Big Bad Wolves, thriller-gore impressionnant et à l’humour très noir d’Aharon Keshales et Navot Papushado, avec en tête d’affiche Lior Ashkenazi, dresse un portrait dévastateur de la société israélienne. Après avoir triomphé sur les écrans locaux, le film sort en France le 2 juillet. Dans un entretien exclusif avec notre chroniqueuse Noa Benattar, Navot Papushado parle de son long-métrage et du cinéma israélien sans détours, comme un « jeune loup » prêt à n’en faire qu’une bouchée.
Projeté dans plus de 100 festivals, dont le prestigieux Tribeca, Big Bad Wolwes a été qualifié par Quentin Tarantino de « meilleur film de l’année », tandis que ses droits étaient achetés par Magnolia Pictures, l’un des plus importants distributeurs américains. En Israël, le long-métrage a rempli les salles et raflé les récompenses : c’est la première fois qu’une production locale est restée en tête du classement des meilleurs films pendant plus de 6 semaines, tout en obtenant 11 nominations et 5 prix lors de la cérémonie des Ophir Awards (les Césars israéliens).
D’où vient votre intérêt pour les films d’horreur et les thrillers?
Aharon et moi étions enfants dans les années 80 et nous avons grandi en regardant un cinéma très américain, avec les films de Spielberg, Lucas, Carpenter… Nous aimions beaucoup ces « films popcorn » qui arrivaient à l’époque en
Comment avez vous eu l’idée du scénario de Big Bad Wolves ?
Aharon et moi avons tout le temps des idées et nous nous les racontons. Quand nous étions en voyage au Portugal pour « Rabies », nous avons vu « I Saw The Devil », un film coréen qui nous a sidéré ! En sortant de la salle, nous avons évoqué une ancienne idée que nous avions eu, faire un film qui serait réalisé du point de vue d’un homme suspecté de kidnapping et de meurtre. Le film coréen nous a donné l’idée de rajouter le point de vue d’un flic qui vient se venger de lui, et d’un autre flic qui cherche à faire justice. Nous voulions les faire se rencontrer, comme dans « Le bon, la brute et le truand » de Sergio Leone. Quand nous avons présenté le projet à notre producteur, nous lui avons dit « Qu’est ce qui se passerait si Dirty Harry atterrissait par erreur dans un film coréen écrit par les frères Grimm ? ».
Comment avez vous commencé à travailler ensemble, toi et Aharon?
Aharon était mon prof à la fac. C’était le seul qui me proposait une critique concrète quand j’allais le voir avec mes travaux. Avec le temps, nous sommes devenus amis et il est devenu le seul prof que j’écoutais et qui me motivait. Contrairement aux autres profs, il m’a encouragé à faire mon film de 2ème année, qui a finalement été sélectionné pour être
Comment avez-vous choisi les acteurs de « Big Bad Wolves », Lior Ashkenazi, Tzahi Grad, Rotem Keinan et Dov Glickman ?
En écrivant le scénario, nous savions déjà que nous voulions Tzahi, Dov et Lior, et nous avons écrit les rôles pour eux. Le seul personnage pour lequel nous avions un doute était celui du tueur. Nous avions vu Rotem dans « The Exchange » et nous l’avons rencontré. Il a fait une excellente audition et il s’est imposé comme l’acteur parfait pour le rôle.
Quel est ton personnage préféré ?
C’est très difficile de choisir, car ça change tout le temps, depuis le moment de l’écriture du scénario
Que penses-tu du cinéma israélien ?
Je n’aime pas la direction que le cinéma israélien a choisi de prendre. Aharon dit toujours que les gens sont rentrés à l’université de Tel-Aviv pour devenir Tarantino ou Spielberg, et qu’en sortant ils voulaient être Godard. L’
Mais tous les films israéliens ne sont pas comme ça.
Non, bien sûr. Des films comme « Le cœur a ses raisons » et « Les Voisins de Dieu » parlent de sujets sociaux, mais ils n’ont pas été faits pour des raisons opportunistes, ces sujets intéressaient
Selon toi, comment le cinéma israélien devrait-il fonctionner ?
Le pain quotidien de l’industrie est censé être composé de films comme « Hunting Elephants », des films comme ceux d’Avi Nesher et des films plus complexes, mais qui parlent au public, comme ceux de Cedar. Le cinéma israélien est trop rationaliste, les gens disent souvent « c’est un film dont le message est important » et j’aimerais que ce soit plus hédoniste. Il y a tout un pan du cinéma de genre, comme les films d’action, les thrillers, les comédies… que le monde attend que nous fassions pour en voir notre vision. En Israël, les gens pensent qu’on ne peut pas faire ce genre de films, mais c’est sans aucun fondement. Ces films qui font 5000 entrées sont produits avec des budgets astronomiques (parfois 5 fois plus élevés que celui de notre film), et la plupart ne sont même pas projetés à l’
Y-a-t-il un acteur ou une actrice française avec qui tu aimerais travailler ?
J’aimerai travailler avec Jean Dujardin. Il était génial dans « 99 francs », qui est un film énorme. Il y a aussi Romain Duris, qui m’a épaté dans « Mon cœur de battre s’est arrêté » de Jacques Audiard. Et Mélanie Laurent, qui est excellente !
*Slasher : de l’anglais slasher movie, genre cinématographique, sous-genre du film d’horreur et du film d’exploitation, mettant en scène les meurtres d’un tueur psychopathe, généralement masqué, qui élimine méthodiquement un groupe de jeunes individus, souvent à l’arme blanche, et sa principale opposante est fréquemment une jeune femme (cf. Vendredi 13, Halloween, Freddy, Scream…)
Noa Benattar
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Découvrez la bande-annonce de Big Bad Wolwes
© photos : DR
Article publié le 2 octobre 2013, tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2014 Jewpop
[…] My Interview of Navot Papushado 03/10/2013 · by Noa Benattar · Bookmark the permalink. · J’ai eu le plaisir de travailler sur le film israélien ”Big Bad Wolves” de Navot Papushado et Aharon Keshales (j’ai trouvé la musique du trailer et 2 morceaux à l’intérieur du film :)). J’ai rencontré Navot pour parler du film et du cinéma israélien, l’interview a été publiée en français sur le site de Jewpop. […]