Vos ancêtres ont été chassés d’Espagne lors de l’Inquisition ? Avez-vous, comme 132.226 juifs séfarades qui ont sollicité la nationalité espagnole avant la date limite de lundi, déposé un dossier pour obtenir un passeport ibère ?
Depuis 1982, le gouvernement espagnol offrait la possibilité aux juifs séfarades pouvant prouver leur généalogie ibère, d’acquérir la nationalité du pays sous réserve de résider au moins 2 ans en Espagne. Le 22 novembre 2014, le ministre de la Justice espagnol a présenté un statut particulier et un nouveau processus, supervisé par la Fédération espagnole des communautés juives, permettant aux candidats désirant être naturalisés de postuler plus facilement.
Les nouvelles directives étaient les suivantes : prouver vos origines hispaniques par celles de votre nom, par la langue (habla ladino ?), par un document généalogique, mais mieux encore, par vos liens avec la culture espagnole. Moi, par exemple, je suis fan du Barça, de Penélope Cruz et de Joselito. Et nonobstant le fait que mes parents soient nés en Pologne, je défie n’importe quel fonctionnaire ibère de me démontrer que le nom Granat ne trouve pas ses racines à Granada. Et hop, le passeport está tirado !
L’union sacrée Jewpop / Jewsalsa au Camp Nou à Barcelone
Depuis le mois de septembre, les demandes se sont accélérées de manière spectaculaire avec 72.000 dossiers supplémentaires déposés. Mais visiblement, le processus est plus long et complexe que prévu, comme le rapporte l’AFP : “Pour le moment, seuls 6.000 demandeurs ont obtenu la naturalisation, selon Pedro Garrido Chamorro, directeur général des registres et du notariat, un organisme dépendant du ministère. La grande majorité des demandeurs résident en Amérique latine, où les descendants des Séfarades se sont établis à partir du 16e siècle, à commencer par le Mexique (20.000), le Venezuela (près de 15.000) et la Colombie (environ 14.000). De nombreuses demandes sont aussi venues d’Argentine (plus de 4.000) et d’Israël (plus de 3.000).“
Les candidats doivent faire certifier leur origine séfarade par un rabbin ou via une enquête généalogique, et passer un examen d’espagnol à l’Institut Cervantès, dans le cas des non-hispanophones. Tous les candidats doivent en outre passer un test de culture et société. Les documents doivent ensuite être validés par un notaire et le demandeur doit se rendre en Espagne pour signer l’acte notarial, comme l’explique encore l’AFP.
Plateau du Seder de Pessah, musée juif de Gerone
Mais à quoi va bien pouvoir me servir ce passeport espagnol ? Les avantages fiscaux ? Madrid ou Barcelone ne seraient pas plus intéressants que Bruxelles, et si ces villes auraient vu depuis quelques temps leur communauté française s’agrandir, les frites semblent avoir plus la cote que les churros chez nos concitoyens fortunés… Voter en Espagne ? L’expérience Manuel Valls à la mairie de Barcelone est éloquente, et le reste du pays vit une instabilité gouvernementale peu encourageante… Le droit de travailler dans un pays dont le taux de chômage avoisine les 14 % ? Pas mieux qu’en France… En cherchant bien, le seul truc intéressant que j’ai pu trouver, c’est un tarif réduit pour l’entrée dans certains musées. Cool.
Si cette mesure a surtout valeur de symbole, une forme de repentance au sein d’une société espagnole où l’antisémitisme est longtemps resté ancré dans les mœurs, elle pourrait aussi donner des idées à d’autres. Certains musulmans, par exemple, qui auraient aussi de sérieux arguments à faire valoir pour bénéficier de cette « loi du retour », façon reconquista à l’envers. Et là, les Espagnols ne seraient pas sortis de l’auberge.
Éric Zemmour, selon nos sources, aurait entamé les démarches pour acquérir son passeport ibère, et prendrait des cours intensifs pour ses futurs discours guerriers dans la langue de Cervantès. Trop facile, “islamophobie“ se dit en espagnol “islamophobia“ et “Grand remplacement“, “Gran reemplazo“. Arriba Zemmour !
Alain Granat
© photos : photo de une : Toma Salud / DR / Photos Jewpop / DR
Article publié le 4 octobre 2019. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Jewpop
L’Espagne est très fermée quand aux fêtes juives
Mon enfant qui habite près de Barcelone n’a pas pu rentrer dans une Syna pour pessah faute de preuve de la judaïcité ….
il a passé les fêtes tout seul !
A bon entendeur pour les prochaines fêtes ! Il s’appelle Simon et il a 20 ans