"Let My People Go !", une comédie jewbilatoire

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Ruben est juif et gay. Mikael Buch, réalisateur du film Let my people go ! n’a pas ajouté « noir et borgne » aux attributs de son héros, selon la célèbre vanne de Sammy Davis Jr, mais en cas d’adaptation aux USA de sa comédie explosive, toutes les options sont possibles.
 
L’histoire commence en Finlande, par un plan qui rappelle celui du mythique film de Douglas Sirk Tout ce que le ciel permet. En lieu et place de la biche apparaissant devant les fenêtres de Rock Hudson, c’est un élan broutant paisiblement au bord d’un lac, sur fond de couleurs chromos à la Pierre & Gilles, qui ouvre le bal. Le ton du film est donné d’entrée, entre références de cinéphile au goût très sûr (Sirk, Almodovar, Kaurismaki, Woody Allen et les maîtres de l’âge d’or de la comédie américaine, de Billy Wilder à George Cukor, en passant par les délires burlesques de Blake Edwards) et esthétique de comédie musicale inspirée de Jacques Demy.
 

 
Ruben est lové dans les bras de son amant finnois Teemu (t’es mou ?), blond comme les blés. C’est justement une histoire de blé qui va provoquer le retour précipité en France de Ruben avec une valise remplie d’euros. Artifice de comédie qui va faire exploser notre héros et le replonger malgré lui dans les affres de sa famille juive. Une famille exemplaire, portée par un casting royal : l’icône espagnole Carmen Maura, géniale en mère juive étouffante mais pas trop, Jean-François Stévenin impeccable en père ashkénaze mi-tendre mi-looser, Amira Casar parfaite en soeur névrosée et Clément Sibony en grand-frère grande gueule. Plus juif que sa tumeur.
 

 
Le rythme de la comédie s’emballe alors autour de la grande révélation du film, Nicolas Maury, énorme découverte de Let My People Go !. Avec sa gestuelle incroyable mixant Buster Keaton, Pierre Etaix et Peter Sellers, et sa diction ahurissante,  l’autodérision gay est portée à son comble. Ajoutez-y des seconds rôles totalement réjouissants (Jean-Luc Bideau grandiose en avocat ashkénaze hystérique faisant son coming-out, Didier Flamand hilarant en roi de l’aérosol de nettoyage, Charlie Dupont en gendre goy débile…), secouez le tout avec des gags terribles et des dialogues ciselés (Christophe Honoré est co-auteur du scénario) et vous obtenez la comédie la plus gaie, la plus jew et la plus pop de cette fin d’année !
 
Lara Granat
 
La bande-annonce de Let My People Go !
 

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