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NKM vs Anne Hidalgo

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À quelques semaines d’écart, Nathalie Kosiuscko-Morizet et Anne Hidalgo, toutes deux candidates à la Mairie de Paris en mars 2014, se sont rendues en Israël. Vous avez remarqué ? Les mêmes qui nous expliquent, d’actes antisémites en actes antisémites, qu’il ne faut pas «laisser la violence au Proche-Orient s’importer en France», ne se gênent pas pour se rendre en Israël pour draguer… Les électeurs juifs de France.
 
Nathalie, Anne, c’est idiot d’aller si loin. Car les électeurs juifs parisiens veulent un truc hyper simple : des places de stationnement gratuites et illimitées devant Charles Traiteur et Naouri le vendredi pour pouvoir faire leurs courses. La dernière fois que mon frère s’est pris un PV et un avis d’enlèvement en attendant ma mère qui était chez Berbèche, ça a fini en bataille de rue. Pendant toute une semaine, avec un sens de la mesure bien à lui, il a hurlé sa haine des «flics collabos» et dénoncé «une rafle en bonne et due forme».
Eric : C’est des antisémites je te dis !
Moi : Mais Eric, tu étais en triple file.
Eric : C’est une voisine du dessus qui nous a dénoncés. Comme en 40.
Moi : Tu bloquais la circulation…
Eric : Y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Je suis traumatisé !
Moi : Et ta voiture à la fourrière, c’est un bien spolié, c’est ça ? Écris un témoignage. On appelle Klarsfeld pour avoir sa préface.
 
Faute de pouvoir promettre l’impossible, dans chaque camp, les soutiens s’activent pour prouver que «leur candidate» est la plus philosémite. Et qu’on va au dîner du Crif, et qu’on rappelle qu’on a accroché le portrait de Guilad Shalit… Des tentatives touchantes, mais pas vraiment convaincantes. Il faut dire que ce qui manque c’est du Storytelling.
 

En fait c’est simple, NKM / Anne Hidalgo, c’est le grand retour de la bonne vieille guéguerre ashkénaze/séfarade

 

Consistoire Hidalgo Jewpop

 
Regardez bien Anne Hidalgo avec ses cheveux bien noirs et son accent chantant. Vous avez certainement croisé son clone dans la communauté. On dirait une déléguée nationale de la Coopération féminine. On sent la militante qui a démarré en bas de l’échelle. Elle a commencé par préparer la séouda du samedi midi à la synagogue. Féministe, elle s’est battue pied-à-pied pour grimper tous les échelons. On la retrouve dans les rangs des militants de la campagne de la Tsédaka. Dans les coulisses du gala, elle est cap’ de serrer les joues de Cyril Hanouna en hurlant : « Il est darka celui-là ! C’est un meilleur parrain que Stéphane Freiss, y a pas photo !». Elle passe toutes ses vacances en Israël. D’ailleurs, sa fille y habite avec mari et enfants. À chaque fois qu’elle voit un drapeau d’Israël, elle se lève et entonne la Hativka. Elle boycotte Vanessa Paradis depuis qu’elle s’est dégonflée avant son concert en Israël. Elle dit, «Jenifer, c’est pareil, et on la voit plus à la télé».
 
Dans la cage d’escalier de son immeuble, Julien a déclaré sa flamme à Irina, la fille de la concierge. Son «J-U-I» («J» pour Julien, «U» pour unis pour la vie, «I» pour Irina) s’est transformé en début d’insulte antisémite détestable, qui s’est soldée par une main courante et sa photo dans l’édition locale du Parisien. Quand elle a appris que le Nutella était sorti de la liste des produits casher Beth Din, elle a pleuré. En fin de journée pendant les ventes de vêtements au profit de Ohr Hanna, dans un grand hangar gelé de la région parisienne, même après 10 heures debout, elle a encore la pêche et passe de stands en stands en hurlant «Vous êtes fatigués ?» en espérant qu’on lui réponde «On est pas fatigués». Au lieu de ça, elle s’entend répondre «Simone, tu prends de la coke ? Depuis quand c’est casher ?».
 

NKM Jewpop

 

Ce teint diaphane, ces longs cheveux auburn, cette ligne impeccable de cheval de course au pedigree sans pareil

 
Tournez-vous maintenant vers Nathalie Kosciusko-Morizet. Ce teint diaphane, ces longs cheveux auburn, cette ligne impeccable de cheval de course au pedigree sans pareil. On dit NKM, ça va plus vite. Mais oui, comme dans ces bonnes vieilles fratries ashkénazes aux noms imprononçables. C’est ainsi que les Werthenschlag tolèrent qu’on les surnomme dans l’intimité les Werth. Pareil pour les Birenbaum, Schlumberger ou Rozenblum. Elle a écumé toutes les commémorations du souvenir de la Shoah. Elle a sauté sur les genoux de Beate Klarsfeld. Les mauvaises langues disent qu’elle aurait fait pareil et dans des circonstances moins flatteuses sur ceux d’Arno Klarsfeld. On peut la croiser dans des conférences du Cercle Bernard Lazare ou lors de soirées au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme. On retrouve son nom  au fronton des grandes institutions. Besoin de boucler le financement d’un foyer juif pour handicapés ? Elle et son chéquier répondent présents, même si ce n’est pas sûr qu’elle assiste à l’inauguration.
 
Faut dire qu’elle a beaucoup de boulot. Ses rares moments de temps libre, elle les consacre à aller voir ses deux enfants expatriés à New-York. Elle ne ratera pour rien au mode un office de vendredi soir à Copernic, pour retrouver l’ambiance de son enfance. Elle trouve scandaleux que Goldenberg ait fermé. Quand on lui propose un resto casher, elle répond «Oh non, j’ai déjà mangé des sushis hier soir. Allons chez Ladurée. C’est à deux pas». Quand le Grand Rabbin Bernheim a été mis en congé, elle a pleuré. Cooptée par son papa dans une association, elle trace son sillon au Crif. Bardée de diplômes, elle adore boire du thé en écoutant Rachmaninov dans son séjour beige, reconstitution parfaite d’une pub Roche-Bobois.
 
Voilà, maintenant tu sais pour qui tu peux voter ou pas…
 
The SefWoman
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)
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© photos : DR / Jewpop

Article publié le 17 décembre 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2020 Jewpop
Les photos illustrant cette chronique ont été prises lors des voeux 2013 du Consistoire de Paris.
 
 

 

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