Plus de 4 millions d’internautes ont déjà visionné sur YouTube le clip ahurissant “En tus tierras bailaré” (« Je danserai sur tes terres »), sous titré « Qué Bonito es Israel »(« Israël, c’est trop bien ! »). Il ne s’agit pas du dernier tube de Juanes ou d’Enrique Iglesias, mais de celui d’un all star composé de trois artistes péruviens et équatoriens célèbres dans toute l’Amérique latine.
Wendy Sulca (14 ans, un genre de Priscilla péruvienne, mais en moins tarte), Judith Bustos, dite « La Tigresa del Oriente » (65 ans, péruvienne également, fusion admirable d’Amanda Lear et de Larusso, et icône du net avec plus de 10 millions de visiteurs pour ses clips) et enfin Delfín Hasta el Fin (sans doute traumatisé dans son enfance par le feuilleton « Flipper »), un chanteur dont le titre hommage aux victimes du 11 septembre a fait la joie des internautes et que jewpop recommande vivement à tous les amateurs de techno équatorienne.
Comment trois stars latino-américaines ont-elles eu l’idée a priori improbable de chanter un hymne à la gloire d’Israël et leur envie furieuse d’aller danser à Jérusalem sur un rythme de cumbia ? Pourquoi ce clip terriblement kitsch, que l’on dirait réalisé avec 300 centimos par un vidéaste amateur sans talent, superpose-t-il des photos d’oreilles d’Amman, ces savoureux gâteaux que les Juifs dégustent lors des fêtes de Pourim, aux chorégraphies latinesques de nos trois chanteurs ? Ne manquez d’ailleurs pas, en regardant le clip vers 1’36, le splendide pas de danse qui a contribué à la notoriété d’El Delfin : Y ahora… el pasito del Delfín !
Les réponses à ces questions nous sont données par la journaliste Irin Carmon dans le webmagazine Tablet, qui détaille la genèse de cette délirante opération de communication politico-touristico-musicale, qu’Irin Carmon baptise ironiquement « sionisme viral ». A la base du projet, un publicitaire argentin juif, Gastón Cleiman (auteur des paroles de la chanson) et le créatif d’une web agency madrilène, Sebastian Muller, également juif. Tous deux obsédés par les clips de Wendy Sulca et ceux de La Tigresa, et par l’incroyable engouement suscité par ces vidéos sur YouTube. Sebastian Muller, qui a fait des études de cinéma à l’université de Tel-Aviv, concède qu’une partie des « fans » de ces artistes sur Internet se régalent du supposé mauvais goût de ces clips et les diffusent avant tout pour leur prétendue ringardise.
Leur intention de départ était de lutter contre l’image négative d’Israël, pays souvent vu comme « triste » et « effrayant » du côté latino-américain. Quelle meilleure idée que de confier cette mission à trois artistes souvent ridiculisés sur le net ? C’est l’argument qu’ils ont utilisé pour les convaincre. « Ce n’est pas juste une chanson en faveur d’Israël », explique Cleiman, « mais une chanson contre les préjugés ».
Pour réaliser leur projet, ils ont fait appel à Picky Talarico, réalisateur réputé de films de pub et des clips de Juanes, Diego Torres et autres stars latines, et pour la musique, à Gaby Kerpel, compositeur argentin féru de musiques electroniques et membre du groupe Zizek.
Le résultat : un clip surréaliste et foutraque, une chanson tubesque, et un énorme buzz sur Internet qui redore l’image d’Israël de façon totalement illogique et décalée. Et bientôt une tournée mondiale pour le trio de chanteurs, qui passera par toute l’Amérique latine, (hormis sans doute le Venezuela d’Hugo Chavez, que le succès de cette chanson a du rendre fou de rage…), Miami, New-York, pour se conclure en… Israël, où les artistes tiennent absolument à se produire. Il ne vous reste plus qu’à regarder le clip, à danser la cumbia en chantant « Qué bonito es Israel », et à le buzzer à votre tour !
Evidemment, son succès a engendré des dizaines de parodies hilarantes, telle que celle-ci, et bien d’autres que vous pouvez voir sur YouTube
Enorme, je partage direct !!!
J'en pleure de rire devant mon écran ;-)))
Hallucinant !
Les types qui ont fait ça sont des génies !!!!