Quand mon boss m’a dit “Sharon, je ne peux pas regarder la soirée des César, c’est vendredi soir et je prépare mon dîner de shabbat. Vous me ferez un papier, je suis sûr que vous aurez de la matière !” j’ai failli m’étrangler avec mon sandwich tunisien. Lui qui passe son temps à poster sur sa page Facebook des vidéos de ses recettes – dont je doute fort de la cacherout – dignes de Malaise TV… Bref, je n’avais pas le choix.
En regardant la soirée des César, j’en suis presque venue à regretter la cérémonie des 7 d’or. Le show a démarré en beauté avec un ballet qui aurait fait passer ceux des émissions de Maritie et Gilbert Carpentier pour du Alvin Ailey. Dans le plus pur style variété albanaise des années 80. Le tout sous la houlette de Florence Foresti, qui côté vannes a tout donné. Ambiance René Cousinier en moins drôle et bien plus lourd. Ce qui reste quand même un exploit quand on apprécie comme moi l’humour de René Cousinier, surnommé “René la branlette”.
D’ailleurs une question m’a taraudée pendant toute cette soirée : pourquoi Foresti, dont on connaît la détestation qu’elle éprouve envers Polanski, a-t’elle accepté de participer à cette mascarade ? Tout ça pour filer à l’annonce du prix du meilleur réalisateur décerné à celui qu’elle dénomma subtilement “atchoum”, et touiter de son lit douillet “écoeurée” avant d’aller vomir dans son bidet. Moi j’aurais dit à Florence “Rends l’argent”, façon ex-fan de François Fillon. À moins qu’elle n’ait offert son cachet à son association Woman Safe ?
Les moments pathétiques se sont ensuite succédé. Tel Jean-Pierre “Droopy” Darroussin (moi aussi j’ai envie de faire ma Foresti) refusant de prononcer le nom “Polanski”, rappelant à l’insu de son plein gré les grotesques Chevaliers qui disent “Ni !” de Sacré Graal des Monty Python. Vous savez, ces chevaliers gardiens des mots sacrés « Ni », « Peng » et « Neee-Wom ». Ceux qui les entendent vivent rarement assez longtemps pour aller raconter leur histoire, explique le roi Arthur dans ce monument d’humour british.
Je ne devrais pas l’avouer publiquement, mais passé ces moments pénibles, j’ai rapidement basculé dans le monde merveilleux des Marseillais aux Caraïbes. Si j’avais une suggestion à faire pour la prochaine édition des César, ce serait de réunir Adèle Haenel, Céline Sciamma, Roman Polanski, Emmanuelle Seigner, Aïssa Maïga, Virginie Despentes, Florence Foresti, Patrick Bruel, Jean Dujardin, Luc Besson & many more dans une villa au soleil et sous les caméras. Au moins on se marrerait.
Sharon Boutboul
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Article publié le 2 mars 2020. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2020 Jewpop