Lettre à Enrico

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Cher Enrico Macias,
 
Je fais partie des chanceux qui ont pu fêter avec vous vos 50 ans de carrière dimanche soir sur la scène de l’Olympia. C’est la seconde fois que je vous vois sur scène (la première fois, un mariage, ne compte pas vraiment. Vu que tout ce que j’ai trouvé à dire au père de la mariée, suite à votre prestation, fut qu’il avait dégoté une super agence de sosies).
 
Avec vous, le spectacle commence dans la salle.
 
Il n’y aurait pas deux femmes en tchador dans ma rangée et une dame de Sarcelles qui propose à tous le monde des bonbons à la menthe, on se croirait à l’office de Kippour. Avis aux dialoguistes d’une éventuelle suite de La Vérité si je mens 3 !, de petites perles sont disséminées parmi les spectateurs.
 
Pendant que le public s’installe, le rang 5 se la joue goyssip girl en apercevant Valérie Lemercier en bout de rangée : « La vérité, elle est passée de moche à mignonne en 20 ans, me dis pas qu’elle a pas vu un chirurgien ! ». Pendant ce temps, le rang 6 se chamaille pour savoir quelle pomme trempe dans quel miel suite à la fin de mariage arrosée de la semaine dernière. Une fois qu’ils se sont mis d’accord, il est temps de se remémorer les invités d’Arthur de la veille, la vraie question étant, y avait-il minyan ou pas ?
 
À l’annonce d’une première partie hassidique chantée en yiddish : « Mais pourquoi ? Nous on va chez eux faire les youyous ? Alors qu’est-ce qu’ils font chez nous, walya ! ».
« Tu crois que ça va être Rabbi Jacob ou qu’elle va nous mettre la rasr’ha en s’arrachant les vêtements ? ». L’ouverture d’esprit n’étant pas une fracture du crâne, c’est unanime et enthousiaste que votre public salue la prestation lumineuse de Miléna Kartowski.
 
Je profite de l’entracte pour scruter le public. Au moins 4 générations de spectateurs, tous ravis d’être là, impatients de se lever et faire le 8 avec les hanches (le 3 ou le L pour certains, mais c’est anecdotique). Et là vous rentrez en scène. C’est bientôt Kippour, alors autant l’avouer, j’étais au départ venue pour faire plaisir à mon père. C’était sans me douter que j’étais sur le point d’embarquer pour une épopée musicale.
 
Une formation de treize musiciens exceptionnels, un spectacle en 5 langues (même en japonais !), des textes intemporels, et bien sûr tous les succès qui ont fait votre gloire (Le mendiant de l’amour, Les gens du Nord, L’Oriental…) et qui sont indissociables de toute fête sef qui se respecte. Si on vous aime, Enrico, c’est aussi parce que votre spectacle est truffé de messages de paix. Bon, déjà, au delà de votre capital sympathie, vous n’arrêtez pas de remercier des gens. J’ai arrêté de compter à 52. Vous parlez de paix, de fraternité, et dans votre bouche, on a enfin envie d’y croire.
 
Merci Enrico, j’avais oublié que je pouvais danser dans les bras de mon père à d’autres moments que ma bat-mitzva et mon mariage. Joyeux anniversaire, revenez bien vite, et continuez à nous donner raison : Enrico, la classe !
 
Sophie Taieb
 
© photos : Sophie Taieb, excepté photo du duo Enrico Macias / Miléna Kartowski, copyright Reine Roman.
Article publié le 11 septembre 2012. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2013 Jewpop
 

 

 
 

 
 

 
 

 

La réalisatrice Esti était aussi à l’Olympia, elle déclare sa flamme en images

 

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