Samuel Paty Jewpop

Celui qui fait partie du problème

4 minutes de lecture

Avec l’accord de son auteur, Johann Margulies, nous publions ici ce “thread”, suite de courts messages diffusés sur son compte Twitter aujourd’hui. Il réagit à certains messages sur les réseaux sociaux à la suite de l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie et d’enseignement moral et civique, décapité vendredi à la sortie d’un collège de Conflans-Sainte-Honorine pour avoir montré à ses élèves, lors d’un cours sur la liberté d’expression en classe de 5e et 4e, des caricatures du prophète Mahomet. 

Jewpop

Samuel Paty Jewpop

Âgé de 47 ans et père de famille, Samuel Paty enseignait l’histoire-géographie et l’enseignement moral et civique (EMC) au collège du Bois-d’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine

Si ton premier réflexe politique est de t’inquiéter de l’instrumentalisation par l’extrême droite d’un attentat plutôt que de réfléchir à lutter contre l’idéologie à l’origine de l’horreur, tu fais partie du problème.

Si tu es fier de « garder la tête froide » en « ne cédant pas à l’émotion » critiquant D’ABORD ceux qui ressentent une émotion basique : la colère, la haine, le sentiment de révolte ENVERS LES BOURREAUX, tu ne fais qu’inverser la hiérarchie de l’opprobre et tu fais partie du problème.

Si ta position est de ne pas faire de vague dans l’éducation nationale et plus largement dans la société, pour préserver ce que tu appelles la paix sociale qui n’est que la continuation de la compromission par les moyens de la posture vertueuse, tu fais partie du problème.

Si la première pensée qui te vient, alors qu’un homme vient de se faire décapiter, c’est de penser à « l’islamophobie » que cette horreur risque selon toi de générer, alors qu’un homme est mort car il en était accusé, tu fais partie du problème.

Si quand on essaie de mettre la question de l’islamisme au cœur de nos préoccupations politiques, tu parles de diversion des vrais sujets, pensant que la politique est un jeu à somme nulle et qu’on ne peut pas traiter plusieurs sujets à la fois, tu fais partie du problème.

Si à chaque fois qu’on essaie de mettre la question de l’islamisme au cœur de nos préoccupations politiques, tu hurles à la stigmatisation des musulmans, faisant alors toi même l’amalgame que pourtant tu abhorres à raison le reste de l’année, tu fais partie du problème.

Celui qui fait le jeu de Daesh, ce n’est pas le républicain, c’est celui qui laisse sur son territoire, dans des pépinières islamistes, couvert bien au chaud, nourris aux mannes du clientélisme et abreuvés de la littérature salafiste, les prochains acheteurs d’un billet pour Raqqa.

Johann Margulies

Johann Margulies est écrivain, physicien nucléaire et enseignant à Sciences Po.

Le compte Twitter de Johann Margulies

© photo : Flickr

Article publié le 17 octobre 2020. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © Johann Margulies ; Twitter / 2020 Jewpop

2 Comments

  1. Si tu penses que 100 000 personnes rassemblées sur des places publiques devant les caméras d’entreprises privées qui en feront LA FRANCE et LES FRANCAIS sans nous expliquer ce que peuvent bien être les 64 millions restant (crypto-salafistes ? mauvais républicains ? beaufs ? paresseux ? trop occupés ? froussards ?) est un détail, c’est qu’une partie du problème t’échappe…

    • Si tu penses que Morandini débarque le lundi à l’antenne de CNews, mine et ton graves pour une « spéciale « ils ne passeront pas » en étant ailleurs que dans une temporalité où seuls comptent la réalité de ses intérêts, je veux bien faire partie du problème.
      Si tu penses que l’industrie médiatique est sincère, démocratique et respecte les « valeurs de la république », je veux bien faire partie du problème.
      En résumé, si tu penses qu’une république fondée sur une démocratie de la tête d’épingle érigée en vérité publicitaire à large spectre est autre chose qu’un totalitarisme qui s’ignore (à peine), c’est que tu as un gros problème.
      Et d’ailleurs, profites en pour connaitre la vérité de ce « no passaran » et pourquoi et comment ils ont fini par passer… édifiant. A peine moins que l’ignorance dans l’emploi de ce cri devenu slogan pour médiacrates cyniques.

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