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L'interview Jewpop de Didier Caron, auteur de la pièce Le Jardin d'Alphonse

8 minutes de lecture

 
Didier Caron, les nostalgiques des grandes années Canal s’en souviennent dans le personnage de Robert, animateur du « Bob Achat » dans la sitcom culte Blague à part. 20 ans plus tard, il est devenu l’un des auteurs et metteur en scène de théâtre les plus prisés de l’Hexagone, de sa récente adaptation de Columbo où Martin Lamotte excellait dans le rôle du célèbre inspecteur, à la reprise de La Cage aux folles avec Christian Clavier et Didier Bourdon. Brillant auteur de « comédie de mœurs », sa nouvelle création, Le Jardin d’Alphonse, se joue actuellement au Théâtre Michel. Elle révèle – entre autres – un sens de l’humour juif absolument réjouissant.

 

 
Alphonse vient de mourir. Dans la maison familiale bretonne, les membres de sa famille et un couple d’amis proches se retrouvent pour un déjeuner ensoleillé dans le jardin. Jean-Claude, le fils du défunt, annonce à ses trois enfants qu’il souhaite leur léguer la maison. Sa fille déclare qu’elle n’en veut pas. Se déroule alors un jeu de cache-cache et de massacre où toutes les vérités ne sont – a priori – pas bonnes à dire. Sur ce canevas plutôt classique, Didier Caron, qui s’est attribué le rôle d’un cardiologue juif, meilleur ami de Jean-Claude, tisse avec habileté la toile dans laquelle vont se prendre les 9 personnages de la pièce.
 
Tout y passe, des secrets de famille aux relations troubles entre fratrie, couples, parents et enfants, déclinées avec un humour ravageur et une immense sensibilité. On ne vous dévoilera pas la fin de l’histoire, jolie pirouette, ni le nom du chanteur préféré de Jewpop qui fleurit en point d’orgue dans ce jardin extraordinaire, mais on vous garantit une heure et demie de rires et de bonheur, portée par 9 comédiens absolument parfaits. Avec une mention spéciale pour Karina Marimon, époustouflante et hilarante dans le rôle de Suzanne, l’épouse sépharade du cardiologue, plus vraie que nature et jamais caricaturale. Le Jardin d’Alphonse est applaudi à tout rompre par une salle debout en fin de représentation, ravie d’avoir assisté à une telle « feel good » pièce. C’est plutôt rare ces temps-ci pour ne pas le souligner, et s’y précipiter.
 
 

L’interview Jewpop de Didier Caron

 

Jewpop a voulu en savoir plus sur la genèse de sa pièce et le rapport de son auteur au monde juif.

 

 
Jewpop : Didier Caron, vous êtes juif ?
Didier Caron : Oui, et vous ?
Jewpop : C’est nous qui posons les questions ! Caron, c’est d’où ?
DC : De Seine-et-Marne.
Jewpop : Plutôt Seine ou plutôt Marne ?
DC : Plutôt Constantine du côté de ma mère, et Seine-et-Marne du côté de mon père.
Jewpop : C’est un beau mélange ! Vous l’avez vécu comment enfant ?
DC : Avec une mère juive et un père chrétien, mais totalement éloigné de la religion, j’ai reçu une éducation laïque où les traditions juives étaient toutefois présentes : j’entendais les prières de shabbat à la maison, ma mère faisait quelques fêtes juives… Mais moi, j’ai fait obstruction ! Quand ma mère m’a demandé si je voulais faire ma bar-mitzva, j’ai dit non ! J’avais un refus complet du judaïsme, sans doute dû aussi aux relations parfois tendues que j’avais ado avec ma mère.
Jewpop : Et aujourd’hui ?
DC : Après des années d’analyse, ça va mieux. Mais vous allez rire : je suis en paix avec le judaïsme grâce à… Jésus ! Le personnage me passionne, non pas pour ce qu’il représente aujourd’hui dans la religion catholique, plutôt pour toutes les questions qu’il soulève, et l’exégèse des textes bibliques… Mais pour répondre à votre question, je ne crois toujours pas en Dieu, surtout après Auschwitz, où je me suis rendu il y a quelques années. Mais je me sens juif, bien sûr. Autrement que par la religion, comme beaucoup. C’est une dimension qui fait partie de moi et de mon histoire familiale.
Jewpop : Vous êtes en train de nous plomber l’interview, là… Revenons au Jardin d’Alphonse : le sujet est universel, mais quand même teinté d’une bonne dose d’humour juif et de références extrêmement bien vues sur le monde sépharade. C’est un hommage à votre mère ?
DC : L’univers de la pièce est lié à mes parents. La créer a été une forme de réparation. Mais je n’ai jamais pensé « humour juif » en l’écrivant, même si j’adore Woody Allen !
Jewpop : Un mot sur le personnage de Suzanne incarné par Karina Marimon. Elle est vraiment incroyable de justesse et de drôlerie, constamment sur le fil entre répliques qui font s’esclaffer le public et émotion. Comment avez vous travaillé ce rôle avec elle ?
DC : Karima n’est pas juive, elle a des origines espagnoles. Je savais que le rôle était pour elle et avais en tête un personnage entre Marthe Villalonga et la regrettée Valérie Benguigui. Je n’ai fait que lui donner quelques trucs de langage, des mots judéo-arabes courants comme mabrouk, miskin… La première lecture du texte a été magique, elle était Suzanne !
Jewpop : Voir la salle qui applaudit debout après chaque représentation, ça vous fait quoi ?
DC : J’avoue, je ne m’attendais pas à une telle réaction du public…
Jewpop : Pas de doute, en fait vous êtes ashkénaze sans le savoir.
 
Propos recueillis par Alain Granat
 
Théâtre Michel, 38 rue des Mathurins 75008 Paris
Billetterie : 01.42.65.35.02
Réservations en ligne
 
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