L’ouverture d’un restaurant au coeur du Pletzl, dans le quartier parisien de la rue des Rosiers, est toujours une bonne nouvelle. Même un döner kebab glatt casher ferait l’affaire comme plat de résistance à l’invasion des shmatologues. Et lorsqu’il s’agit d’un lieu qui nous plonge au coeur de la movida tel-avivienne, avec un choix de pitas à la saveur parfaite, on y court ! Miznon (le buffet, en hébreu) risque fort de devenir la cantine de Jewpop.
Inspiré par la philosophie et les recettes du chef Eyal Shani, star des fourneaux en Israël, Miznon propose dans son espace « street food » de la rue des Écouffes tout un choix de pitas, à l’image de celles qui ont fait le succès des restaurants Salon, Abraxas, Port Saïd… bien connus des amateurs de fooding de Tel-Aviv. Le créateur du lieu, David Moyal, avec la complicité de sa charmante compagne Yael Coucosh, supervise une équipe de choc de cuisiniers majoritairement israéliens (un anglais s’est glissé parmi eux, sauras-tu le retrouver ?), dirigés par Loren Abramovitz, chef formé par Eyal Shani. Tout ce beau monde se démène derrière le bar pour assurer la confection des pitas, à base de viandes, poissons, légumes, et même sucrées pour le dessert, que l’on peut manger sur place ou bien emporter.
Après avoir dévoré en guise d’apéro des pitas faites maison à la saveur incomparable, fondantes à souhait, trempées dans une tehina parfaitement dosée, et accompagnées d’un chou-fleur rôti au four et juste assaisonné – l’une des spécialités maison – j’ai testé la « bœuf bourguignon » sur les conseils du jeune et adorable BBMR (beau brun mal rasé) israélien qui a pris ma commande. Je l’aurais bien testé lui aussi, mais ma conscience professionnelle a pris le dessus. La viande est goûteuse, les carottes sont cuites, et bien, la sauce est parfumée. L’idée du mariage Bourgogne/Tel-Aviv peut a priori paraître incongrue, mais le résultat en bouche est détonant, pour ne pas dire orgasmique. Pour finir sur une note sucrée, je déguste une mini-pita banane-chocolat. Totalement régressif et jouissif. Le tout arrosé d’un délicieux thé à la sauge.
Côté déco, Miznon s’est inspiré des restaurants tel-aviviens tendance, avec des murs bruts, lampes de récup’ industrielles au plafond, comme un petit air de Florentin à Paris. Côté clientèle, on y croise des jewbos®, entre hipsters à bonnet et barbe assortie clones de Maxim Nuccyodelice, accompagnés de JPP (Jewish Parisian Princess), des célibs bogoss en pagaille et autres bombasses qui ont de suite flairé le bon spot pour pécho, et des habitués du quartier venus s’empiffrer, parce qu’il faut l’avouer, c’est sacrément bon (je ne dénoncerai pas ce jeune ex-responsable communautaire qui m’a avoué devant le bar être venu 3 fois en 3 jours, tellement il était devenu accro). Côté ambiance, bande-son mizrahi et hip hop israélien à fond ! Je vous conseille l’espace bar si vous préférez l’animation people-cuisine, ou l’espace « salon » plus calme, en arrière-salle, pour un tête-à-tête amoureux. Enfin, côté prix, l’addition n’est pas salée, tout dépendra de votre appétit. Et si vous êtes strictement casher, rassurez-vous, David, le boss de Miznon, dont les tsitsits dépassent de la chemise, a veillé au grain.
Vous l’aurez compris, Miznon va assurément faire un carton (mérité !). Avec ses 50 couverts et sans réservation possible, il faudra jouer des coudes pour goûter à cette nouvelle cuisine israélienne mixée de goût français. Maintenant, faut juste que je speede pour brancher ce jeune et charmant israélien qui prend les commandes, avant qu’une lectrice de Jewpop ne me grille comme un chou-fleur sur ce coup.
Sharon Boutboul
Miznon, 22 Rue des Écouffes, 75004 Paris. Métro : Saint-Paul. Tél : 01 44 78 01 89
Ouvert tous les jours de 11h à 23h, excepté vendredi soir et samedi. Pitas entre 8 et 10€.
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© photos : Jewpop, Yael Coucosh
Article publié le 10 novembre 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2013 Jewpop