"Alone Man Show" de Pascal Légitimus, un éloge du métissage

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Avec son « Alone Man Show », Pascal Légitimus s’offre son premier grand solo périlleux et bascule dans une autre dimension. Au comique façon Eddie Murphy auquel il nous avait habitué, s’est désormais greffée la carrure dramatique d’un Morgan Freeman, si l’on devait poursuivre la comparaison avec ces grands acteurs afro-américains. Mais voilà, Légitimus n’est pas qu’un « acteur français d’origine antillaise ». D’origine arméno-antillaise, il dévoile aujourd’hui sur scène, avec une émotion rare, la richesse et la complexité de son métissage.


Entre thérapie personnelle et déclaration d’amour à ses parents, son nouveau spectacle met aussi le doigt là où ça fait mal. Le racisme ordinaire et violent qu’un petit garçon peut subir à l’école, les castings d’acteurs où la couleur de peau destine toujours aux mêmes emplois stéréotypés (illustrés par un sketch terrible sur les rôles destinés aux acteurs noirs du cinéma muet), la rançon de la gloire dans les lieux publics vue avec beaucoup d’autodérision (« C’est Légiminus, des Inconnuls ! »), tous ces aspects de la condition d’un acteur « Français d’origine antillaise » sont exposés avec une rare justesse (avec une mention spéciale à la « Tirade du Négro », jolie adaptation des vers de Cyrano) et les rires fusent malgré la gravité du sujet.
 
 

 
Mais c’est la face arménienne du comédien qui est sans doute la plus touchante et inattendue du spectacle. Comme il se définit lui-même, il est « Arménien à la ville et Antillais sur scène ». Alors le versant arménien de Légitimus sur scène, ça donne quoi ? Un équilibre parfaitement maîtrisé, entre vannes bien senties sur la propension turque à nier le génocide commis au début du XXè siècle, regards à la fois critiques et tendres sur cette communauté arménienne qui a tant de résonance avec la communauté juive, et réflexions hilarantes sur cette dualité afro-caucasienne, menant à un réjouissant sketch sur les mérites comparés des danses folkloriques arméniennes et du zouk pour draguer.
 
Le spectacle de Pascal Légitimus ne ressemble à aucun autre. Si l’on y retrouve, forcément, ce qui a fait le succès des Inconnus (le sketch illustrant la passion du jeune Pascal pour le cinéma et son éblouissement devant Les 10 Commandements de Cecil B. de Mille, est une performance digne d’Hellzapoppin, qui rappelle les meilleurs moments du trio), c’est la fa(r)ce cachée de l’acteur qui séduit ici totalement, et son discours très pertinent et actuel sur le métissage. Habilement mis en scène par Gil Galliot, le show, qui tient autant du music-hall (musique et danse y sont omniprésents) que de la comédie, fait rire avec intelligence. Les larmes ne sont pas loin non plus. Un « Alone Man Show » plein de sens, à la fois bouleversant et réjouissant. Qui a dit « bouleversifiant » ?
 
Alain Granat
 
Le teaser du spectacle :

PASCAL LEGITIMUS  » ALONE MAN SHOW «  par JiveSquadEntertainment
 
« Alone Man Show » se joue à Bobino pour 2 représentations exceptionnelles les 29 et 30 mai (21h), 14-20, rue de la Gaîté 75014 Paris, réservations sur le site de Bobino

Le site de Pascal Légitimus

A lire également, sur le même sujet, la très belle chronique de mon ami Pierre Giamarchi sur son blog Leblogapiero
 
© photo : DR

Article publié le 5 décembre 2011. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2015 Jewpop

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