Le complot EI

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Lorsque l’on passe de 89 à 90 ans, on ne se précipite pas sur les réseaux sociaux pour faire tout un battage en jouant le faux jeune. Les EI si. Voilà l’occasion de nous intéresser un peu à cette secte étrange. Les juifs ont leurs juifs, et ce sont les EI. Les qui ?
 
Les eeif ya brell, les Eclaireuses et Eclaireurs Israélites de France. « Les zéi » quoi. Si vous avez l’habitude de prononcer LE zéi, surtout ne changez rien, ça les fait bien marrer, c’est votre aveu de non-eitude. Un peu comme les algériens qui disent azké pour ashké et Berna-yim pour Bernheim. Un groupe dans le groupe. À les entendre, ils sont partout. Ils trustent sournoisement tous les postes clefs de la communauté avec une efficacité déconcertante. Grands Rabbins, directions des « organes représentatifs », présidences de communautés, ils pullulent au CRIF, au FSJU… L’UEJF et l’AJGE, je ne vous en parle même pas. Le CCVL, Yaniv, c’est encore eux… Et on a encore rien dit de la sphère publique. Vous prendriez ça pour une caricature. Sachez simplement que les journalistes, avocats célèbres et autres grands professeurs médiatiques aux noms bien crochus sont pour l’énorme majorité d’entre-eux affiliés à cette organisation tentaculaire et souterraine. Les francs-mac de la rue Cadet, à côté, font figure d’amateurs timorés.
 
Mais qui sont-ils réellement ? Une première précision, sinon vous ne comprendrez rien. Il y a deux races d’EI.
1-  Les « actifs », qui se déguisent en scouts tous les dimanches et partent vivre sous tente en juillet, dans des conditions qui redonneraient le moral à des camps entiers de réfugiés Haïtiens s’ils avaient accès aux images.
2 – Les « anciens ». Parce que comme le dit l’adage, EI un jour EI toujours. Encore que l’honnêteté m’oblige à préciser que parmi les anciens, il y a le sous-groupe des renégats, qui « sont allés » aux EI comme on va chez le dentiste. Ils n’ont pas aimé du tout. Cet échec, comme une tache sur un CV, sera caché le plus longtemps possible, même à leurs proches. Les autres, les vrais, ne « sont pas allés », ils « ont été », « ils sont ».
Ce n’est pas un détail ; c’est central. Ils ont été pétris, formatés par ces moments de vivre-ensemble adolescents, bourrés de rituels secrets, de judaïsme ludique, de traditions chantées, de jeux désuets, de valeurs gauchos et autres sports improbables (vous savez ce que c’est vous La Sioul ?).
 

 
Cette phylogenèse boueuse en a fait des êtres aux liens fraternels aussi puissant qu’inattendus. Regardez avec quel sourire empli d’aise un gros industriel demande au pigiste venu l’interviewer, « Ah, t’étais aux EI, mais dans quel GL (groupe local) ? ». (Parce que oui au fait, les EI utilisent encore des vocables crypto-stal, héritages de vieux rêves soixante-huitards). Comme on peut s’en douter, les « actifs » ont pour les anciens tout le mépris et l’arrogance dont est faite l’adolescence sébuméeuse. « Mais c’est qui ces vieux cons qui me sourient avec les yeux de Tata Fortuné qu’attend un bisou ? ». C’est toi jeune con, c’est toi dans 20 ans. Mais c’est pas grave, on est tous passé par là, on ne s’étonne pas.
 
Parce que l’EI est pédagogue. Il devient pédagogue, docteur es-pédagogie infantile et adolescente, le jour où il se passe autour du cou son foulard d’animateur. Au début c’est risible évidemment, mais force est de constater que « le mouvement » va réellement les former et aussi invraisemblable que cela paraisse, ça marche. D’authentiques ado-inadaptés-rebelles se changent le temps d’une activité dominicale ou d’un camp d’été en parfaits animateurs Casimir-guitare-papa poule. Faut le voir pour le croire. Je l’ai vu.
 
Alors vous imaginez comment, communautairement parlant, ils vont être absolument insupportables. Vous qui lisez ce site, savez déjà à quel point un bon yid réglementairement tamponné souffre de ce que l’on nommera pudiquement « un léger problème de sur-dimensionnement de l’égo ». Ajoutez deux ou trois zéros et vous avez le score de l’EI lambda sur cette même échelle. C’est atroce, surtout en groupe. Parce qu’ils se reconnaissent entre eux les bougres, avec une double incidence judéo-psychique. D’une part ils doublent aussitôt leurs scores respectifs d’hypertrophie egoïtique, d’autre part ils vont bien vous pourrir l’ambiance en se lançant derechef dans un concours de souvenirs d’anciens combattants, jumelé d’une compétition tacite de name-dropping. Ça donne a peu près ça : « Ah non Baloo, je l’ai pas connu au 60ème, j’étais à Mareuil. C’est plus tard, au Mont d’Or, qu’on s’est vu sur une toté ». Je vous traduis pas, parce que même décrypté, ça reste aussi passionnant qu’un reportage de Chasse et pêche sur la migration hivernale de la loutre norvégienne. Mais eux, ça les captive, ils adorent.
 
Vous savez, comme ces conversations entre frères et sœurs quand on se rappelle avec délice la fois où la Simca bleue de papa est tombée en panne en 82 sur la route du Touquet. Seulement là, on a affaire à une TRÈS grande famille, à la fratrie innombrable, celle à laquelle on ne peut échapper. Vous ne le savez pas, mais ils vous entourent déjà. Votre voisin de synagogue, votre pharmacien, votre agent de voyage, votre banquière, votre client peut-être. Ils sont partout je vous dis !
 
Mica Halber
© photos : DR, montages Mica Halber
Article publié le 4 juillet 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2014 Jewpop

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