Old Man River, l'interview exclusive

12 minutes de lecture

 
Ohad Rein est né en Australie, a grandi en Israël et a commencé à se balader dans le monde après son service militaire. C’est pendant ces années passées à l’étranger qu’il a conçu le projet musical « Old Man River ». Le son du groupe exprime l’éclectisme des endroits qu’Ohad a visités (Etats-Unis, Inde, Europe), combinant rock, folk, musique psychédélique et world music. 

Good Morning est le nom du premier album d’Old Man River, paru chez Sony en 2007. Le succès du disque a été tel que la tournée suivant sa sortie a duré 2 ans. A cette occasion, le groupe s’est produit lors de concerts en l’honneur du Dalaï Lama et en sa présence. Pour son deuxième album, Trust, sorti chez Emi, Ohad s’est associé au célèbre producteur Tony Hoffer (qui a travaillé entre autres avec Air, Beck et Phoenix). Ohad est revenu en Israël il y a un an, et nous l’avons rencontré pour parler de musique, des différences entre la vie en Israël et en Australie, et de l’influence de la naissance de sa fille sur sa carrière. 

 
 

 
Qu’est-ce qu' »Old Man River » ? 
Old Man River est un projet musical solo (Ohad écrit les textes et compose la musique, NDLR), mais comme j’ai toujours vécu entre plusieurs pays, je joue dans chacun avec des gens différents. Parfois,  je donne des concerts seul, des fois je suis avec un pianiste ou un violoniste, et sinon, on peut être 3, 4 ou même 7 personnes sur scène. Ça dépend du concert et de l’humeur.
 
Pourquoi as tu choisi ce nom là ? 
Je pense que tu es beaucoup plus libre quand tu n’utilises pas ton vrai nom, mais un pseudo. De cette façon, tu sépares ta personne de ton identité musicale, tu rentres dans un personnage et cela t’offre une liberté créative. Et si les choses ne se passent pas comme tu veux, tu ne le prends pas personnellement parce que ça ne t’arrive pas à toi, ça arrive à Old Man River (rires).
J’ai toujours aimé le symbole des rivières. Old Man River est l’un des surnoms du fleuve Mississippi, et bien sûr le titre de la célèbre chanson éponyme. Elle parle de la souffrance des esclaves dans les états sudistes. Dans la chanson, les esclaves regardent le fleuve qui est à côté d’eux et qui continue à couler. J’ai choisi ce nom car il représente bien mon approche et ma musique, une musique qui est difficile à définir, qui est ouverte sur la vie, qui coule d’un endroit à un autre.
 
Comment définirais-tu le style musical de Old Man River ? 
J’ai beaucoup de mal à répondre à cette question parce qu’on trouve dans ma musique beaucoup de genres différents… Dans le même album, tu auras des chansons qui sonnent complètement rock, d’autres qui ressemblent à de la musique indienne, tu auras aussi un titre qui sera plus folk, un autre qui sera psychédélique… La musique que je fais ressemble à la musique que j’aime écouter,  celle d’artistes dont les styles sont variés. Si tu prends l’exemple des Beatles, tu retrouves cet éclectisme dans le White album, et ce qui relie le tout est l’énergie, l’intention derrière les chansons. J’espère que dans ma musique, il y a aussi une énergie positive qui relie le tout.
 

 
En tant que musicien indépendant, qui a vécu en Australie et en Israël, comment définirais-tu les principales différences entre les 2 pays ?  
Il y a beaucoup de ressemblances entre les deux ! L’Australie a beau être un grand continent, cela reste un petit pays à beaucoup de niveaux, avec de petites industries. Tout comme en Israël, la scène musicale est minuscule et on se connaît tous. Au niveau financier, les musiciens reçoivent plus d’aides là-bas. Il y a une station de radio qui ne diffuse que la musique alternative et indie, et elle soutient les artistes de manière importante. En Australie, je pouvais vivre de ma musique alors qu’en Israël, ça me paraît très difficile. Ton public est aussi beaucoup plus restreint quand tu chantes en anglais en Israël. Ça n’est pas ressenti à Tel-Aviv, mais dès que tu sors de la ville, tu le constate.
Cela étant, je trouve la scène musicale israélienne très vivante et beaucoup plus diversifiée. Il y a énormément de choses très originales, si on tient compte de la taille du pays, c’est dingue ! Les gens ici osent beaucoup plus qu’en Australie, sûrement à cause du « culot israélien ». Ce que font les groupes en Australie se ressemble beaucoup, et c’est aussi lié au fait que la plupart des gens y sont heureux et ont vie tranquille. J’ai débarqué là-bas après Israël et les Etats-Unis, et c’était parfait pour moi, tout d’un coup, j’étais dans un endroit avec beaucoup d’espace pour créer, et j’ai pu exprimer toute la folie que j’avais en tête !
 

 
Tu es devenu papa il y a quelques années, comment cela a-t-il influencé ta carrière de chanteur ?
On a découvert que ma femme était enceinte pendant la dernière semaine de la tournée mondiale d’ Old Man River, qui a duré 2 ans à la suite du succès de mon premier album. C’était une très belle nouvelle et c’était aussi très symbolique. Il s’agissait d’un gros changement pour moi, je devais à la fois travailler sur mon deuxième album et réaliser que j’allais être père. Le devenir a changé beaucoup de choses : aujourd’hui j’aime beaucoup plus être à la maison, et c’est dur pour moi d’être éloigné de ma famille. Avant, je voulais faire de longues tournées aux US, aujourd’hui je suis incapable d’y penser ! A part ça, élever un enfant exige de faire preuve de beaucoup de discipline, il y a l’heure de la crèche, l’heure du déjeuner… Si ma fille fait la sieste pendant 2 heures, c’est le moment d’écrire une chanson, sinon je n’aurai pas le temps de le faire ! Mon emploi du temps dépend complètement du sien, alors qu’avant, je n’avais jamais eu de planning. Maintenant j’ai des horaires, et il y a du bon là-dedans.
 
Comment écris-tu tes chansons ?  
J’écris de manière très intuitive. Pour toutes mes chansons, j’ai capté une mélodie, parfois un mot ou deux. C’est un peu comme quand tu cherches une station sur ta radio, la majeure partie du temps tu ne captes rien, et tout d’un coup tu entends une chanson ! Cette mélodie est comme un rêve, je l’oublie si je ne l’enregistre pas immédiatement ! Aujourd’hui, avec les smartphones, c’est facile, mais avant, je m’appelais pour me laisser un message au téléphone ! Ça m’est arrivé plein de fois de marcher en chantant au téléphone à côté de gens dans la rue (rires).
Donc j’enregistre, et après un certain temps, j’y reviens pour développer le morceau, trouver les accords et les paroles. Il y a des chansons qui naissent en 5 minutes, et ce sont généralement les plus populaires (la chanson « La » en fait partie). Mais il y a aussi des chansons sur lesquelles je bosse pendant 3 ans avant de les finir.
 

 
Avec quel artiste rêverais-tu de collaborer ? 
J’adorerais travailler avec Nigel Godrich, le producteur de Radiohead. Tout ce qu’il touche se transforme en or.
 
T’es tu déjà produit en France? As-tu un public français ? 
Non pas encore, mais j’adorerais ! J’imagine le public français comme un public qui écoute, qui apprécie la culture et les choses originales.
 
Old Man River sera en concert jeudi 23 Mai au Container à Tel-Aviv (port de Yafo, 21h30, entrée gratuite).
La page Facebook de Old Man River
 
Noa Benattar
 
Noa Benattar est Music Supervisor en Israël, et l’auteur du blog franco-hébreu La chanson de la semaine.
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