Adam Yauch, the Beastie Boys, 1964-2012

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Adam “MCA” Yauch, membre fondateur des Beastie Boys et de Milarepa, fondation qui produisit le Tibetan Freedom Concert, est décédé des suites d’un cancer dans sa ville natale de New York, à l’âge de 47 ans. Retour sur l’extraordinaire parcours d’un artiste JewBu (juif et bouddhiste) exemplaire.
 
Début des années 80. L’old school hip-hop, Kurtis Blow et autres Grand Masterflash, est sur le déclin, Run DMC prend son envol, mais ce ne sont pas des ghettos noirs que viendront la prochaine révolution hip-hop. 3 jeunes juifs new-yorkais, issus des classes moyennes, nourris au punk hardcore, vont devenir les nouveaux chroniqueurs de l’adolescence américaine. Alliant culture rock et humour décapant à leur amour des musiques black, les Beastie Boys sont partis pour foutre un énorme bordel.
 

 
 
En argot afro-américain, « beast » signifie « blanc ». Une expression utilisée dans les années 60 par les nationalistes noirs, qu’Adam Yauch et ses deux complices, Adam « Ad-Rock » Horowitz et Mike « Mike D » Diamond, vont brandir comme un étendard provocateur. La dérision est au centre de leur démarche, anticipant toute possible critique d’exploitation par de jeunes blancs (qui plus est Juifs) de la culture  afro-américaine. Dans leurs textes, aucune recherche d’authenticité bidon en lien avec le ghetto, mais un appel général à la déconnade et à la fête (Fight For Your Right To Party), qui résonnera aux oreilles des ados, devenant The Message de la génération des 80’s.
 
C’est au début de l’année 1987, avec leur album Licensed To Ill, que les Beastie Boys obtiennent 4 disques de platine, une première dans l’histoire du rap. Adam Yauch expliquera, très modestement, qu’il est « typique de l’Amérique que les copies marchent mieux que l’original ». Le hip-hop blanc des Beastie Boys, qui usera d’abord de samples d’AC/DC et de Led Zeppelin, réussit son crossover avec le grand public. Mais il n’y a aucun calcul commercial dans cette démarche musicale, sinon que les 3 membres du groupe se sentent comme des « White Negroes », qui pensaient avoir grandi par erreur dans un quartier blanc bourgeois de Brooklyn.
 
Leur fusion hip-hop et heavy metal, remarquablement produite par Rick Rubin et Russell Simmons pour le désormais mythique label Def Jam, déclenchera l’enthousiasme des stars du rap. Pari gagné pour les 3 jeunes juifs new-yorkais, devenus membres à part entière de la communauté hip-hop, et non des moindres. La suite de leur carrière confirmera leur position de groupe culte, expérimentant des synthèses entre hip-hop, jazz, psychédélique, electro… avec ce sens de la dérision dans leurs paroles qui ne les quittera jamais. Leur dernier album, Hot Sauce Committee, paru en 2011, fut attendu comme le Messie par les fans. Ceux de France, qui eurent la chance d’assister à leur concert au Grand Rex en 1987, en compagnie de Run DMC, s’en souviennent encore. Ce fut l’un des rares concerts parisiens, depuis des décennies, qui dégénéra en émeute.
 

 
Adam Yauch, outre ses qualités de musicien, était sans aucun doute le membre du groupe le plus concerné politiquement, investi dans des causes humanitaires telles que l’indépendance du Tibet, celui aussi qui exprimera son mea culpa sur certains textes considérés comme trop sexistes par les fans féminins du groupe (là encore, la limite entre débilité assumée et auto-dérision n’était pas souvent bien comprise…). Il était également un réalisateur de clip particulièrement inventif, signant ceux du groupe sous le pseudo Nathaniel Hörnblowér, et créera sa propre société de distribution de films. Sa disparition signe sans doute la fin d’un mythe, celui d’un des plus grands groupes de hip-hop au monde.
 
Alain Granat
Source bibliographique : DJ Culture, de Ulf Poschardt (1995, Rogner & Bernhard Gmbh & Co)
 
Difficile de faire une sélection parmi nos tracks favoris des Beastie Boys… En voici quelques-uns :
 
 

 
 

 
 

 
 

 
 

 

 
 

 
 

 
 

 
 

Adam Yauch, 1964-2012

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