“Journal du coronavirus”, un lipogramme en e
(NDLR : un lipogramme est un texte dans lequel l’auteur s’impose de ne jamais employer une lettre, parfois plusieurs. Se trouvent ainsi proscrits les mots qui contiennent cette lettre ou ces lettres. Le roman de Georges Perec La Disparition est entièrement écrit sans la lettre e)
Cas chinois
Fin 2019, à Wuhan (au pays chinois), au souk d’animaux vivants, un pangolin, mordu par un rat volant, aurait transmis aux humains un virus inconnu, riquiqui mais ultra puissant, du jamais vu auparavant ! Son nom ? Covid 19, ou coronavirus. Maudit pangolin ! Fichu coronavirus, pis qu’un dragon chinois, qui a agi partout, tous azimuts, nous contaminant tous, d’Ankara à Brooklyn, d’Oslo à Bombay.
D’abord, il y a la transmission d’animal à animal (ici, du rat volant au pangolin), puis il y a la transmission d’animal à humain (quand un humain consomma du pangolin) puis, au final, la transmission d’humain à humain (par postillons, contacts, crachats, …). Du coup, on a un virus chinois surgi à Wuhan qui nous a tous (4,4 milliards d’humains, soit 60%, au 15 avril) mis au pas… ou plutôt… à la maison.
Au 14/01/2020, Xi Jinping savait. Il connaissait la transmission d’humain à humain du virus ; mais il la niait : « la transmission d’humain à humain ? Mais non ? Pas du tout ».
Pourtant, à Wuhan, au 14/01/2020, grand raout : 40.000 participants, dont maints individus du coin mais aussi moult provinciaux qui, à la fin, sont partis partout. D’où la propagation du virus parmi la population ; à Wuhan, mais aussi tout autour, il y avait au total 56 millions d’humains à la maison, sans pouvoir sortir du tout : ni travail, ni sport, ni distractions, ni achats ; nada !
Oui, Xi Jinping savait, car fin 2019, un ophtalmo (Li W.) qui officiait à l’hôpital à Wuhan, qui savait qu’un virus attaquait nos poumons, passant d’un humain à un humain, a voulu agir : communication à l’institution, puis divulgation. « Trahison ! » a rugi l’institution. Du coup, convocation au commissariat : « tais-toi, sinon tu auras moult soucis, inculpation, tribunal, prison… ». Li W. a fini par mourir du coronavirus, à 34 ans. A sa mort, l’information part sur un blog chinois ; hashtag viral : « Li W. = martyr ».
Un virus passant d’un humain à un humain ? Chut ! Motus ! Surtout, pas un mot aux journaux ni aux radios ni aux TV. Jusqu’au 20/01/2020, quand Xi Jinping prononça son discours, on ignorait tout sur la transmission d’humain à humain. Mais là, au 20/01/2020, soudain, Xi Jinping a dit : « oui, il s’agit d’un virus passant d’humain à humain. Mais ici, nous contrôlons la situation ».
Un soupçon s’immisça pourtant quand on a vu un calcul chinois qui donnait un bilan (morts du coronavirus) plus bas qu’à Madrid ou à Paris. Mais à Wuhan, on savait qu’un tsunami s’approchait, puisqu’ on avait construit au galop un hôpital colossal (2500 lits): dix jours, pas plus, pour la construction.
Donc, aujourd’hui, nous savons : Chinois = champions dans la dissimulation, compromission du pouvoir, aplomb colossal, bluff total, calculs bidons, faits distordus, … là-bas, la « glasnost » on connaît pas !
La solution ? Stop aux trafics d’animaux vivants ! Stop à la consommation d’animaux vivants, rampants, volants… !
Mais il y a pis. Aujourd’hui, d’aucuns sont convaincus qu’un coronavirus aurait pu sortir du labo P4 à Wuhan, ou d’un labo voisin, moins important, sis à 300m du souk aux animaux vivants, où l’on analysait aussi moult virus. Par hasard (ou « pas par hasard » ; « par manipulation », ont dit maints partisans du complot, dont Luc M.).
Cas mondial
Ainsi, aujourd’hui, nous combattons tous un virus chinois. Sus au coronavirus ! Son parcours ? D’abord Wuhan, puis Paris, Turin, Madrid, Moscou, Munich, Manhattan, Santiago, Tombouctou, Oslo, Stockholm, Hanoï, Dakar, Rio, Tunis, Kinshasa, Tripoli, Abidjan, Bombay, …Au total, 4,4 milliards d’humains sont soumis à la claustration !
