Il fallait tout le talent de Damien Chazelle, jeune réalisateur franco-américain de l’explosif « Whiplash », pour oser se frotter aux géants de la comédie musicale, de Jacques Demy à Vincente Minnelli en passant par Stanley Donen. « La La Land » est un film tout simplement jubilatoire, impressionnant de bout en bout, porté par le couple de rêve formé par Ryan Gosling et Emma Stone, et par la partition inspirée du compositeur Justin Hurwitz.
S’ouvrant sur un plan-séquence époustouflant qui a nécessité trois mois de répétitions, La La Land s’inscrit dans la plus pure tradition romantique hollywoodienne, à travers l’histoire de Mia, qui rêve de devenir actrice au lieu de servir des cafés dans les studios de Warner Bros., et de Sebastian, pianiste fou de jazz qui veut échapper aux prestations minables qu’il doit assurer, et désire monter son club (ce qui vaudra au spectateur une hilarante scène digne de The Party de Blake Edwards, où Ryan Gosling joue I Ran du groupe A Flock of Seagulls dans un orchestre de reprises pop des années 80, costumes vintage et grotesques inclus).
Foisonnant de références aux classiques de la comédie musicale, des Demoiselles de Rochefort à Chantons sous la pluie en passant par Tous en scène, mais aussi au dessin animé La Belle au bois dormant, La La Land reste pourtant un film intemporel, loin de toute nostalgie gratuite et des clichés habituels de la comédie romantique. Entre les deux personnages, portés par leurs ambitions, s’installe une tension qui rend l’intrigue bien moins prévisible qu’elle ne paraît, permettant d’alterner comédie pure, impressionnantes séquences de poésie visuelle, et numéros chantés et dansés avec naturel par Ryan Gosling et Emma Stone dans la grande tradition du musical.
Une belle surprise aussi au casting, avec le second rôle dans lequel brille la star soul John Legend, en particulier dans une scène de concert emplie de parodie, qui réjouira tous ses fans. Côté chansons, enfin, trois mélodies, futurs classiques, ressortent du lot. « City of Stars », fil conducteur du film, « Another Day of Sun », thème entêtant de la séquence d’introduction, et le superbe et émouvant « Epilogue ». Si les réminiscences de Michel Legrand sont constantes dans la bande originale composée par Justin Hurwitz, le jeune musicien, ami et complice du réalisateur – il avait également travaillé avec Damien Chazelle sur Whiplash – mérite amplement de rentrer dans la cour des (si rares) grands compositeurs de musique de film.
On ne dévoilera évidemment pas le sublime épilogue qui conclue avec intelligence La La Land. Il y a de très fortes chances que, pour paraphraser Woody Allen, tout le monde dise I love you à Damien Chazelle pour nous avoir offert deux heures d’un tel bonheur.
Alain Granat
PS : Quid de Jewpop dans La La Land ? Certes, Ryan Gosling n’y a rien du néo-nazi juif qu’il incarnait dans The Believer, mais Justin Hurwitz est ashkénaze. Et notons, pour l’anecdote, que les parents de Damien Chazelle, déçus par les cours d’instruction religieuse dispensés à leur fils à l’église le dimanche, l’inscrirent à ceux prodigués par une synagogue libérale, où pendant 4 ans, il apprit l’hébreu et le Talmud. That’s All Folks !
PS2 : Si vous êtes parisiens, allez voir La La Land au Max Linder, grand spectacle garanti !
La bande-annonce de La La Land
© photos : DR
Article publié le 23 janvier 2017. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2017 Jewpop
[…] http://jewpop.com/la-la-land-nouvelle-terre-promise-de-la-comedie-musicale/ […]