La série documentaire “Hatsarfokaim” diffusée sur la chaîne publique israélienne Kan 11 en 2018, analyse les migrations des Juifs d’Afrique du nord vers la France, et de la France vers Israël, des années 1950 à nos jours. Son réalisateur Ron Kahlili, fils d’immigrés égyptiens, a interviewé de nombreux israéliens originaires du Maghreb et des juifs français sépharades, qui s’expriment sans fards sur la discrimination qui a touché cette vague migratoire, et sur la perception par les Israéliens de l’alya récente des juifs de France.
Depuis l’année 2000, 40 000 Juifs de France ont immigré en Israël. La plupart se sont installé dans les villes côtières : Netanya, Ashdod, Tel-Aviv et Ashkelon. D’autres dans l’intérieur des terres, de Raanana jusqu’aux implantations de Cisjordanie. Le point de départ de la série : avec l’indépendance d’Israël et la fin de la période colonialiste, les Juifs d’Afrique du nord ont dû se résoudre à quitter leurs pays respectifs. En opposition avec l’idéal sioniste, nombre d’entre-eux ne voyaient pas dans le jeune État d’Israël leur destination finale. 90% des Juifs d’Algérie, 50% des Juifs de Tunisie et 20% des Juifs du Maroc ont émigré en France. En deux générations, une majorité a réussi son intégration, tant dans les secteurs de l’économie, de la culture, que du monde politique français. Mais beaucoup parmi ceux qui ont fait leur alya ont été considérés comme des “mizrahims” (« orientaux »), rejetés à cause de leurs origines.
Quel destin pour la nouvelle vague d’immigration venue de France ? Seront-ils eux-aussi aussi « classifiés » comme des “mizrahims” ? Seront-ils aussi rabaissés comme leurs aînés, ou bien leurs origines européennes sauveront-elles leur statut en Israël ? La passionnante série documentaire de Ron Kahlili, “Hatsarfokaim”, tente de répondre à ces questions avec justesse, sensibilité et acuité. (“Tsarfokaim” est une expression d’hébreu péjorative, contraction de “français” et de “marocains”. Expression qui rappelle aux olims français qu’ils ne seraient pas réellement européens, « un peu Français, trop Séfarades », des « Marocains déguisés », façon raciste de les renvoyer à leur « arabité », les assimilant selon l’élite ashkénaze israélienne fondatrice de l’État, et leurs héritiers, à des « primitifs »).
Alain Granat
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Lire l’interview de Ron Kalhili dans Libération
© photos : YouTube / DR
Article publié le 24 février 2018. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Jewpop
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