Nous subissons un choc colossal, un tsunami brutal, un vrai tohu-bohu, un chaos mondial alarmant, choquant, traumatisant, angoissant, qui nous vainc tous, connus ou inconnus, puissants ou sans abri, nantis ou smicards, sportifs, politicards, artisans, paysans, soignants,… nous laissant surpris, ahuris, abasourdis. Aux USA, 26 millions d’habitants sont aujourd’hui sans travail !
Nous psychotons du matin au soir : allons-nous tous mourir d’un coup ? Mais pourquoi tout ça ? Damnation ? Courroux divin annonçant la fin ? La paranoïa nous abat. Ça va mal finir tout ça !
Nous vivons dans un mauvais roman d’anticipation, nous vivons un truc fou ! On dirait « Black Mirror » ou « Un jour sans fin » d’Harold Ramis.
Du jamais vu : annulations partout : matchs sportifs (football, handball, natation, golf, rugby,…), championnats (Pays-Bas Portugal), tournois, JO du Japon, football, NBA, F1, marathons, salons (autos, motos), distractions, Starmania, Jazz in Marciac, Solidays,shows musicaux, Roland Garros, bac français 2020…
Pourtant, maints croyants ultras (musulmans, juifs ou cathos) n’ont pas suivi nos injonctions mais ont ouï cardinaux, imams, rabbins fous, favorisant ainsi la propagation du virus dans la population. Idiots, abrutis, assassins !
Quant à l’OMS, pourquoi n’ont-ils pas tout dit ? Au matin du 12 mars, l’OMS a dit : « nous annonçons aujourd’hui qu’il s’agit d’un virus mondial ». Mais pourquoi pas avant? Car il y a un biais pro chinois à l’OMS (car dons par millions du Parti chinois pour l’OMS). Du coup, Donald Trump a dit : « basta, ça suffit ! Plus un sou pour l’OMS ; plus un dollar US pour l’institution qui nous a tous trahis ! ».
Cas français
Planning français du coronavirus :
24/01/2020 : 3 cas à l’hôpital.
13 mars : injonction : distanciation, plus aucun contact à moins d’1 m. Sus aux postillons, à la toux, aux « atchoums » tonitruants. Nous craignons la propagation, la contamination. Un bisou sur un banc public ? Fini !
14 mars : bars, bistrots, tous clos à minuit.
15 mars : distanciation, oui, mais… scrutins municipaux ! Nous votons !
16 mars : plus d’instruction ! Bahuts clos. Itou pour nourrissons, bambins, gamins, ados, …
17 mars à midi : nous nous confinons. Tous à la maison ! Jusqu’à quand ? Fin mars ? Fin avril ? Fin mai ? Fin juin ? Qui sait ?
Cohabitation, claustration ; chacun voit ça à sa façon : cocon familial tout doux ou carcan familial angoissant.
Nous traînons du matin au soir dans nos pyjamas ou joggings, Oblomov alanguis, ramollis, allant du couloir au salon, sans aucun but, puis du salon au frigo pour finir au lit sous nos draps, avachis sur un sofa ou alanguis dans un divan trop mou, somnolant, boulottant chips ou biscuits, buvant du vin ou sirotant du cognac, nous abrutissant d’informations, dormant mal ou pas du tout durant la nuit. Nous scrutons un klaxon, un bus, un avion, mais non : aucun bruit, nada, ni auto, ni moto, ni brouhaha urbain d’avant.
Un huis clos fatigant, crispant. Un mari brutal, criant, hurlant, qui bat sa nana ou son gamin.
Parfois aussi, craignant l’introduction du virus dans nos maisons, nous passons tout à l’alcool, du sol au plafond, murs, frigo, placards, lavabo, nos achats aussi.
Nous nous croyons tout au fond d’un cachot noir ; pourtant il fait jour. Nous nous habituons à la distorsion du jour, mais nous savons qu’il y a un hic. Nous sombrons.
Alors, nous chattons, nous skypons, nous zoomons, puis la faim d’informations grandit. Nous nous gavons : BFM, LCI, TF1, …tous accrocs aux journaux d’infos.
