Girl Power Wonder Woman Jewpop
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Faisons le point #JournéeDesFemmes

14 minutes de lecture

 
On est le 8 mars, et désormais le 8 mars, c’est la journée du droit d’Annabelle à ouvrir sa bouche pour débriefer sans langue de bois.
 
En ce jour, certaines marques de lingerie comme « MATE » (change l’ordre des lettres et tu comprendras de qui je parle) prennent comme prétexte la journée du droit international des femmes pour m’envoyer un mail : « MATE s’engage et vous ? ». Objet de mail à peine culpabilisant. Je me sens dans l’obligation de l’ouvrir. Et là, je tombe sur une magnifique offre promo : un soutien gorge acheté, le slip à 1 euro reversé à une association qui soigne les problèmes gynécologiques des femmes dans le monde. Genre si t’achètes pas notre soutif t’es une mauvaise citoyenne du monde… Mais si vraiment j’ai envie, je peux donner direct de l’argent à l’association sans acheter de culotte en fait… Je suis une femme mais j’ai quand même un peu de cerveau… Enfin je crois.
 
Ben moi je profite de cette journée pour faire le point. Et pourtant j’ai déjà évoqué beaucoup de choses sur ce sujet dans mes précédentes chroniques, mais il y a toujours du croustillant à se mettre sous la dent quand il s’agit de parler de droits des femmes. Donc faisons le point ou plutôt les points, s’il n’y en avait qu’un !
 

Point d’interrogation ?

 

Cette année, on a découvert un truc incroyable. Il paraitrait que quand t’es une femme, pour réussir dans le Show biz, il faudrait, je cite « coucher » ? NOOOOOOOON ? SÉRIEUX ? REALLY ? YOU’RE TALKING TO ME ? Quelle nouvelle, OY VA VOY… Les bras, les jambes et les cheveux m’en tombent. Alors comme ça, certains producteurs abuseraient de leur pouvoir de notoriété ou de mort sur les comédiennes pour pouvoir obtenir leurs gâteries… Elles n’obtiendraient pas le rôle que grâce à leur talent ? J’en suis bouche bée…

 
Enfin j’en suis bouche cousue car si j’ouvre trop grand la bouche, ça pourrait être jugé comme une incitation. Oui car aujourd’hui être une femme est devenue une incitation. « Ouais monsieur le juge, c’est ça, dans la rue, je l’ai traité de salope. J’avoue… mais elle avait qu’à pas être une femme aussi … ».
 
Et ben, on en apprend des choses cette année, les clichés seraient vraiment vrais ? Est-ce que vous croyez à mon étonnement à travers ma plume ? Auquel cas, je suis moi même une excellente comédienne… et non je n’ai pas couché… sinon cette chronique serait à la TV pas sur un site pop-séférado-révolutionnaire. Bon, j’ai menti, tout ça, je le savais déjà… Et y a pas que moi qui le savais déjà.
 

Harvey Weinstein Me Too Jewpop

 
Ah sacré Harvey, toi qui as produit tellement de chefs d’œuvre cinématographiques, toi qui as mis en lumière tant de comédiens et comédiennes, toi qui as obtenu tant d’Oscars, ton prénom restera à jamais associé au scénario le plus pourri du monde.
 
Scène 1 extérieur jour
Dans un cocktail, une comédienne rencontre un producteur. Il l’invite dans sa chambre pour lui proposer de « bosser sur un PROJET ».
 
Scène 2 intérieur nuit
La comédienne se rend dans la chambre d’hôtel. Et en fait le « PROJET » c’est le surnom de ce qui se trouve dans le pantalon du producteur.
 
Franchement si ça c’est pas le scenario le plus pourri de la terre. Aucun suspens, aucune originalité, la fin est aussi prévisible qu’une fin d’épisode de Camping Paradis…
 
Alors on nous rabâche Harvey, Harvey, Harvey mais d’autres Harveys (qui ne s’appellent pas du tout Harvey) courent toujours tranquillement. Et oui certaines filles ont été victimes de viol, de violence, d’intimidation et il faut en parler. Mais certaines connaissaient les règles du jeu et ont accepté de jouer à Les bourses ou la vie. Celles-ci, ben elles me les brisent un peu pour être honnête. Oui parce que quand t’es comédienne et que tu couches pas , ben t’es en concurrence avec celles qui acceptent et en fait, tu es hors concours d’entrée de jeu. Tu deviens la victime collatérale de tout ce bordel. Est-ce que si tout le monde disait non, ce chantage du moyen âge ne marcherait plus ?
Point d’interrogation ?
 

Point d’exclamation !

