J’ai pris le premier vol Transavia à destination de Tel-Aviv

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Ça y est, pour aller en Israël, le low cost est désormais possible au départ de Paris. Possible, oui. Mais bien improbable.
 

Première étape : l’aéroport d’Orly

 
En gros, Transavia à la période de Pessah, c’est un peu comme Cash casher Naouri à la veille des fêtes : les affiches jaune-fluo te font croire que c’est moins cher qu’ailleurs, alors qu’en vrai c’est exactement pareil et que tu as moins de cornichons dans la boîte. D’où le choix de l’aéroport d’Orly. Pour ceux qui ont l’habitude d’aller en Israël en passant par Roissy, l’aéroport d’Orly le matin est fait pour te rappeler que l’aviation civile a été inventée il y a un bon gros siècle. L’aéroport ouvre à 4 heures du matin pour tout le monde : passagers, personnels au sol, responsables des boutiques. Les agents de l’aéroport sont là pour ne pas te rendre service et l’aéroport est fait pour que tu ne reviennes jamais en France. Petits extraits.
 
Elle : Monsieur, vous ne pouvez pas emporter la poussette de votre bébé après l’enregistrement, il faut la mettre en soute.
Moi : Ça veut dire que je vais porter mon fils jusqu’à l’embarquement ?
Elle : Non, non, on va vous prêter une poussette dès que vous aurez mis la vôtre en soute.
Je pose la poussette sur le tapis pour l’enregistrer.
Elle : Ah, elle pèse 5 kilos, vous avez 5 kilos de bagage en trop, Monsieur. C’est 10 euros le kilo.
Moi : 10 euros le kilo ?! Mais pourquoi c’est aussi cher ?
Elle : Vous n’avez qu’à laisser une partie de vos bagages ici.
 
Moi (en m’adressant au guichet 69) : Bonjour, on m’a dit de venir déposer ma poussette au comptoir 68 mais il n’y a personne.
Elle, les bras croisés : Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ?
Moi : Je ne sais pas, appeler quelqu’un par exemple ?
Elle : Ah bah c’est pas la même compagnie Monsieur. Il faut retourner à votre guichet.
 
Moi : Excusez-moi Monsieur, est-ce qu’il y a une file spéciale pour les femmes enceintes ?
Lui : Bah non, pourquoi ?
Moi : Oui, c’est vrai, c’est con comme question.
 
Moi : Bonjour, est-ce que je peux avoir un café s’il vous plait ?
Elle : Ah non, c’est fermé.
Moi : Ça ouvre à quelle heure ?
Elle : Quand ce sera prêt !
 

Deuxième étape : pourquoi toutes les hôtesses de l’air sont des hommes ?

 
C’est vrai, on peut se l’avouer, tous les hommes qui entrent dans un avion se disent « tiens, est-ce que l’une des hôtesses est mignonne ? ». Chez Transavia, la question ne se pose pas, ce ne sont que des mecs. Et, s’il n’avait pas exercé son métier dans un pays démocratique, le type qui est responsable de la tenue vestimentaire chez Transavia aurait probablement été fusillé le jour où il a inventé ces chemises rayées et ces vestes vert-fluo. Pour résumer, les stewards ressemblent à des croupiers de casino bulgares. Et leur boulot dans l’avion : ne rien donner gratuitement. Mention spéciale, d’ailleurs, pour la publicité des sachets de saucisson Justin Bridou au dos du menu distribué sur le vol Paris-Tel Aviv.
 

Troisième étape : asseyez-vous, il va y avoir des turbulences

 
Franchement, bravo au pilote : l’avion n’a pas bougé une demie-seconde pendant le vol. Par contre, surexcité à l’idée de pouvoir utiliser le micro sans s’arrêter, le chef de cabine n’a pas cessé de demander à tout le monde de s’asseoir, en prévision de zones de turbulences qui ne sont jamais venues. À sa décharge, s’il a déjà travaillé pour une autre compagnie qui assure la même liaison, il a plutôt bien joué : sur Transavia, grâce à sa technique, personne n’organise Minha ou Chaharit en groupe au fond des toilettes pendant le décollage et l’atterrissage.
Petit bémol quand même : je crois que Yasser Arafat n’est pas mort et que c’est lui qui donne des cours d’anglais au personnel de l’avion.
 

Quatrième étape : l’avion se transforme en bar-mitzva

 
On peut se dire la vérité, tout le monde se demandait si on allait recevoir des cadeaux, vu que c’était le tout premier vol de Transavia vers Tel-Aviv. Et là, les stewards ont dégoté l’idée du siècle : organiser une tombola dont le lot sera le remboursement intégral de ton billet d’avion, supplément bagages compris (en gros, si t’es gagnant, tu peux prendre une année sabbatique vu que le billet d’avion, l’excédent bagage, le Justin Bridou et la promo écouteurs + Kinder Bueno t’ont déjà coûté plus qu’une place en business sur El Al). Le chef de cabine était tellement content de son idée que la traduction en anglais a ressemblé à une animation de grand huit à la foire du Trône et que les non-francophones ont décroché pile ici. Entre la distribution des fiches à remplir pour la tombola et le moment où ils sont venus les récupérer, ils ont quand même réussi à nous refourguer des clopes et de l’alcool en duty free.
Puis le moment de gloire de notre steward préféré est arrivé. Il s’est mis à côté du cockpit, bien visible par tous les passagers et il a pioché une fiche au hasard. C’est Madame Bensoussan qui a gagné. Dans un sens, c’est un peu décevant. D’abord parce que tu pensais vraiment que tu avais toutes tes chances, et puis parce que Madame Bensoussan, c’est pas très original comme nom sur un Paris/Tel-Aviv.
Malgré ça, à ce moment précis, l’avion tout entier a applaudi et a chanté « Siiiman tov, oumazal tov ». J’ai cru que des gars allaient porter Madame Bensoussan sur une chaise. Puis le steward a dit qu’on allait traverser une zone de turbulences et tout le monde s’est assis. Après, il s’est entraîné à dire « Mazal tov » correctement dans le micro, aidé par les passagers de la première rangée.
 

Dernière étape : les mères sépharades ont pourri les aéroports du monde entier

 
Notre steward préféré, juste au moment d’arriver (et juste après que le pilote ait fait demi-tour au-dessus de Latrun, allez savoir pourquoi…), a annoncé : « la tradition, quand une nouvelle compagnie procède à son vol inaugural, c’est que les pompiers de l’aéroport arrosent l’avion à son arrivée ». Entre nous, celle-là, il a même pas essayé de la dire en anglais. Mais on a tous bien rigolé.
Sauf que juste après l’atterrissage, deux camions de pompiers israéliens ont vraiment arrosé l’avion. Alors je peux vous le dire : en temps normal, quand on arrive à Tel-Aviv, il y a toujours quelques barges qui applaudissent à l’atterrissage. Mais quand des pompiers vous font ce que votre mère vous faisait quand vous partiez en vacances, alors 200 mecs dans un avion font vraiment la fête comme dans une bar mitzva.
 
Un Israélien à Paris
© photos : DR

Article publié le 13 avril 2014. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2014 Jewpop

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