Les peintres juifs de l'Ecole de Paris

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Publiée en 2000, l’anthologie « Peintres juifs à Paris, 1905-1939 » (Denoël) de Nadine Nieszawer, en collaboration avec Marie Boyé et Paul Fogel, est un ouvrage bouleversant, tant d’un point de vue artistique qu’historique. Préfacé par Claude Lanzmann, il rappelle le destin tragique de ces artistes juifs ayant fui l’antisémitisme d’Europe centrale pour rejoindre le Montparnasse des années folles, formant ce que l’on nomme L’Ecole de Paris, et dont un grand nombre de membres verront leurs oeuvres détruites ou volées par les nazis et leurs collaborateurs, avant de disparaître dans les camps d’extermination.

Dans son avant-propos, l’auteur, marchand de tableaux et experte de l’Ecole de Paris, explique la genèse de son parcours et de son travail. Son père, Jacques Nieszawer était marchand de tableaux et achetait principalement des oeuvres de ces peintres qu’il appelait « Yid’n » (les juifs en yiddish), se référant à deux ouvrages écrits en yiddish sur les artistes juifs pour connaître leur histoire. Après la disparition de son père en 1987, Nadine Nieszawer, ne lisant pas cette langue, demanda à Paul Fogel, un passionné de yiddish, de traduire ces deux livres. Marie Boyé, jeune historienne d’art, s’est jointe à eux pour la réalisation de cet extraordinaire livre d’art, témoignage de la richesse de ces créateurs d’une peinture juive inscrite dans la modernité, brisés dans leur élan par la solution finale.

Parmi les quelques 500 artistes constituant cette communauté, le choix des auteurs s’est porté sur 151 peintres. Des noms célèbres, comme ceux de Max Jacob, Modigliani, Chagall, Pascin, Kisling, Mané-Katz ou encore Soutine, figurent parmi eux. D’autres n’ont pas eu le temps ou la chance d’accéder à la reconnaissance, près de la moitié disparaissant en déportation. Au fil des pages de ce remarquable livre, on reste fasciné par la diversité d’inspiration de ces créateurs, qui s’inscrivent dans la plupart des grands mouvements artistiques de l’époque, et révolté par les destinées tragiques du plus grand nombre.

 L’un d’eux arriva en France après la guerre. Sam Ringer, grandit à Oswiecim, devenu Auschwitz pendant l’occupation allemande, fut élève à l’école des Beaux-Arts de Cracovie où il obtint un premier prix de dessin en 1939. Déporté dans plusieurs camps, il survit à la Shoah et émigra en France en 1947 , y poursuivant sa carrière artistique et fondant une famille. Sa fille, Catherine Ringer, évoquera son histoire dans C’était un homme, sur l’album Cool Frénésie des Rita Mitsouko en 2000.

Nadine Nieszawer organise tous les 3 mois une vente consacrée aux artistes de l’Ecole de Paris à la galerie Artcurial. Ne manquez-pas celle qui aura lieu lundi 25 octobre à 16h, au cours de laquelle sera notamment présenté un ensemble exceptionnel de 28 tableaux de Jacques Chapiro, provenant de son atelier. L’exposition publique des toiles se tient depuis aujourd’hui et jusqu’à dimanche à Artcurial (Hotel Dassault, 7 Rond-Point des Champs-Elysées 75008 Paris), le catalogue étant également visible en ligne sur le site Artcurial.com.
Le site Ecole de Paris.fr de Nadine Nieszawer
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Les peintures reproduites dans cet article sont les oeuvres de :
Maxa Nordau (Nu de dos)
Alexandre Fasini (Composition)
Nathalie Kraemer (Les Deux Soeurs)

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