Yom Kippour, le jour du Grand Pardon pour les Juifs, l’idole des jeûnes. Voilà pour les grandes lignes. Nous vous proposons une plongée plus en détail sur les 25 heures que dure cet événement, avec un classement en on aime/on n’aime pas. Bienvenue dans les coulisses de Yom Kippour, entre les murs des lamentations.
On aime
• Manger sept aliments différents et boire comme une gourde avant que ne commence le jeûne, en prenant soin de déguster les aliments que l’on aime pour éviter que lesdits aliments deviennent des obsessions pendant le jeûne.
• Le rideau qui sépare les hommes des femmes dans la synagogue, une fois que l’une de ses épaisseurs a été maintenue relevée grâce à des élastiques de cheveux de filles, pour mieux voir la cérémonie qui a lieu du côté garçons. La beauté de l’intelligence féminine.
• Les chants aux airs revigorants que l’on entonne ensemble sans honte comme des défouloirs : « Mi el kamokha », « hou haélohim », « hatanou lefanekha », ou encore « assé léma’an ».
• Les prières que l’on complète en douce : « Annule les mauvais desseins dirigés contre moi et anéantis-les, oui parce que j’ai un loyer à payer », « Annonce-nous de bonnes nouvelles, je demande pas l’Euromillions, mais des petits trucs sympas, ça ira », « Défends notre cause, parce que moi toute seule je suis pas sûre de savoir comment vendre mon idée au boss », « Venge-toi sur ceux qui nous font du mal, genre sur l’autre conne qui sort avec le garçon qui me plaît.»
• Le défilé de chaussures en toiles, Croc, et baskets, même si elles sont mal assorties avec les costumes des hommes et robes et jupes des femmes.
• Les people que l’on croit reconnaître dans la synagogue.
On n’aime pas
• L’haleine de poney et l’absence de maquillage. Pile le jour où tous les Juifs du marché sont réunis, à portée d’yeux, pendant 25 heures, on est physiquement dans le degré zéro de la séduction.
• Le rideau qui sépare les hommes des femmes, doublé, de manière à ce que l’on ne voit strictement rien du cérémonial, comme si c’était un truc réservé aux hommes, pendant que nous, femmes, sommes priées de faire marcher notre imagination ou de baîller aux corbeilles (c’est comme bâiller aux corneilles, mais en pensant aux gâteaux en forme de corbeilles farcis aux amandes pilées miam miam miam).
• Quand l’officiant fait des vibes perso qui l’éclatent, que nous, pauvres ouailles n’arrivons pas à suivre. Joue collectif, mec, on a envie de lui dire.
• Quand l’officiant fait des prières qui ne sont pas dans notre livre. Et vas-y que tu tournes les pages et que tu cherches en vain.
• Les maux de têtes. Doliprane commence par la même lettre que D’ieu. Coïncidence ? Je ne pense pas.
• Le buffet à l’extérieur de la synagogue, quand le jeûne est fini, transformé en un champ ravagé par une nuée de sauterelles, juste le temps que tu fermes ton manteau. Bénis soient les gâteaux de Maman que tu avais dans ton sac et que tu manges sur le chemin du retour.
Yom Kippour, jour redoutable, parce qu’on est nu comme l’homme de La Redoute. Yom Kippour, jour de Tichri sans tricherie. Yom Kippour, jour dont on sort la tête dans le culte, mais en se sentant plus humble et plus fort. Enfin, plus miel qu’Amora.
Ingrid Zerbib
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© visuel : extrait de «Comment savoir si vous êtes juif», de Alain Granat et Jonathan Demayo (J’ai Lu, 2015)
Article publié le 28 septembre 2015. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Jewpop