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Le rideau tombe sur Robert Hirsch

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Décédé à l’âge de 92 ans, l’immense acteur Robert Hirsch disait avoir le théâtre pour « religion ». Couronné de 6 Molières après avoir passé 25 années comme sociétaire de la Comédie Française, on l’aura moins vu au cinéma, dans lequel son enfance a pourtant baignée.
 
Son père, joaillier près de l’Opéra, avait fait l’acquisition d’un cinéma de quartier, l’Apollo, où Robert Hirsch enfant usera ses fonds de culotte. Pendant la guerre, sa famille, juive, se réfugie à Montmorillon, dans la Haute-Vienne. L’adolescent  y découvre la danse classique, qui restera sa passion avec le théâtre et l’opéra, et à son retour à Paris, il prend des cours et est reçu au corps de ballet de l’Opéra. Mais le départ de l’institution de son idole Serge Lifar le mène vers des cours de théâtre, et dès sa sortie du Conservatoire avec deux prix de comédie en 1948, il entre à la Comédie Française, où il dira avoir passé « les 25 plus belles années » de sa vie.
 

 
 

Son Scapin, en 1956, marquera les spectateurs, et toujours avec Molière, il joue Sosie dans Amphitryon en 1957, l’un des rôles qui, dira-t-il, l’a rendu « le plus heureux ». Il excelle aussi dans Feydeau, avec un extraordinaire et grotesque Bouzin dans Un fil à la patte en 1961.

 
 

 
 

Sa carrière cinématographique reste moins marquante, du Dindon de Claude Barma (1951) à de nombreux seconds rôles : chez Henri Decoin (Les intrigantes, 1954, avec Jeanne Moreau), Marc Allégret (En effeuillant la marguerite, 1956, avec Brigitte Bardot et Daniel Gélin), Sacha Guitry (Si Versailles m’était conté, 1956, où il est le duc de Charmeroy), Jean Delannoy (Notre-Dame de Paris, 1956 ; Maigret et l’affaire Saint-Fiacre, 1959, avec Jean Gabin) ou encore Gilles Grangier (125, rue Montmartre, 1959, avec Lino Ventura).

 
 

Pas question le samedi Robert Hirsch JewPop

 
En 1965, on le voit endosser treize rôles dans la comédie Pas question le samedi, une coproduction franco-italo-israélienne d’Alex Joffé, à la manière d’Alec Guiness dans Noblesse oblige ou de Jerry Lewis dans Les Tontons farceurs. Il y est à la fois émouvant en Chaïm Silberschatz, le « plus grand chef d’orchestre juif mondial » venu finir ses jours en Israël, et irrésistible de drôlerie, en particulier lorsqu’il se travestit en matrone allemande, dans une scène de danse mémorable. Un petit bijou d’humour juif, et un film rare et méconnu à revoir aujourd’hui, avec ses images pleines de nostalgie d’Israël avant la Guerre des six jours.
 

 
On peut également entendre Robert Hirsch dans un disque produit par Mouloudji en 1975, Poèmes et chants concentrationnaires, où il enregistre plusieurs poèmes, parmi lesquels « Le Crapaud » de Max Jacob. Michel Bouquet participe également à ce disque, les deux immenses acteurs, qui n’avaient jamais partagé la scène, se retrouveront pour une scène homérique dans le film L’Antiquaire de François Margolin, en 2015.
 

Poèmes et chants concentrationnaires Robert Hirsch JewPop

 
À propos de cette rencontre unique entre les deux derniers « monstres sacrés » du théâtre français, Hirsch racontera ce dialogue qui pourrait figurer dans tous les dictionnaires d’humour juif, rapporté par Le Point :
Michel Bouquet : « Le plus grand acteur, c’est toi. »
Robert Hirsch : « Non, c’est toi. »
Michel Bouquet : « Non, c’est toi, je te jure. »
Robert Hirsch : « Bon, alors, disons que c’est moi, comme ça, on n’en parle plus. »
 
Alain Granat
 
© photo de une : Robert Doisneau, « Les Amants magnifiques » de Molière, Robert Hirsch, Jacques Charon, Jean-Paul Roussillon / DR
Article publié le 17 novembre 2017. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2017 Jewpop

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