Lettre ouverte à Dieudonné

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Dieudonné, je n’ai pas décidé de t’écrire. J’y suis contrainte. Ça me coûte, oui, je sais ; tu vas dire : «Les juifs, l’argent, bla bla…». T’écrire me rappelle quand j’avais 16 ans et que je devais, sous la dictée de ma mère, résilier pour la 4e fois mon abonnement au Club Dial.
 
Le Club Dial m’a eu avec une offre promo (5 CD à 100 francs) avant de m’imposer le CD de Mylène Farmer à 186 francs. Toi c’est pareil. Tu nous as eus, au début, via ton duo avec Elie Semoun et l’hilarant «Aidez-nous à payer notre dette à la société», avant de nous imposer ta chanson « Shoah-Na-Nas » sur l’air d’Annie Cordy.
J’ai appris que ton épouse avait déposé la «quenelle» à l’INPI. Depuis Nabilla, la seule fille en France à pouvoir dire sans raquer «Non mais allô, quoi !», on sait qu’on peut déposer du vide. Mais de la merde, là, je suis sciée. L’Institut National de la Propriété Intellectuelle, c’est vraiment plus ce que c’était…
Pas une semaine sans qu’un de tes fans n’exécute ce fameux geste. La plupart nous rétorquent «Mais ce n’est pas antisémite, c’est anti-système». Dans ce cas-là, faudra nous expliquer pourquoi ils sont tout content de le faire devant les synagogues, les centres communautaires, les panneaux «rue des Juifs». Je n’ai encore jamais vu une quenelle devant un Centre des impôts ou une Caisse d’assurance maladie.
J’ai appris qu’entre Alain Soral et toi, ce n’était pas vraiment le grand amour en ce moment. Dans un échange de mails avec ton épouse, Alain Soral explique que tu es entouré de crétins, d’idiots, de moches et de tarés. Il s’inquiète «J’espère que demain il ne faudra pas aussi vous payer des droits pour être antisémite ?». Pour moi, c’est un peu comme voir la peste faire un procès au choléra pour «concurrence déloyale». Je croise les doigts pour que ça finisse comme dans «Mega Shark versus Giant Octopus».
Je ne m’attarderai pas sur les origines de ton mal. L’antisémitisme est une maladie contagieuse véhiculée par plusieurs espèces, dont tu es aujourd’hui la sinistre vedette. Le sujet touché par la maladie de l’antisémitisme est pris de plusieurs symptômes. La cohérence n’en fait pas partie. Au-delà du fait que dans le même temps, il hait les noirs et peut rire de tes blagues, il multiplie les crises vomitives où il compare Israël à l’Allemagne nazie, tout en niant la réalité du génocide juif.
Tu vois des juifs partout et tout le temps. Pour pouvoir servir ta propre thèse de martyr de la liberté d’expression, victime du «lobby juif», tu multiplies les dérapages.
– Danser sur scène avec ton régisseur habillé comme un déporté
– Faire parrainer ta fille par Jean-Marie Le Pen,
– Discuter avec Ahmadinedjad
Qu’est-ce que tu vas pouvoir faire pour aller plus loin ? Je vais te faire gagner du temps. Plutôt que de tenter de te produire en Israël pour pouvoir hurler au boycott, tu devrais directement te marier à la mairie avec Tariq Ramadan, façon Coluche et Le Luron, et en prime Beatrice Bourges comme témoin.
En parlant de Thierry le Luron, justement. Son auteur, Bernard Mabille, a raconté qu’un soir, l’impresario de l’humoriste était venu le voir en lui expliquant qu’il allait baisser son cachet, qu’il jugeait trop important. Mabille avait répondu «Ok. Dans ce cas-là, je reprends mes textes, et ce soir Thierry rentrera sur scène pour dire Bonsoir et Merci». Et bien, tu vois, je crois que ton antisémitisme et ton antisionisme sont à ton spectacle ce que Bernard Mabille était à celui de Thierry le Luron. Si on enlève tes insultes, ta lubie des juifs, tes diatribes sur la Shoah, il reste… un lever de rideau.
En attendant, tout en continuant à insinuer que les juifs tiennent les cordons de la bourse mondiale, tu encaisses 38 € par place assise dans ton théâtre parisien. L’antisémitisme ça rapporte. Dieudonné tu me fatigues. À cause de toi, mon espace vital de liberté se réduit. Hier, déjà, j’étais obligée d’éteindre Rires et Chansons quand je tombais sur l’un de tes vieux sketchs en duo avec Elie Semoun. Toujours, à cause de toi, après avoir vu Tony Parker faire une quenelle dans ta loge, je n’ai pas pu me réjouir de la victoire de l’équipe de France de basket au championnat d’Europe. Si Alexandre Astier continue de te soutenir, je vais finir par trouver Kaamelot beaucoup moins drôle. Tu fais le vide autour de toi, mais aussi autour de moi. Tu m’obliges à faire des choix que je n’aurais jamais fait.
Récemment, je me suis rendue compte que ton nom ressemblait au couplet du «Mendiant de l’amour» d’Enrico Macias. Enrico, c’est le seul chanteur qui fait bouger à l’Olympia Tata Simone qui est sous respirateur artificiel, alors que pour la levée du corps de son beau-frère, un étage en-dessous de chez elle, elle a dit qu’elle était trop fatiguée. Et ça mon gars, je peux dire que c’est vraiment drôle.
Avec tous les problèmes de fric que t’as, je suis très étonnée que tu n’aies pas encore opté pour l’exil fiscal en Iran. Avantage : t’auras pas à choisir entre antisémitisme et antisionisme. Là-bas, c’est fromage et dessert. Par contre, c’est vrai  que côté vidéos virales sur Internet, tu lèveras le pied, YouTube y est interdit. Mais bon, le truc pratique, c’est que tu n’auras plus besoin d’acheter des «vues». Tu feras des économies. Et là, tu vas me ressortir le couplet «Les juifs, l’argent, bla, bla…». Mais tu vois, là, je parle du tien.
 
The SefWoman
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)
 

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Article publié le 24 décembre 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2013 Jewpop
 

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