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Les rencarts qu’on préfèrerait oublier

11 minutes de lecture

Dimanche 15H, en panne de tout dans les placards, je déambule dans les allées des Galeries Gourmandes, seul endroit dans Paris intra-muros où tu peux faire tes courses le jour du Seigneur, tout en mesurant le drame des grecs : avec 10€, tu peux – à peine – payer un paquet de Chocapic et une bouteille de lait. Au rayon des beurres de cacahuètes, je croise H., un mec avec qui j’avais dîné il y a 4 ans sur l’insistance de mes copines. On s’est salué de la tête sans un mot. Le soir, calée dans mon lit, en mangeant les céréales les plus chères de France, je suis au téléphone avec David P. et on se raconte nos rencarts les plus pourris. Enfin presque tous, y en a quelques-uns que j’ai préféré oublier…

Le militant sioniste

Le + : il est plutôt mignon, viril.
Le – : on est en plein hiver et il porte le tee-shirt «Am Israel Hai» que t’as acheté quand tu avais 14 ans et que tu oses même plus porter pour dormir.
Il attaque très fort. Le serveur nous a à peine tendu les menus qu’il te questionne avec la délicatesse d’un membre du GIPN : «Tu voterais pour qui lors des prochaines élections israéliennes ?», «L’Autorité palestinienne à l’UNESCO, ça te choque pas ?», «T’as jamais visité le Goush Katif ? C’est très joli». Tu n’as pas le temps d’en placer une. Tu te demandes si tu es coincée dans « Questions pour un champion » ou en garde en vue, dans les deux cas, tu demanderais bien la présence d’un avocat. Tant bien que mal, tu tentes de l’emmener vers des sujets plus légers mais sans succès. Tu l’enverrais bien bouler, mais depuis qu’il a salué les mecs de la Ligue de Défense Juive dans la rue d’en face, tu te sens autant en sécurité qu’un travailleur palestinien à un check point.
Résultat : Tu plonges le nez dans ton assiette en te disant qu’au moins, ça fera bosser le médecin légiste, et plaisir à ta mère de savoir qu’avant de mourir, t’as bien mangé.

Le mec « quiproquo »

Le + : rendez-vous calé très vite. Inutile de rentrer se changer et de psychoter 3 jours. On va juste prendre un verre.
Le – : rendez-vous calé trop vite. Le mec a 17 ans de plus que toi. Tu vas psychoter 3 jours pour savoir ce que tu as fait pour mériter ça.
Il ressemble à un jeune senior au chômage depuis 2 ans et qui passe un entretien d’embauche. Il répète en boucle que la différence d’âge ne le dérange pas. Ce à quoi tu es tentée de répondre : «Tu m’étonnes …». Tu comptes les minutes en faisant la conversation. Un quart de seconde, tu évoque ton fils. Et là, il se racle la gorge : «Je suis désolé, je recherche une fille jamais mariée et sans enfant». Pas trop déçue, tu lui souhaites bonne chance et tu te demandes comment on peut être aussi midinette à 49 ans.
Résultat : De retour dans ta voiture, tu appelles la fille qui a filé ton numéro  à « ce mec génial !». Sur son répondeur, tu articules calmement : «Oui, bonsoir, je voulais te remercier pour ce rendez-vous. J’étais aussi à l’aise qu’un militant gay à une messe de Saint-Nicolas du Chardonnet. La prochaine fois que tu insistes pour que je rencontre un mec en âge de commander un monte-escalier Stana, je laisse ton numéro sur les forums de rencontres zoophiles».

Le mec blessé par la vie

Le + : ça pourrait coller.
Le – : ça collera jamais. Il n’est pas remis de sa rupture.
Il est venu pour se changer les idées en traînant les pieds. Il a les yeux embués dans le vague et répond par « Oui » aux questions «Tu bosses dans quoi ?» et «T’habites où ?». Seul espoir de t’en sortir : le faire parler de lui, et donc d’elle, partie l’avant-veille du mariage. Intarissable, il se confie : « Tu comprends tout allait bien, c’était le bonheur et d’un coup plus rien. C’est la femme de ma vie, je le sais !». Il enchaîne les vodkas pomme en parlant de plus en plus fort. Tout en lançant l’opération «repli» ( remettre ton manteau et rapprocher ton sac tout en scrutant la sortie) tu conclus : «Elle a peut-être paniqué. Tu devrais l’appeler et essayer de la rassurer» Il te regarde interloqué «La rappeler ? Cette salope, mais t’es malade ! Moi, je vais très bien moi. Je sors, je vois du monde. Je suis au top !».
Résultat : Tu sors t’es rincée. Une soupe et au lit. A 1h14, tu reçois un texto : « C’était vraiment cool. Tu es libre à dîner demain ?».

Le mec top

Le + : toutes tes copines rêvent de décrocher un rendez-vous avec lui. Un peu bourrée, ta copine Karine a même avoué que pour lui, « elle se convertirait à l’islam ». Sur le papier, ce mec, c’est la villa aux Bahamas.
Le – : ton téléphone n’arrête pas de bipper de textos de tes copines «Alors ?», «Raconte ?», «Vous êtes où ?», «Fais-nous rêver !». Niveau conversation : la villa aux Bahamas s’avère un mobile-home à Brides-les-Bains.
Il est grand, beau, un super taf, une sorte de Mr BIG version feuj. La voiture, un coupé super bas dont on ne s’extirpe jamais sans grande élégance, est toute option. Pas comme lui, qui semble prendre tout au premier degré. Dans ses yeux, je vois direct que je ne suis pas assez sapée. Pour enfoncer le clou, il décide de prendre un verre dans le bar d’un grand hôtel où tout le monde le salue comme un habitué. Quand j’en suis à me demander s’il joue au roi du silence, je décide de faire la conne. Quand il me demande, le doigt sur les initiales brodées de sa chemise, où je m’habille, je réponds «Dans ma chambre ou la salle de bains, ça dépend». Un peu dans la peau de La Roche sur Yon qui jouerait contre le Real, j’écourte en sortant ma CB. Il s’offusque, sincèrement paniqué à l’idée de ne pas payer. En faisant mon code (et en priant pour que ça passe), je lâche, «Et ben au moins comme ça je te laisserai un souvenir impérissable».
Résultat : tu t’es fais chier, lui aussi. Quelques mois plus tard, tu le croise dans les toilettes d’un resto. Tu lui dis «On se connait non ?», il répondra, en te tendant sa carte, «Non, je m’en souviendrais».

The SefWoman
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)

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Article publié le 17 octobre 2012 © 2019 Jewpop

 
 

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