Carbone, d'Olivier Marchal

Carbone, d'Olivier Marchal

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Olivier Marchal s’est inspiré de l’arnaque à la taxe Carbone pour son cinquième film, écrit et réalisé dans la tradition de ses grands aînés du polar français, Melville et Corneau. Un sans faute, porté par un casting étincelant, en tête duquel Benoît Magimel s’impose définitivement comme le meilleur acteur français de sa génération.
 
L’arnaque à la taxe Carbone a mis sous le feu des projecteurs des personnages tels que l’ex-trader et jetsetteur Arnaud Mimran, Mardoché « Marco » Mouly, roi de l’arnaque à la « tève » (la TVA dans le langage des truands juifs spécialisés dans le secteur) ou encore Samy Souied, ces Jewish Gangsta en cols blancs pas toujours très propres dont certains ont fini avec 12 balles dans la peau, tel ce dernier.
 
« Bien mal acquis ne profite jamais », selon l’adage… Le film, comme le souligne son affiche, s’inspire de faits réels, mais va bien au-delà de ce « casse du siècle » qui coûta à l’État français et à ses contribuables près de 2 milliards d’euros. Pour son réalisateur, c’était le cadre idéal pour brosser, comme il aime le faire à la façon d’un Claude Sautet, des histoires d’hommes et de femmes qui sombrent. Mais Olivier Marchal en a fait un film flamboyant.
 

 
Benoît Magimel incarne dans Carbone un patron de PME au bord du dépôt de bilan, dans l’impossibilité de régler ses charges et qui ne peut se résoudre à voir fermer son usine avec la perspective de mettre sur le carreau ses 40 employés. Son expert-comptable, joué par un Michaël Youn impressionnant de justesse, le met au parfum du carbone, et de la faille dans laquelle vont s’engouffrer une cinquantaine d’escrocs à la fin des années 2000. S’ensuit une flambée apocalyptique sur fond de bolides de luxe, de coke, de bombasses et de Jéroboam claqués en club. Mais tout cela a un prix. Coûtant et TVA inclue.
 
Depuis 36, quai des Orfèvres, on sait qu’Olivier Marchal a pris la relève du cinéma noir français et dirige ses acteurs de main de maître. Lors d’une projection de son film, à la question d’un journaliste sur la présence de Gérard Depardieu au casting, le réalisateur, avec son humour pince sans-rire, avait répondu : « Le gros, on en avait besoin pour la distribution du film à l’international ». On l’avoue, chez Jewpop, la perspective de voir Depardieu en « Aron Goldstein », patriarche milliardaire et autoritaire beau-père de Benoît Magimel (qui, précisons-le, joue une « pièce rapportée » non juive) nous faisait a priori bien marrer. À part son nez, on se disait que Gégé n’avait pas vraiment le type ashkénaze. Mais Depardieu peut tout jouer, même DSK. Et la scène du dîner de shabbat où il sermonne vertement  son gendre (sur fond de gefilte fish, souci du détail !) est l’un des grands moments du film, où plane l’esprit de Jean Gabin.
 

 
C’est aussi à un jeune Gabin que Magimel fait penser. Pour Marchal, l’acteur a « l’épaisseur d’un Ventura, l’animalité d’un Delon et la fragilité d’un Dewaere ». On ajoutera, pour l’avoir également vu dans La douleur d’Emmanuel Finkiel, superbe film adapté du livre éponyme de Marguerite Duras qui sortira sur les écrans en janvier, que l’intensité de son jeu impressionne de plus en plus. Le casting de Carbone est à l’avenant, avec Dani, notre Marianne Faithfull nationale, magistrale en mère juive façon maquerelle, folle amoureuse de ses deux fils – pléonasme –  (dont le personnage s’inspire d’une restauratrice qui blanchissait l’argent de l’arnaque à la taxe Carbone), Gringe et Idir Chender, révélations du film en fratrie condamnée à la perdition, et l’excellent Moussa Maaskri, en truand impitoyable digne d’un Scorcese.
 
Olivier Marchal a réussi son coup, et Jewpop vous l’assure, Carbone est tout sauf une arnaque. On vous rembourse la TVA de votre billet si le film ne vous plaît pas (moins nos frais, cela va sans dire).

 
Alain Granat
 

La bande annonce de Carbone, d’Olivier Marchal, en salles le 1er novembre

 

 
 
© photos : DR
 
Article publié le 1er novembre 2017. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2017  Jewpop
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