Le Théâtre du Lieu est une salle assez unique située rue de Trévise à Paris, à proximité des Grands Boulevards. Un endroit idéal pour de jeunes talents humoristes et pour le public, qui se retrouve en toute intimité avec les comédiens dans ce « théâtre de poche ». C’est là que j’ai découvert Annabelle, pétulante comédienne qui s’y produit tous les vendredis et samedis soirs.
Déboulant sur scène dans une improbable robe de cuir noir mini à franges, parfaite pour une soirée aux Chandelles, Annabelle, sous son avatar de « Comic Woman », entraîne le public dans une avalanche de rires avec un sens de la punchline qui fait mouche. Et une galerie de personnages souvent délirants, comme la gynécologue voilée qu’elle incarne à la perfection, ou encore une coach de self-défense « sévèrement burnée », aux méthodes très spéciales.
Les « questions qui tuent », celles auxquelles nous sommes toutes confrontées (« T’as trouvé du boulot ? », « T’as trouvé un mec ? », « À quand le mariage ? », « Et le bébé, c’est pour bientôt ? », « Chérie, on fait quoi ce week end ? »), constituent le fil conducteur du spectacle. Annabelle analyse avec malice et un vrai sens du burlesque la pression sociale qui nous entoure, plonge dans l’humour noir aussi, au cours d’une séquence grinçante où la comédienne incarne une « sans amis » qui fête « virtuellement » son anniversaire, et avec tendresse, nous rejoue « Y-a-t’il une grand-mère juive dans l’avion ? ».
Avec une impressionnante capacité à se métamorphoser d’un personnage à l’autre, Annabelle fait penser à un Jim Carrey au féminin. Un talent indéniable, qui devrait sans nul doute conquérir bientôt des scènes à la hauteur de ses super-pouvoirs de « Comic Woman ».
Sharon Boutboul
Après le spectacle, j’ai soumis Annabelle à l’interview Jewpop !
Sharon : Bonjour Annabelle. Ton nom de famille, Nakache, c’est constantinois ? Tu connais Enrico ? Tu es parente avec les frères Nacash ? Tu pourrais m’avoir le number d’Ophélie Winter ? Dieu t’a donné la foi ? Je sais, 5 questions pour débuter, ça fait beaucoup…
Annabelle : J’utilise souvent mon pseudo Annabelle Show pour éviter qu’on me pose ces superbes questions qui tuent. Mais comme je suis démasquée et sympa, je vais répondre aux 5 questions sans négocier !
1/ Le nom de mon père : Nakache est effectivement constantinois.
2/ Je connais pas Enrico, c’est lui qui me connaît.
3/ Les « frères Nakache », ça dépend desquels on parle. Si tu parles de mon père et de ses frères, alors oui je suis parente avec eux, j’ « imagine ».
4/ Pour Ophélie Winter, ça fait un moment qu’elle a plus de réseau, désolée.
5/ Et pour Dieu, notre business est confidentiel, laissons-le en dehors de tout ça, il a déjà bien assez à gérer ailleurs…
Pour la grande histoire : le cousin de mon grand-père paternel était Alfred Nakache, champion de France de natation, connu comme le « nageur d’Auschwitz », déporté pendant la seconde guerre mondiale et qui a réussi à se refaire une place sur les podiums à son retour des camps. Finalement, on en est réduit au nom de famille paternel… C’est marrant, comme tu connais pas le nom de famille de ma mère, tu ne me demandes pas si je peux t’avoir le 06 de Woody Allen, de Barbra Streisand ou de Steven Spielberg… Dommage.
Sharon : Avec un père sef et une mère ashké, tu as tiré le combo gagnant ! Tu t’en es sortie comment côté névroses ?
Annabelle : Tu rigoles, j’ai de la chance, je suis métisse, la classe : un couscous aux harengs marinés ! Pour soigner mes névroses… ben je suis devenue humoriste. D’ailleurs, vous pouvez me retrouver tous les vendredis et samedis à 20h au Théâtre le Lieu, 41 rue de Trévise.
Sharon : Dans la vie, les humoristes sont souvent sinistres. Et toi ?
Annabelle : Telle que tu me vois, je suis sous cocktail Lexomil, Coke zéro, chocolat praliné et humour juif en intraveineuse, donc tout va très bien dans le meilleur des mondes possibles. Comme disait mon grand père maternel « Tant que c’est pas bien noir, ça peut pas s’éclaircir », c’est une expression yiddish. Alors je suis son conseil, quand c’est trop sombre, j’allume la lumière, et ça va mieux.
Sharon : Tu es plutôt bonnet C, D ou bonnet M ? (moi aussi je fais des vannes, mais moins drôles que les tiennes…).
Annabelle : Les 3, ça dépend comment taillent les fabricants. C’est jamais fiable de ce côté-là. D’ailleurs danser du Bonnet M dans du Bonnet C ou D, c’est le pied ! Si jamais je cherche un coauteur de vannes, je penserai à toi… pour quelqu’un d’autre 😉
Sharon : Si Jewpop te propose de poser pour sa rubrique « charme », tu réponds « ça va pas la tête bande d’obsédés ! » ou « combien vous payez la séance photo ? » ?
Annabelle : Je réponds « ça va pas la tête, combien vous payez la séance photo, bande d’obsédés ?! »
Sharon : Ton idéal masculin est plutôt ashké, plutôt sef, plutôt 50/50, ou plutôt on s’en fout ?
Annabelle : Étant moi-même un mix de cultures, je suis assez ouverte d’esprit. Je dirais donc « On s’en fout », mais il a intérêt à aimer ma culture yiddish, à comprendre l’humour juif d’Europe de l’Est et à manger les kneidlers de ma mère ou de ma grand-mère.
Sharon : Et sinon, t’as trouvé un mec ?
Annabelle : Tu veux me présenter ton frère c’est ça, avoue Sharon ? Par contre, m’appeler Annabelle Boutboul, je sais pas si ça va être possible, ça mérite réflexion… Les mecs, j’en trouve pas qu’un mais plein dans mon public 😉 Tu me cherches, tu me trouves…C’est facile, je suis tous les vendredis et samedis à 20h au Théâtre Le Lieu, 41 rue de Trévise. On se retrouve là bas ? A bientôt !
Voir le teaser de « Comic Woman »
Réservations sur le site BilletRéduc
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© photos : Cedric Lariviere
Article publié le 4 mars 2016, tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2016 Jewpop