Pourquoi le juif de France est parfois le pire ennemi de l’oleh hadach

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À toi l’oleh hadach (/olah hadacha), je dédie ce billet et loue ta patience face à ce frère, ce cousin, ce copain (sœur, cousine, copine) de France.
 
Il a du mal à croire que tu bosses : en règle générale, il vient en été et a bien du mal à comprendre que mis bout à bout, tes congés annuels représentent 15 jours dont 7 de Yom Tov. Il te prend pour un fonctionnaire de la Sous-préfecture de Florac en Lozère. Globalement, il pense qu’à 15h, tu peux le rejoindre à la plage. Si tu ne le fais pas, c’est que tu n’y mets pas du tien. Il pense que si tu te lèves à 5h, c’est parce que tu es très matinal. Quand tu lui dis qu’au boulot, c’est dur, il répond «Qui mieux que toi ? T’as le soleil, la belle vie !». Si tu lui expliques que t’as un boss et que t’aimerais le garder, il se marre, «Tu es entrain de me dire que ton patron va refuser une journée de off à un de ses employés juifs…».
 
Il ne maîtrise pas les distances : pour lui, Israël est un tout petit pays. C’est vrai que globalement, tu mets moins de temps à faire en avion Tel-Aviv – Eilat que Paris-Sarcelles en RER. Fort de cette constatation, il a des lubies, comme cette fois où à 18h56, il a une furieuse envie de dîner à Jérusalem. «Après on ira au Kotel, allez emmène moi !». Si tu déclines, c’est le drame. Tu as beau lui expliquer calmement que c’est comme si tu faisais Paris – Blois, il n’a pas honte de te répondre : «Quand tu es venu à Paris, je t’ai déposé sur les Champs-Elysées».
 
Il compare en € et n’arrête pas de répéter «C’est pas cher !» : au restaurant, au shouk, dans les magasins, il convertit tout en euros et s’extasie de son pouvoir d’achat. Ne comprenant pas vraiment que tu ne gagnes plus comme en France, il essaie de t’embarquer sans ses délires. «Attends 850 shekels la nuit à la Mer Morte, c’est donné ! Viens on y va ! Putain t’es devenu relou depuis que tu vis  ici !». Dans la file d’attente du supermarché, derrière une vieille dame qui a rassemblé pièce par pièce la somme à régler, il a hurlé à un agent immobilier au téléphone «Soyez gentil de ne me faire visiter que des penthouses, j’ai pas de temps à perdre !».
 
Il nourrit des fantasmes sur ton régime alimentaire : Quand il ouvre ton frigo, il s’étonne et est très déçu de ne pas y trouver des dizaines de boîtes de Houmous, des kilos de grenades. En 2 jours, il en est à son 6e schwarma, il aime tellement ça qu’il pense sérieusement à acheter une machine à kebabs pour l’installer dans sa cuisine.  Il a rapporté sa machine à café de Paris, parce que franchement, «ça, ici vous ne savez pas faire». Il te charrie parce que ta mère t’as fait porter grâce à lui des fromages bien français, mais lui n’hésite pas au retour à remplir sa valise de pitots.
 
Il entretient des relations compliquées avec la France et… Israël : il passe tout son séjour à déblatérer sur la France. Son président, sa fiscalité, son taux de criminalité, le laxisme de la classe politique. Mais toi, quand tu oses un mot sur l’antisémitisme, il te somme d’arrêter de tenir un discours alarmiste. Si tu insistes, il te demande de t’occuper de «tes territoires occupés». A ce moment-là, tu ne renchéris pas. Tu encaisses la monnaie de ta pièce. Il faut dire que l’an dernier, quand il te parlait de la situation israélo-palestinenne, tu lui as répondu «Mais attend t’as donné de l’argent pour planter 4 arbres avec le KLL. Avec le pack JardyLand, t’as cru que t’avais un bulletin de vote israélien… ».
 
The SefWoman
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)
 

 
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Article publié le 10 décembre 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2013 Jewpop

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