C’est sans doute une première dans l’histoire de l’institution, on connaît depuis quelques heures le nom du futur président du Crif avant l’élection qui doit se tenir le 29 mai prochain. Francis Kalifat, son actuel vice-président, est comme le rapporte le site de l’hebdomadaire Actu J, le seul à s’être porté candidat alors que la date limite pour le dépôt des candidatures était fixée au 16 février.
Signe de la déliquescence de l’institution, le défaut de candidatures à cette élection est à la fois la démonstration parfaite de la non-représentativité du Crif, dont la parole sera désormais assimilée à celle d’une république bananière, et la marque du désintérêt porté à sa fonction de président.
Si certains se réjouiront à juste titre de voir un juif séfarade, natif d’Oran, accéder enfin au poste trusté depuis des décennies par l’élite ashkénaze (le premier président du Crif d’origine sépharade fut Vidal Modiano, né à Salonique, président du Crif de 1950 à 1969), on aurait surtout aimé voir se profiler un débat d’idées au sein du Crif à l’occasion de cette élection, et pas uniquement sur le choix du menu du dîner. À l’heure où l’on parle de « désarroi des juifs français », l’absence de vision et l’absence de candidats – en particulier de jeunes leaders – pour porter une parole intelligible sur les questions qui concernent la communauté juive française est symbolique. « Je ne veux voir qu’une tête ».
Alain Granat
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Article publié le 17 février 2016. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2016 Jewpop