Le – presque – voyage de Louis Aliot en Israël

 
Louis Aliot est en Israël. Oui, tu as bien lu ami-internaute, Louis Aliot, vice-président du Front national, co-directeur de campagne et conjoint de Marine le Pen. Et moi, je vais te raconter comment ca s’est vraiment passé.
Tout commence en septembre dernier, entre Roch Hachana et Kippour, sorte d’entre-deux-tours du scrutin divin qu’on gagne tous les ans puisque merde on est quand même le peuple élu. En septembre dernier, disais-je, je croise Louis Aliot à une réunion d’information sur l’alyah. « Retrouver son identité », « Repeupler sa terre ancestrale », « Bataille démographique contre les arabes »… Assis à côté de moi, Louis Aliot est littéralement exalté par le discours du délégué de l’Agence Juive, un quadra sympa et bedonnant, né en France, parti s’installer en Israël à 18 ans et qui se demande :

– ce qu’il a pu faire de mal pour être contraint de rentrer
– comment il va pouvoir rentrer de nouveau dans son uniforme de soldat pour ses milouhims prévus dans 1 mois

Quasi-incognito dans l’assistance, Louis Aliot prend fébrilement des notes sur un petit carnet estampillé de la flamme tricolore. Je précise « quasi-incognito » car à l’entrée, je sens bien que le mec de la Ligue de Défense juive reconnaissable à sa panoplie  « manifestation » – autocollants sur la casquette, drapeau d’Israël de 2 m sur 1 à la main et tee-shirt jaune flanqué de la photo d’Ilan Halimi – fixe mon voisin avec insistance. Dans son regard, je lis : « Mais où ai-je déjà vu ce mec ? ». A la fin de la réunion, qui a duré suffisamment longtemps pour que je me sente plus trop chez moi en France, mais pas assez pour que je me sente chez moi en Israël, je me retrouve entraînée à l’As du Falafel avec :
– Le délégué de l’Agence juive, qui de toute façon ne veut pas rentrer chez lui puisque ni sa femme ni ses enfants n’ont accepté de le suivre en France
– Le mec de la Ligue de Défense juive, qui a décidé qu’il ne pourrait pas fermer l’œil avant d’avoir trouvé où il  a croisé Louis Aliot
– Et Louis Aliot, qui nous trouve « éminemment sympathiques » et qui précise, comme ces mecs qui te raccompagnent en voiture en bas de ton immeuble en coupant le moteur, sourire énigmatique aux lèvres, « On ne va pas quand même pas se quitter comme ca »
Attablés au milieu des photos du patron avec Vanessa Paradis, Ishtar et Madonna, nous décidons tous de commander un shwarma pita, sauf Louis Aliot, qui opte lui pour une formule assiette qui fait dire au mec de la Ligue de Défense juive « T’es bizarre comme mec ». Après avoir assuré au mec de la Ligue de Défense Juive qu’il n’avait jamais fréquenté Ozar Hatorah Créteil ou fait un camp du Bné Akiva, Louis Aliot lui propose de l’accompagner en Israël, pays qu’il rêve de découvrir. « T’es sûr que t’es pas gay » lui répond le mec de la Ligue de Défense Juive, « Parce que moi, j’ai jamais vu un hétéro prendre un shwarma assiette ». Pour fêter la dissipation de ce malentendu, l’employé de l’Agence juive commande un falafel. Au cours de la soirée, Louis Aliot laisse sonner son téléphone une bonne dizaine de fois. « J’ai quand même le droit de bouffer avec des potes sans justifier. On n’est pas marié après tout » nous explique-t-il. Au même moment, l’employé de l’Agence juive commande un 2e falafel, pour oublier qu’il ne rentrera plus jamais dans son uniforme de Tsahal ni dans sa femme.
Vous l’aurez compris, je n’étais donc qu’à moitié étonnée quand Louis Aliot m’appela hier matin d’Israël. Après avoir voyagé sur Sun Dor (Les finances du FN n’étant pas au beau fixe), il a pris un taxi pour Kiryat Arba. Au téléphone, il est enthousiaste : « Je suis avec le mec de la Ligue de Défense Juive. Je sais toujours pas comment il s’appelle, faudrait quand même que je lui demande son prénom avant notre retour. En fait je ne sais pas si je vais rentrer. J’adore ce pays, c’est magnifique. Y a des soldats partout. Je suis sur la tombe de Baroukh Goldstein, cet après–midi, je vais voir celle de Mike Brant à Haïfa. J’ai trouvé un petit appart à retaper à Mea Shearim, ouais je sais, c’est pas Jérusalem mais les juifs de France achètent tous les apparts, les prix flambent et les israéliens de souche peuvent plus se loger. J’ai bien envie de me lancer dans la politique ici. Ouais j’ai vu, Marine Le Pen refuse de commenter mon départ, elle évoque un « voyage à titre privé ». Oh tu sais ça allait pas depuis longtemps entre nous. En plus j’ai rencontré la femme du délégué de l’Agence juive. Elle a demandé le divorce, elle m’a invité pour chabbat. Je sens qu’il se passe un truc entre nous. J’ai vu le rabbin pour ma conversion, c’est vachement plus rapide qu’en France. J’ai hâte que ca se fasse, comme ca je pourrais enfin avouer au mec de la Ligue de Défense Juive qu’on s’est déjà croisé dans une librairie facho, « Au pays de Cocagne ». J’étais caché derrière une armoire pendant qu’il cassait la gueule d’Alain Soral. Un juif, ça tape pas un autre juif, hein ? »
 

The SefWoman

(ndlr : le cliché de Louis Aliot au kotel est un photo-montage)
 
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)
 

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