand elle te dira : «En chidour, au premier rendez-vous, tu sais si ça colle ou pas. Moi, au premier coup d’œil, je sais. Un deuxième rendez-vous quand quelqu’un me plait ? Ben je ne peux pas. Je suis bookée jusqu’en février. »
La phrase qui pourra mettre fin à ton calvaire : «On va dîner ? Faut juste que j’appelle ma mère, elle m’a laissé deux messages. Elle a beau être bretonne et baptisée, elle se comporte comme une vraie mère juive».
CELLE QUI NE VOULAIT PAS VENIR
Elle arrive en mode «vénère», refuse d’enlever son manteau. Elle confond discussion et interrogatoire de rétention douanière Quai de Gesvres. Le mariage pour tous, l’adoption par les couples homosexuels, la légalisation de l’euthanasie, la politique d’immigration, l’ordination des femmes rabbins, le statut de Jérusalem : les 5 premières minutes, elle t’a obligé à aborder tous les sujets casse-gueule du moment. Elle ne cherche pas à se caser. Quand tu lui demande pourquoi elle est venue, elle ose te répondre : «mais attends, j’aime les gens, les rencontres, les échanges».
Ton rendez-vous basculera définitivement quand elle te dira : «Ça fait une heure qu’on parle, pendant ce temps-là en France, 9 femmes viennent de se faire violer. C’est dingue !»
La phrase qui pourra mettre fin à ton calvaire : «T’es chiante comme ça en période normale ou c’est juste pour moi ? Sinon, c’est quand la date de tes règles. Ça doit valoir le détour ».
LA «HIPSTER»
Elle te donnera rendez-vous «à la sortie du bureau, à 21H30». Elle est over connectée. Elle a arrêté de fumer pour pouvoir tenir en main et en permanence son iPhone. Pendant que tu te présenteras, elle se géo-localisera sur Foursquare. Elle est chef de projet web, bosse à la télé ou dans la mode. Elle ne te demandera pas ce que tu fais, elle préfère consulter ton profil LinkedIn. En termes de tenue vestimentaire (jeans lézard, boots doré rouge, manteau en mouton retourné), ça te plaira pas trop mais ça te permettra au moins d’économiser une consultation de contrôle chez l’ophtalmo. Elle ne déjeune que chez Schwartz, ça lui rappelle tellement «New Yooooooooork».
Ton rendez-vous basculera définitivement quand elle te dira : «Des vacances en Israël ? Non merci. Oui, je vais à Tel-Aviv tous les étés, mais je ne vois pas le rapport».
La phrase qui pourra mettre fin à ton calvaire : « Géraldine Nakache, non désolé, je ne connais pas ».
The SefWoman
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)
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Article publié le 2 janvier 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Jewpop