Sharon Boutboul Jewpop

Jewpop, du fantasme à la réalité

6 minutes de lecture

La première fois que j’ai proposé un papier au boss, je lui ai impérativement demandé de ne jamais révéler ma véritable identité. Pour une raison évidente et puisque “l’aventure se termine”, je peux l’écrire aujourd’hui : je travaille au sein (no joke) de l’une des principales institutions juives de France, et connais dans les moindre recoins l’ensemble de ce microcosme plus inspiré par la guerre picrocholine que par l’esprit de la Torah (j’imagine les regards suspicieux dans les couloirs, les jours qui vont suivre cette parution…).
 
 

Sharon Boutboul Jewpop

 
Je côtoie tous les apparatchiks de la communauté. Ceux qui s’accrochent à leurs privilèges comme des moules (je sais, c’est pas casher) au mont Sinaï, ceux qui poussent des coudes pour être sur la photo, ceux qui intriguent pour briguer les “responsabilités” et les “honneurs”… et puis les autres. La grande majorité, les purs, ceux qui travaillent dans l’ombre et modestement pour le bien-être de la communauté juive de France.
 
J’occupe un poste que je qualifierai de “360°”, qui me permet d’observer sous tous les angles et toutes les coutures certains agissements, qui vous ont souvent fait marrer ou grincer des dents sur Jewpop.
 
Un jour, le boss m’a envoyé un message : “Sharon, ça commence à bien faire ! Pendant un an, j’ai du répondre à des centaines de lecteurs qui pensaient que j’écrivais les chroniques de SefWoman… Maintenant, certains sont convaincus que c’est moi qui écrit vos papiers… Même des chroniqueurs de Jewpop sont littéralement obsédés par votre identité, persuadés que je suis Sharon Boutboul ! Ça devient vraiment lourd !”
 

Sharon Boutboul Jewpop

 
Dans un premier temps, je fus un peu vexée. En toute objectivité, j’écris dix fois mieux qu’Alain Granat, qui, il faut le savoir, n’est pas drôle, contrairement à moi. Mais comme il est d’une extrême susceptibilité, je n’ai pas soulevé l’argument.
 
J’attendais qu’il me sorte “Là ça va bien, vous allez faire votre outing !” mais il m’a dit : “Écoutez Sharon, ça me saoule mais je vais laisser planer le doute, et si besoin je renforcerai la rumeur en racontant que c’est moi, ça vous permettra de continuer à écrire tranquillement.”
 
Voilà comment j’ai pu, durant toutes ces années, publier en toute quiétude sur Jewpop des articles qui ont choqué et énervé les pudibonds, me moquer des courtisans aux petits pieds et des egos surdimensionnés, vous narrer de ridicules manifestations officielles, vous conter de petits complots internes minables au sein des institutions, vous alerter sur des scandales que les médias juifs traditionnels, soumis au dieu omerta et sous perfusion, glissent sous le tapis. Parce qu’on a, chez nous, depuis trop longtemps la sale habitude de ne pas faire de vagues et de “laver son linge sale en famille”.
 

Sharon Boutboul Jewpop

“Si c’est sourcé, on y va !”

 
Chez Jewpop, j’ai toujours eu carte blanche pour faire de grandes lessives. “Si c’est sourcé, on y va !” m’a toujours dit le boss, ajoutant “Et s’il y a des noms à sortir, c’est moi qui signerai le papier, j’ai les meilleurs avocats de la communauté.”
 
Voilà comment je me suis parfois retrouvée à publier sous son nom, et non l’inverse. Frustrant, mais tellement sécurisant pour ma vie privée et mon emploi. Vu que Jewpop, ça paie pas, mais ça je l’ai déjà dit cent fois.
 
On ne va pas revenir sur la pingrerie du boss, qui n’est pas juif pour rien. Je suis sûre qu’avec ce qu’il s’est gavé pendant 10 ans, il a assuré sa retraite à Deauville, l’enfoiré. Pendant que nous, sa “Team Jewpop”, ou plutôt son cheptel du shtetl, on trimait gratos #Gagneuses #GranatLaSaumure
 
Jewpop va terriblement me manquer, comme à tous ceux qui adorent le site.
 
Je l’ai dit à Alain Granat. Il m’a répondu, avec son ton péremptoire d’ashkénaze : “On adore que Dieu !”. Que répondre face à une telle démonstration de mauvaise foi ?
 
Love & Jewpop forever.
 
Sharon Boutboul
 
© photos : DR

Article publié le 7 janvier 2021. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2021 Jewpop
 

1 Comment

  1. Jewpop se veut un être un semblant du journal Hara-Kiri sauce dafina.
    Mais n’es pas journal bête et méchant qui veut. :o)
    Impossible à lire lorsqu’il y a des mots étrangers dans le texte.
    RIP Jioupop.

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