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Le Top 3 des drag queens juives

11 minutes de lecture

 

La matsa te sors par les pores de la peau et tu as renversé 2 de tes 4 coupes de vin sur ta Haggada1 ? Ta seule délivrance est de savoir que vendredi matin tu pourras dévorer le dernier épisode du meilleur show qui puisse exister ? Bienvenue dans la vie de Catherine Pine O’Noir !

Alors oui, je te vois venir, toi le vrai fan, le PD qui transpire la paillette, la queen refoulée de province, la connasse hétéro qui croit tout savoir parce qu’une fois elle a payé 90€ pour un meet&greet2 avec Bianca del Rio à Londres. Oui, tu as raison : les drag queens, ce n’est pas juste Rupaul Drag Race. 

 

Pourquoi un Top 3 me demanderas-tu ? Pourquoi pas te répondrais-je. Tu noteras que cette réplique peut s’employer dans bien des situations et qu’elle a balayé un certain nombre de dramas inutiles dans la vie. Je me suis dit qu’il était temps de renverser la vapeur. À moi les titres gras façon buzzfeed qui interpellent le penaud et ce dans le seul espoir d’atteindre les 100 000 followers sur Twitter. Malgré tout, et bien que j’ai eu du mal à choisir laquelle de ces créatures était ma préférée, il a fallu ordonner ces reines du mascara afin de justifier ce Top 3. Vous l’aurez compris, il n’y dans ce top que des flops et pas de classement. Cependant, et afin de peaufiner ma street-cred, les spécialistes noterons que les filles ont été classées par ordre d’apparition dans le show : de la plus récente à la plus ancienne. Quel show t’entends-je hurler dans le fond ? Si tu ne connais pas encore l’émission RuPaul Drag Race3, je crois qu’il est grand temps pour nous de nous dire adieu, ou sashay away comme on dit.

 

Miz Cracker

 

 

Concurrente de taille de la dixième saison qui a débuté en mars 2018, Miz Cracker s’appelait originellement Brianna Cracker. Attention à lire ici Brie on a Cracker (du fromage sur un biscuit salé pour les LV1 sibérien)4. Sa drag mom5, Bob the Drag queen, est par ailleurs la gagnante de la saison 8. La pression, elle connait. Armée d’un humour à toute épreuve et d’un sacré grain de folie, Cracker présente chaque semaine Review with a Jew. Dans son show YouTube, la new-yorkaise dissèque l’épisode de la semaine de RPDR des saisons précédentes. À coup de montages de mauvaise qualité et d’incrustations cinématographiques douteuses, elle sait se moquer de ses sœurs, sans amertume. Si vous la croisez au détour d’un restaurant, pensez à lui annoncer « qu’il est l’heure de dîner » – sa réplique « Okay Kathlyn, time for dinner ! » hurlée à chaque fois qu’elle cuisine est désormais célèbre.

 

Detox

 

 

Comment décrire Detox en 3 lignes ? Detox, c’est beaucoup de botox, un sens aiguisé de la mode et un humour décalé. Toi le visiteur de passage, tu me diras « mais toutes les filles ne sont pas censées être drôles de toute façon ? ». Et bien laisse-moi te dire un bon gros non, je ferais pas la liste de celles qui ne le sont pas, mais hélas elles sont nombreuses. Detox, c’est donc 80% d’un visage et corps en plastique suite à un accident de voiture, et quelques cordes vocales pas touchées par un scalpel, dont elle s’est servi pour chanter This is how we Jew it. Attention, encore une fois à lire ici This is how we do it – C’est ainsi qu’on fait, le do devenant Jew (juif). Véritable ode à Hanouccah, le noël du peuple élu, le clip mettra très mal à l’aise Chantal Aboucaya, la voisine de ta grand-mère à la synagogue, surtout quand elle découvrira que Detox n’est pas vraiment juive mais simplement en voie de conversion pour son amant.

 

Jinkx Monsoon

 

 

Gagnante de la saison 5, Jinkx est un peu la fille coincée de ton cours de Talmud Torah6 du dimanche matin à la synagogue de tes parents à Juan-les-pins, qui aurait réussi après le bac, à la surprise générale. Dès le premier épisode de la saison, elle se définit comme « la première drag queen juive et narcoleptique de Seattle ». Jusqu’à présent personne n’a osé la contredire – tu me diras, il aurait fallu se lever tôt. Officiellement, Jerick Hoffer, l’homme derrière les faux-cils, est catholique, mais dans son adolescence il se découvre des racines juives qu’il décide d’intégrer à la création de son personnage Jinkx Monsoon. Depuis, c’est le festival de blagues absurdes, de looks douteux et de revendications politiques qui font chaud au cœur.

En bref, tu peux être circoncis et porter la perruque comme personne. La preuve par 3 !

 

Catherine Pine O’Noir

 

1 Matsot, coupes de vin et haggadot font partie du lexique propre à la fête de Pessach qui coïncide cette année avec la dixième saison de RuPaul Drag Race. Pendant 8 jours, les juifs  mangent du pain azyme et célèbrent leur exode hors d’Égypte.

2 Les meet&greet, dont la traduction littérale selon notre ami Google est « rencontrer et saluer », sont des instants dit privilégiés, où les fans peuvent rencontrer leurs idoles. Elles sont apparues après les concerts pour augmenter les recettes de stars et de leurs producteurs aux USA. Depuis quelques années, les drag queens de RPDR font payer des sommes importantes pour une photo, une bise sans contact et un souvenir. Ça fait peu pour celui qui a déboursé 78€ pour 13 secondes en compagnie d’un homme avec une perruque.

3 Chaque année, une dizaine de candidates s’affrontent dans une série de challenges afin de remporter une couronne, la coquette somme de 100 000$, quelques produits de beauté et autres accessoires pour parfaire leur conquête du monde, le tout sous la houlette de RuPaul, reine des reines. C’est surtout l’occasion de montrer au monde entier de quoi chacune est capable : comédie, chant, danse, théâtre et bien plus sont au rendez-vous, le tout sous une épaisse couche de fond de teint noyé dans une piscine de larmes.

4 Le jeu de mot, ou pun en anglais, est un élément classique du drag américain comme le prouve Courtney Act (Caught in the act – Prise la main dans le sac), Mimi Imfurst (Me, me, I’m first – Moi, moi, j’suis la première) ou encore Sharon Needles (Share a needle – Partager une aiguille), toutes vues sur le plateau de l’émission.

5 Puisqu’il faut vraiment tout vous expliquer, sachez qu’à l’instar des danseurs du milieu du voguing, les drag queens s’organisent en famille. Par respect, on parle alors de mère (mother, motha) pour la plus âgée ou expérimentée qui éduque ses enfants (child, kids). Entre-elles, les filles s’appellent souvent sœurs (sisters, sis, sistah) comme une marque d’affection. Rupaul est ainsi considérée par certaines comme la mère de toutes les drag queens, c’est du moins ce que dit son succès.

6 Équivalent du catéchisme, qui signifie littéralement « étude de la Torah », où les garçons comme les filles apprennent à lire l’hébreu, les us et coutumes du judaïsme, et se préparent pour leur bar/bat mitzvah.

 

Photos © : Jinks Moonson viendra fêter Hanoucah avec toi l’an prochain / DR
Article publié le 6 avril 2018. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2018 Jewpop

 

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