Le prix du meilleur couscous du monde a été décerné à trois chefs tunisiens lors de la 21ème édition de la “Couscous Fest 2018”. Cet événement réunissant des artistes du couscous venus du monde entier s’est déroulé la semaine dernière à San Vito Lo Capo au nord de la Sicile, avec pour slogan « Faites du couscous, pas la guerre ! ». On approuve et on savoure.
Le couscous revisité par la Team Tunisie qui a remporté le prix Couscous Fest 2018 (NDLR : oui, ce sont bien des crevettes !)
La Team Tunisie
La Tunisie a déjà remporté 5 fois ce prix, une évidence pour le chef Wafik Belaid qui a coaché la « Team Tunisie » cette année, comme il l’explique au HuffPost Tunisie : “C’est la diversité du plat ! On a toutes les variétés de couscous : avec une sauce rouge, le couscous aux fruits secs, au poisson, à l’agneau, avec du poulet, des légumes…”, ajoutant que si le couscous marocain est le plus célèbre à l’échelle internationale, il n’y voit pas un signe de meilleur goût : “Ils ont su vendre leur couscous dès qu’ils se sont installés en Europe, lui conférant ainsi une renommée, ce n’est pas le cas des Tunisiens”.
Jacqueline Bismuth, auteure de « Tunisie Gourmande »
Jacqueline Bismuth, Tunisienne gourmande
Un avis partagé par Jacqueline Bismuth, une juive tunisienne auteure du livre de cuisine Tunisie gourmande, qui déclare au HuffPost Tunisie : “Sans chauvinisme, notre couscous est le meilleur, il y a tellement de diversité dans ce plat : il n’y a pas un couscous mais des couscous, dans chaque coin de rue, dans chaque famille. Plus généralement, notre cuisine avec celle de l’Italie sont les plus variées”, ajoutant que “Contrairement aux Marocains, on n’a pas la fierté de notre gastronomie”.
Jacqueline Bismuth se désole par ailleurs de l’invasion de la cuisine étrangère dans les fast-food : “On ne trouve que de la chwarma, du libanais et pas de mets tunisiens hormis le Kaftaji », déplorant également la disparition de la cuisine juive tunisienne : “C’est un patrimoine en danger, qui se perd avec la baisse du nombre des juifs en Tunisie”.
Champions du monde !
Les trois chefs cuisiniers, porte-drapeaux de la Tunisie en Italie, Nabil Baccous, chef cuisinier au Restaurant Joia Milano, Youssef Abdelli, chef de la cuisine à l’Hôtel Concorde Berges du Lac et Lamjed Hosni, traiteur en freelance, ont uni leurs talents pour l’emporter. Leurs rivaux, des chefs Italiens, Angolais, Ivoiriens, Français, Marocains, Sénégalais, Israéliens, Palestiniens et Américains, n’ont pas résisté face à la créativité de ces nouveaux champions du monde du couscous !
Le jury technique qui a décerné le 1er prix 2018 à la Team Tunisia motive sa décision, «séduit par l’originalité avec laquelle les chefs tunisiens ont interprété ce plat millénaire qu’est le couscous», évoquant aussi ‘’l’habilité technique dans la manière de mixer des ingrédients et des préparations si nombreuses qui auraient pu créer une confusion dans le palais du dégustateur’’, soulignant combien le plat final s’est caractérisé par ‘’un charme et une harmonie surprenants et excellents’’ au niveau de la présentation et de la saveur. Notons également que le chef israélien Moshe Basson, aux fourneaux de L’Eucalyptus à Jérusalem, est arrivé à la seconde place, tandis que le prix du jury populaire (composé de visiteurs anonymes du Couscous Fest) a été décerné cette année au Sénégal, qui affrontait l’Angola (prix du jury technique en 2017) et l’Italie.
Enfin, nous tomberons d’accord pour dire que le meilleur couscous, qu’il soit algérien, tunisien ou marocain, reste celui de notre mère ou de notre grand-mère, mais qu’importe… Bravo à ces top chefs tunisiens, qui sont très loin de la ligne « Madame Figaro » #laister !
Sharon Boutboul
© photos : DR
Article publié le 3 octobre 2018. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2018 Jewpop