Mais aux infos, tout va mal. Coronavirus par ci, coronavirus par là, Macron, Matignon, Salomon, discours trop longs, tantôt pontifiants tantôt alarmants, alliant affirmations, contradictions, autosatisfaction, pas rassurants du tout. Nous suivons la situation, un bilan qui s’alourdit (100 morts, puis 5000, 10.000, 25.000,…), nous craignons un pic trop fort, la saturation dans nos hôpitaux suffoquant, quasi à l’abandon, sans gants, ni combinaisons, ni bâillons pour nos soignants au front, nous nous angoissons pour nos grands-papas, nos grands-mamans, agonisant sans pouvoir nous voir, sans aucun contact familial, dans un huis clos horrifiant ; nous craignons aussi la contamination pour nous, l’hospitalisation, la suffocation, l’intubation, nous voulons un vaccin, mais aucun bon signal à l’horizon…
On nous dit d’abord blanc, puis soudain noir, un vrai foutoir : « Obligation : un bâillon pour tous quand nous sortons » : Puis non, « sans bâillon, ça va aussi « (normal : nul bâillon à l’horizon). Faudrait savoir ! A la fin, nous fabriquons nos bâillons maison.
Il y a aussi Raoult : grand savant ou charlatan ? Diafoirus ? Gourou du sud ? Discussions sans fin, pro Raoult vs anti Raoult ; chacun a son opinion.
Mais au fait, avant, qu’y avait-il aux infos ? Tout a disparu d’un coup : conflits mondiaux, blousons safran (sic), migrants, sport, Gaza, PMA, GPA, Oscars, Polanski, modifications du fric post travail (sic)(capitalisation ou pas ?), islam radical, syndicats, Iran, Moscou, Damas, Ankara, Kaboul, Viktor Orban, Soudan, Balkany, Grivaux (sic), opposants à HongKong, Ouighours, Pyongyang, JO à Tokyo, ouragans, tsunamis, scrutins municipaux, Dati, Buzyn, Hidalgo, Villani, … pff ! Tout a disparu d’un coup, fini tout ça.
Soudain, la claustration, ras l’bol ! Fais pas ci, fais pas ça ! Zut alors ! On s’croirait à la prison ici, sans voir ni amis, ni voisins. Avant, au moins, on allait au bistrot, au travail, au sport, au parc, on voyait nos copains, on faisait du shopping, on jouait au foot, au ping pong, … fini tout ça ! Aujourd’hui, nous voulons sortir, nous voulons un grand bol d’air !
Alors nous nous imaginons flânant dans un bois, humant l’humus, surfant à Mimizan, visitant Chambord, randonnant au Mont Blanc, assistant à un match du PSG, sirotant un mojito au comptoir d’un bar ou savourant un gigot dans un bistrot… Mais stop !
Parfois aussi, la claustration a du bon : nous lisons un bon bouquin, nous visionnons un film, nous plantons du basilic, nous faisons du yoga, du taï chi, du qui gong, nous courons un marathon sur nos balcons, nous chantons pour nos voisins, puis nous occupons nos gamins : nous jouons aux loups garous, au Monopoly, au Pictionnary, au rami,…
Nous rigolons aussi. L’imagination au pouvoir ! Humour à gogo sur Facebook, humour noir, grinçant parfois, fin, subtil ou lourdaud, viral toujours, passant d’un copain à un ami puis aux voisins.
Puis, au soir, à 20h, tous aux balcons, nous applaudissons nos soignants.
Futur post covid (ou « foutur » post covid ? dans la traduction pour sourds du discours du 13 avril 2020)
Quid pour juin ? Nous l’ignorons. Claustration bis ? Immunisation ?
Alors, l’application StopCovid au 2 juin ? Pourquoi pas ? Mais s’agit-il d’un dispositif trop intrusif ou d’un vrai atout ? Mais, sans diagnostics massifs pour tous, qui sait quand on pourra sortir ainsi qu’on sortait avant, jadis ? Car pour l’instant, aucun vaccin à l’horizon.
Alors, on vit… On sort, mais pas partout ; on va au boulot, mais on craint tout transport public ; on va au magasin, mais jamais sans bâillon ; on va à moto, ou dans l’auto, mais pas loin (100 km maximum) ; on fait du sport, mais pas au jardin public ni au parc ; on voit nos amis, mais sans bisous ni câlins ; on dit bonjour aux voisins, mais du balcon…
Ah, avant !…
Rosine Klatzmann
Lire aussi L’Histoire du coronavirus à ma façon de Rosine Klatzmann
© photo : Jewpop / DR
Article publié le 19 mai 2020. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2020 Jewpop
Bravissimo pour un topo tout à fait magistral, quasi un mini-roman !
Notons qu’on a pu y voir un bug insignifiant : « Facebook » apparaît à tort, il aurait plutôt fallu son raccourci « FB ».
Nonobstant quoi on dira toujours son admiration à R. Klatzmann.