 
Ouahouuuuuu 90 euros !!! Non ce n’est pas le prix d’une paire de Louboutin en promo, c’est le prix de l’amende que tu risques de payer si tu fais du harcèlement de rue. C’est le même prix que si tu fais un dépassement de vitesse. Voilà, le harcèlement de rue, c’est le dépassement de vitesse de ton entrejambes sur ton cerveau. Donc faudra apprendre à tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de proposer à une fille de la tourner 7 fois dans la sienne. Le truc c’est que pour juger d’un dépassement de vitesse, y a des radars à voitures. Pour juger des harcèlements de rue, va falloir inventer des radars à blaireaux ?
 
Quand j’étais petite et que je regardais des films comme Retour vers le Futur on imaginait que dans les années 2000, on aurait des voitures volantes, des baskets qui se referment toutes seules, des machines à remonter le temps… Ben non, rien de tout ça. Par contre en 2018, on va inventer des radars à blaireaux, des muselières à cons ou des ceintures de chasteté pour hommes ! Ce serait pas mal… Ceci dit, j’exagère car on a quand même réussi à inventer la machine à remonter dans le temps, puisqu’on remonte chaque jour un peu dans le passé.
 

Princesse sarah Jewpop

 
Moïse a ramené les 10 commandements, Macron va ramener les 8 mesures contre les violences faites aux femmes. Une de ses mesures est la sensibilisation auprès des enfants dans les dessins animés. Mais moi quand j’étais petite fille, avec Princesse Sarah qui s’en prenait plein la gueule, on avait déjà capté que ce serait dur d’être une femme.
 
Autre mesure : encourager à porter plainte en formant des policiers. Tu m’étonnes, va falloir les former à taper plus vite sur des claviers parce que le temps qu’ils écrivent, le délai de prescription est déjà passé depuis des années. Hollande luttait pour inverser la courbe du chômage, Macron va lutter pour inverser la courbe du caleçon.
 
Faudrait résumer ça en une mesure : DEVOIR de RESPECT ou dans un langage moins diplomate ARRETE DE FAIRE CHIER point d’exclamation !
 

Point de vue

 
En fait, j’ai le sentiment qu’être une femme, c’est comme être une minorité un peu honteuse. Quand un festival de cinéma, de musique ou d’humour est composé uniquement d’hommes on dit : c’est un festival. Mais quand c’est un festival composé uniquement de femmes, on précise c’est un festival « féminin ». De la même façon que certaines personnes ont besoin de te préciser à voix basse: «  mon voisin, il est très sympa , c’est un juif/noir/chinois/arabe ». Ben là on te précise que c’est des femmes, histoire que tu sois pas trop surpris. Ca peut choquer.
 
Le monde marche à 2 vitesses. Dans les médias, les mouvements #balancetonporc #Timesup #Metoo côtoient les facéties totalement superficielles des sœurs Kardashian et les Victoires de la musique d’artistes « autrefois » misogynes. Paradoxal et pourtant, même si ça patauge un peu, on avance petit à petit.
 
Cette année et son lot de langues qui se délient a permis une prise de parole collective, une prise de conscience internationale. Cela nous invite à espérer des salaires équivalents, des comportements dignes, des marques de respect, des rôles de femmes intéressants (sans avoir à passer sous le bureau), des jobs palpitants, des postes à responsabilité… Des femmes libres. Ça prend du temps, ça peut sembler long mais ça c’est une question de point de vue.
 

Points de suspension…

 
Quand j’étais enfant, j’ai vite compris que dans la société, on ne traitait pas les filles de la même façon. Pourtant mes parents n’ont jamais fait de différences entre garçon et fille, bien au contraire. C’était à l’école que les autres garçons et malheureusement les autres filles avaient, malgré eux, des idées bien arrêtées. « T’aimes bien courir, sauter, tu dis ce que tu penses, t’es un peu un garçon manqué, en fait non ? »
 
Un garçon manqué. Quelle expression moche ! Ce serait un garçon mais raté, quoi… Une espèce d’être pas fini. Un hybride bizarre. Moi, mes parents m’ont toujours fait sentir que j’étais une fille réussie. Ils ne m’ont jamais cantonné à un champ de compétences qui ne seraient que dédié aux filles… Quelle chance j’ai eu, je les en remercie. Quand tous les parents feront comprendre à leurs enfants que leurs filles sont libres et réussies, ce genre de chronique n’aura peut être plus lieu d’être. A suivre… points de suspension..
 
Annabelle Nakache
 
Annabelle Nakache est comédienne et est actuellement en tournée dans toute la France avec son one woman show « Comic Woman » (lire son interview sur Jewpop ici)
Toutes les dates à retrouver sur son site Annabelleshow.com
 
© visuels : DR

Article publié le 8 mars 2016. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2018 Jewpop

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