Delphine Horvilleur festival cinéma américain Deauville Jewpop

Delphine Horvilleur jurée du Festival du cinéma américain de Deauville : la fausse interview Jewpop

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Le Festival du cinéma américain de Deauville, qui fête cette année sa 46ème édition, se tiendra du 4 au 13 septembre 2020. Avec un jury particulièrement éclectique, qui comptera parmi ses membres le rabbin Delphine Horvilleur. Grande fan de cinéma, elle a accepté de répondre aux questions de Jewpop. Un entretien plus ou moins réalisé par Sharon Boutboul.

Festival ciné américain Deauville 2020 Jewpop

Jewpop : Dans une interview au Parisien, vous déclarez «les films nous aident à “déconfiner” notre vision du monde.» Qu’entendez-vous par là ?

Delphine Horvilleur : C’est quand même plus classe que de dire “les films, ça détend !”, non ? En fait, j’adore les films qui font voyager, découvrir d’autres univers. J’ai vu récemment sur Arte une œuvre remarquable d’un jeune réalisateur ouzbek, Zoulfikon Toutourov, Quand la neige fond éclosent les pétunias. C’est une histoire très forte : Umid, une jeune villageoise âgée de 6 ans et muette de naissance, est contre son gré promise par son père à Yulduz, le puissant chef du village, qui va quand même sur ses 73 ans ! La réalisation est époustouflante, un seul long plan-séquence qui s’amorce de la hutte où habite Umid vers ses petites menottes potelées caressant le lainage soyeux de son mouton, tandis que le libidineux Yulduz dévore des yeux la pauvresse et l’animal, qui finira égorgé pour garnir le plov, savoureux ragoût traditionnel dégusté pour fêter l’arrivée du printemps. Le noir et blanc privilégié par le réalisateur sublime les 3h40 du film (muet, comme Umid). C’est tout simplement époustouflant !

Jewpop : Pourtant, on nous a dit que vous étiez plus films de baston que cinéma d’auteur…

Delphine Horvilleur : Je suis très éclectique dans mes goûts, vous savez. Je pense que c’est la raison pour laquelle j’ai été sollicitée par les organisateurs du festival. On peut à la fois aimer le cinéma d’auteur ouzbek et Commando Massacre !

Affiche film Commando massacre Jewpop

Jewpop : Quelques films qui vous ont marqué dans votre jeunesse ?

Delphine Horvilleur : J’avais adoré le film italien Dio perdona Io no !, avec Terence Hill et Bud Spencer. J’aime beaucoup les western, et aussi les spaghetti. Alors vous imaginez le combo des deux ! Et puis un film titré Dieu pardonne, moi pas !, quelle puissance du verbe, j’aurais tant aimé écrire cette phrase !

Affiche du film Dieu pardonne moi pas ! Jewpop

Jewpop : Danièle Thompson a dans ses tuyaux un projet de suite des Aventures de rabbi Jacob, coécrit avec le dessinateur et auteur Jul (avec lequel vous venez de collaborer pour faire la voix d’une sirène dans sa série animée 50 nuances de Grec) dans lequel le personnage jadis incarné par De Funès serait une femme. Les postulantes pour le rôle principal seraient déjà nombreuses, on parle de Mélanie Laurent, Valérie Lemercier, Véronique Genest, Adèle Haenel… De source bien informée, vous seriez également sur les rangs. Pensez-vous qu’une ashkénaze puisse incarner une femme rabbin qui, évolution sociétale oblige, serait aujourd’hui forcément séfarade ?

Delphine Horvilleur : Ça ne me poserait aucun problème ! Je fais souvent des blagues juives avec l’accent tune dans mes ateliers Tenou’a. J’en glisse toujours quelques unes quand je repère des participants qui se sont assoupis, ça réveille l’audience ! D’ailleurs je me demande si je ne devrais pas faire du stand up… Je vais demander à Kev Adams de m’écrire quelques sketches !

Jewpop : D’autres projets artistiques en perspective ?

Delphine Horvilleur : Oui, après le film Coexister de Fabrice Éboué, j’ai été contactée pour participer à un trio de chanteurs composé, comme dans le long-métrage, d’un prêtre, d’un rabbin et d’un imam. Vous savez combien j’adore chanter ! Le père Vincent Cardot, qui cartonne sur TikTok, était partant. Mais on a eu un souci avec l’imam Chalgoumi, qui avait un peu de mal en studio avec les paroles des chansons… Bref, le projet est pour l’instant en stand by.

Douglas Attal Jewpop

Jewpop : Un dernier mot sur les autres membres du jury du festival de Deauville, et sur un film en particulier de la sélection ?

Delphine Horvilleur : D’abord notre présidente, Vanessa Paradis ! Je l’ai adorée dans la série des Taxi, quelle sacrée actrice ! Et puis Oxmo Puccino, magistral dans Le Parrain ! C’est un honneur et un privilège d’être à ses côtés dans ce jury. Côté films, j’ai bien sûr hâte de voir celui d’Yvan Attal, Comment je suis devenu super-héros, qui clôturera le festival.

Entretien plus ou moins réalisé par Sharon Boutboul

© photo et visuels : DR

Article publié le 19 août 2020. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2020 Jewpop
 

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