Machiah, Machiah, Machiah ! Oy oy oy oy !

8 minutes de lecture


 
Si on ouvre le dictionnaire au mot “Messie”, on tombe sur cette définition : “Sauveur, homme providentiel ». Dans la tradition juive, le Messie, Machiah en hébreu, c’est comme le dahu, le retour de la croissance, la baisse du chômage, les bonnes audiences sur France 3 : on en parle beaucoup mais on le voit jamais.
 
La première fois que j’ai entendu parler du Machiah, j’étais en colonie de vacances et je portais un tee-shirt «Hard Rock Café Tel Aviv», c’est te dire si ça date. Bref je dois avoir 12 ans, on est tous assis en cercle à chanter «We want Machiah Now». Tout en tapant dans les mains, ma copine Johanna Dadoun me chuchote «Now, now, faut se détendre, moi j’ai rendez-vous avec Mickael Choukroun derrière l’économat dans 10 minutes. Si je l’embrasse pas tout de suite, cette connasse de Yael Zibi va me le piquer !».
 
La dernière fois que j’ai entendu parler du Machiah c’était avec la femme du rabbin de ma mère. En l’évoquant, elle était aussi excitée que Kim Kardashian qui aurait privatisé Chanel,  ou que ma mère qui se rend compte en rentrant à la maison que la caissière de Naouri ne lui a pas compté les deux paires de Damhouth.
Quand elle m’a dit : «tu comprends, quand Machiah sera là, on sera délivré», je me suis retenue de lui répondre, «de quoi ?».
Quand elle m’a dit : «on travaillera plus», j’ai failli lui répondre «tu bosses pas toi, tu t’en fous».
Quand elle m’a expliqué : «Maïmonide raconte que Le Roi Machia’h rassemblera tous les exilés d’Israël», je n’ai pas pu me contenir …
 
Moi : «Tous les juifs du monde en Israël. Dans un si petit pays. C’est Mahmoud Abbas qui va faire la gueule. J’imagine la tronche qu’il va faire quand Bibi va lui expliquer qu’il va falloir se serrer un peu et faire encore des efforts».
Elle : «Tu n’y es pas du tout. Y aura plus de problèmes politiques, plus de premier ministre, plus de palestiniens… Ce sera la paix. Les juifs seront les rois du monde. Ce sera le retour au Paradis».
Moi : «Pour moi le paradis c’est un jour de RTT avec du soleil, qui se termine par un coup de fil de mon boss qui m’annoncerait une prime et le licenciement de ma senior».
Elle : «Faut arrêter de faire du lachone ara. A chaque fois que tu fais du lachone ara, ça stoppe l’arrivée de Machiah».
 
Bon à ce niveau-là de la discussion et si la femme du rabbin dit vrai, je suis contrainte de diffuser ce message de service : «Na Na Nin – Mesdames, Messieurs, suite à un incident  technique, le Machiah aura un retard à ce jour indéterminé. Merci de rejoindre le mouvement Habad afin de prendre les correspondances. Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée – Na Na Nin».
 
Si je parle des Habad, c’est qu’ils ont réglé le problème. Pour eux, Machiah, c’est leur rabbi. Inutile de leur dire «mais il n’est pas mort en 1994 ?», sauf si t’as envie de te faire séquestrer dans un oratoire jusqu’à ce te poussent une barbe, un chapeau et un caftan. Les Habads ont un sens de la persuasion qui confine à la lobotomisation du cerveau. C’est des publicitaires hors pairs, pour faire passer la halakha, ils l’ont enroulé dans un joli papier cadeau : la joie, la musique et la danse. Grâce à ça, ils ramènent à la religion des mecs hyper éloignés. Plus ils sont loin, mieux c’est. Sorties de boîtes, sorties de prisons. Rien ne les arrête. Et quand ils ont réussi à ramener au troupeau des brebis égarées, ils sont récompensés : on les envoie très loin pour propager la Thora. Ça se passe à peu près comme ça.
 
Menahem-Mendel : On va te demander de reprendre une communauté.
Mendel-Menahem : Génial !
Menahem-Mendel : On a deux affectations. Y a Vladivostok de libre…
Mendel-Menahem : Super !
Menahem – Mendel : Ou Sosua en République dominicaine.
Mendel – Menahem : Super !
 
Je sais, toi, tu aurais choisi sans hésiter la République dominicaine, mais Mendel le sait, entre se peler en Russie à -45°C et suer comme un bœuf dans son costume sous 40°C à l’ombre, c’est kif-kif. C’est pour ça que Mendel-Menahem laissera Menahem-Mendel choisir pour lui et ce sans en avertir sa femme, Haya Mouchka, qui n’est autre que la sœur de Menahem-Mendel  (ça va, vous suivez ?).
 
Croire au Messie avec un grand M, c’est le meilleur moyen de se faire avoir par des faux prophètes qui vous font croire n’importe quoi. Ils vous promettent un monde meilleur. Et vous déçoivent. Le hic, c’est que même désavoués, ils refusent de reconnaître la supercherie et jurent qu’un jour, ils reviendront pour éclairer le monde de leur génie et de leur intelligence. Et tu sais c’est quoi le pire ? C’est qu’ils te disent qu’ils font pas ça par envie, mais par devoir, «parce que la situation l’exige».
 
 
The SefWoman
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)
 

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5 Comments

  1. je viens de découvrir que l’antisémitisme existe chez les juifs, et malheureusement il est encore plus virulent !!
    En tant que spectateur non juif de votre monde juif, je comprends mieux les insultes de Sale Juif.

  2. Il existe une secte juive qui sait que le Messie est déja arrivé, elle a proliféré, Il s’agit des Chrétiens

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