The King serait-il en fait le « Roi des juifs » du XXè siècle ? Elvis Aaron Presley, icône absolue de la culture pop chrétienne américaine, aurait-il des origines juives ? Il est vrai que sa moue lippue, qui a ému tant de teenagers, est l’un des traits traditionnellement mis en avant par les caricatures antisémites. Plaisanterie mise à part, cette question a priori stupide est le point de départ d’un passionnant documentaire intitulé “Schmelvis : Searching For The King’s Jewish Roots” (« Schmelvis : à la recherche des racines juives du King« ).
Evan Beloff, co-producteur du film, raconte qu’il en eut l’idée en lisant un article du Wall Street Journal paru en 1998, qui révélait les racines juives maternelles d’Elvis (son arrière-arrière grand-mère, Nancy Burdine Tackett, était une juive originaire de Lithuanie, lui transmettant selon la halakha – la loi juive – sa judéité). Elvis, ayant aussi des racines indiennes (d’Amérique) et élevé dans la pratique du catholicisme, était indubitablement conscient de ses lointaines origines juives. Son philosémitisme le mènera à porter sur scène en 1972 un pendentif figurant un « Chai » (symbole de la vie en hébreu) incrusté de diamant, et même une montre kitschissime alternant les flashes d’une étoile de David et d’une croix.
Le film révèle en outre que, adolescent, Elvis passa de nombreux moments avec son voisin de palier, un rabbin orthodoxe qui l’initia au judaïsme, que The King fit graver, à la mort de sa mère en 1959, une étoile de David sur sa tombe et qu’il contribua très généreusement aux œuvres caritatives de la communauté juive de Memphis. Mais Schmelvis est avant tout un documentaire sur l’identité, suivant les traces d’un imitateur canadien du King, Dan Hartal. Un personnage fantasque, juif orthodoxe qui, sous son nom de scène de Schmelvis, se produit dans des maisons de retraite juives et adapte des chansons traditionnelles telles que « Siman Tov, Mazel Tov » à la façon de son idole.
Apprenant les racines juives d’Elvis, il décide de se rendre à Graceland (Memphis), le temple des fans de la star, pour y dire le kaddish (prière juive traditionnelle) sur sa tombe. Ce road-movie suit l’odyssée de Dan Hartal, accompagné d’un rabbin, du Sud profond des États-Unis jusqu’à Israël, où Schmelvis ira planter un arbre à la mémoire du King. Un film que les programmateurs du Festival du cinéma juif de Toronto ont qualifié d’ovni, et que l’on espère bien voir un jour sur les écrans français, en chantonnant « My Blue Suede Jews ».
Alain Granat
Article publié le 9 janvier 2012. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
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Elvis célébré par ses fans israéliens, voir la vidéo :