Le cannibalisme est-il compatible avec les règles de la cacherout ?

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Cannibalisme : pratique qui consiste à consommer (complètement ou partiellement) un individu de sa propre espèce. L’expression s’applique à la fois aux animaux qui dévorent des membres de leur groupe et aux êtres humains qui consomment de la chair humaine (cannibalisme ou anthropophagie).

 
 
Un visage à moitié croqué, quelques ersatz d’un nouveau type de LSD, des membres déchiquetés puis envoyés par la poste… De Montréal à Miami en passant par Paris, il semblerait que la tendance soit au cannibalisme. Le retour sur le devant de la scène de cette pratique plutôt glauque et très sanglante nous interroge. Elle nous interroge non sur les raisons de cette quête effrénée de viande rouge, mais bien sur les modalités pratiques de sa consommation. Car une fois de plus – foutus impératifs alimentaires ! – le goy est tranquille là où le juif pratiquant est tourmenté : le premier aurait le droit de s’empiffrer impunément de chair humaine (si tant est que son taux de cholestérol l’y autorise) tandis que pour le second, la question est bien plus délicate. Les Juifs ont-ils le droit de consommer de la chair humaine ? Le cannibalisme est-il compatible avec les règles de la cacherout ? Tentative de réponse.
 
C’est l’été, il fait chaud et les filles ont la fâcheuse tendance à se dévêtir au premier rayon de soleil pointant sur notre beau pays… Faites semblant de ne rien voir, réfrénez donc vos instincts et détournez s’il vous plait le regard dès qu’un minishort vous passe sous le nez, il pourrait y avoir un carnage… Car oui, ne nous le cachons pas : toutes ces appétissantes paires de jambes à l’air, ces bras bien juteux et ces bustes généreux vous font envie ! La chair humaine vous appelle. Vous salivez à l’idée de croquer, non au sens figuré, mais bien au sens propre ! En avez-vous le droit, vous qui mettez un point d’honneur à ne jamais consommer de porc et de fruits de mer ? A dire vrai, il n’y a pas de réponse catégorique à la question. En revanche, la Torah stipule bien que les seules viandes propres à la consommation sont celles des animaux prédéfinis par les autorités rabbiniques, animaux évidemment tués et préparés selon les règles ancestrales. Ajoutons à cette première difficulté le fait que le corps humain est considéré comme sacré par la tradition juive et que celui-ci ne doit par conséquent souffrir d’aucune mutilation en vue de l’enterrement. Vous n’avez donc pas intérêt à mordre sauvagement les juteux mollets de votre voisine, aussi ragoûtante soit-elle…
 
Il reste pourtant bien un cas de figure où l’interdiction semble perdre de son caractère définitif, celui de la survie. Comment, en effet, procéder lorsqu’un individu risque de mourir s’il ne se nourrit pas ? Quelles actions entreprendre si vous avez consommé jusqu’au dernier paquet de pâtes qu’il vous restait dans les placards ? Sur le site Internet OzTorah animé par le très sérieux Grand Rabbin de la synagogue australienne de Sidney, le sage homme nous éclaire : « Il se peut que manger une partie du corps d’une autre personne puisse fournir une nourriture suffisante pour maintenir la personne vivante ». Gourmands que vous êtes, je vous vois d’ici exulter ! Mais attendez donc la suite, car le rabbin poursuit son raisonnement. Il envisage ainsi ces cas aussi extrêmes de crashs aériens où quelques personnes affamées en sont venues à consommer la chair de leurs camarades de vol… Malaise.
 
Ne pas se laisser mourir était le bon choix. Notre rabbin, lui, reste prudent et conclut sans conclure par une phrase appelant à la retenue : « Même en supposant que le corps mangé soit déjà mort et que l’on n’ait pas commis d’assassinat en vue de l’acquérir, il est extrêmement douteux que pikku’ach nefesh ( situation d’urgence à la vie ou la santé ) puisse être invoquée pour justifier le repas cannibale ». Pff… Rabat-joie, va !
 
 Laurent David Samama, journaliste, auteur et cannibale assumé…
 

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