Photo de Rokhaya Diallo Jewpop

La Shoah revue et très blanchie par Rokhaya Diallo

4 minutes de lecture

Dans le monde des historiens et chercheurs spécialistes de l’Histoire de l’extermination des Juifs d’Europe, le nom de Rokhaya Diallo suscite l’admiration pour ses parutions scientifiques très remarquées, telles que “Savon et blanchité sous le IIIème Reich”, “Leni Riefenstahl, d’une esthétique nazie à la sublimation de l’africanité, un cas exemplaire de rédemption blanche” ou encore sa brillante exégèse de Mein Kampf,  “Quand Hitler écrivait Ma blanchité”, qui lui a valu une notoriété certaine outre-atlantique.

Tweet de Rokhaya Diallo Blancs génocides Jewpop

Faut-il rire ou pleurer devant les propos tenus sur Twitter par Rokhaya Diallo sur la Shoah ? Quand “l’éditorialiste” la brandit pour étayer ses thèses indigéstenistes, son obsession qui frise la pathologie et le dispute à l’ignorance crasse produit une bouillie idéologique au fumet nauséabond. Morceaux choisis (ou moisis, rayer la mention inutile).

Tweet de Rokhaya Diallo Juifs nazis Jewpop

La propension à l’anachronisme de Rokhaya Diallo, qui repeint en blanchité la première moitié du XXème siècle pour sa cause – qu’elle dessert plus qu’elle ne la défend – n’est qu’un des aspects de son inculture abyssale, qui se manifeste notamment dans son essai Racisme, mode d’emploi (2011), où l’on peut notamment apprendre que «L’antisémitisme nazi a une particularité : il ne sert jamais à justifier une domination ou l’exploitation d’autres peuples.», notre historienne poursuivant «L’idéologie nazie, si elle a prêté aux Juifs les caractères négatifs que l’Église leur avait déjà associés… ne leur a jamais attribué de caractéristiques inférieures, au point de les dire rusés voire plus intelligents que la moyenne – à l’inverse des Tziganes, des homosexuels et des personnes handicapées, eux aussi déportés mais perçus comme des populations nuisibles ou malsaines.»

Tweet de Rokhaya Diallo Juifs nazis Jewpop

Mais c’est son art de la “catégorisation” qui reste finalement l’aspect le plus risible de la dialectique dialloiste. En la lisant, on se réjouit à la découverte du concept de “racistes nazis” (oui, il fallait le souligner, les nazis n’étaient pas tous adeptes du vivre-ensemble), du “groupe des blancs” et de son sous-groupe les “blancs juifs“, autres trouvailles essentialistes qui finalement ne font que la distinguer très peu de ses collègues d’extrême-droite.

Texte de Rokhaya Diallo Juifs nazis Jewpop

Nous attendons maintenant avec une impatience non dissimulée ses analyses brillantes des génocides des Arméniens, des Cambodgiens, des Tutsi… Elle sera, c’est certain, à la hauteur pour nous en offrir une lecture richement illustrée et inclusive. Si Molière (NDA : dramaturge blanc) avait eu vent de Rokhaya Diallo lorsqu’il écrivit Les précieuses ridicules, nul doute qu’il lui aurait dédié sa pièce avec admiration.

Alain Granat

Directeur de la publication de Jewpop, le site qui voit.e des juifs.ves. partout.e (blancs, noirs, asiatiques, séfarades, ashkénazes, roux, transgenres, coiffeurs) !

© photos : captures d’écran YouTube / Twitter

Article publié le 15 septembre 2019. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Jewpop

11 Comments

  1. Bonjour,
    Cet article a une absence d’arguments totale, les propos de Rockhaya Diallo sont choquants à vos yeux parce qu’elle emploie le concept de blanchité et elle explique le rationel des nazis (normal que ce soit choquant). Il faut noter que cet article ne dit rien de substanciel et préfère se faire une defenseuse des juifs son ennemi juste parce que « meuuuh elle a dit que les juifs étaient pas blancs aux yeux des nazis »
    Mais si vous vous replongez dans la justification des nazis, la race blanche était celle de la race Aryenne. Mais cette race n’englobait pas seulement la couleur de peau mais aussi divers traits physiques et comportements considérés comme impurs. Forme du crâne, religion, handicap, sexualité… Tous ces traits pouvaient exclure les gens de la race aryenne. Ce que Rokhaya Diallo explique, c’est que les personnes blanches non jamais soufferts d’un génocide ou d’un racisme systémique par des non-blancs, à moins que vous ne validiez les analyses d’Hitler lui-même. Les juifs, en tant que groupe ayant alors une peau blanche en Europe, n’ont pas été exclus de la race aryenne parce qu’ils étaient blancs, mais parce qu’ils étaient juifs, parce que d’autres traits physiques et comportements stéréotypés, soutenus par une théorie du complot les ont exclus de la race aryenne, supposément parfaite et pure.
    Les juifs étaient perçus comme intelligents par les nazis puisque pour eux, ils dirigeaient le monde par la finance mondiale. Comment ne pas faire le lien? Dans le livre que vous citez (de manière malhonnête) vous pourrez aussi trouver que « c’est le racisme qui fait exister les races, non le contraire ». Au vu de votre signature, vous êtes en fait d’accord avec elle mais parce qu’elle et d’autres chercheurs et militants traitent du racisme sous ses formes modernes plus subtiles, vous les confondez. Parler du racisme pour le déconstruire, l’analyser et le combattre n’a rien de raciste mais vous faites cette erreur d’analyse.
    Quelle analyse d’ailleurs ? Ceci est un commentaire mais j’ai écrit plus que cet article. Il n’y a pas d’analyse, vous avez juste repris le discours des racistes qui veulent réduire à néant le discours antiracisme qui dépasse le simple « tout le monde doit se respecter ».

    • Veuillez m’excusez pour les fautes, qui certaines sont des fautes de frappes ou des manigances du correcteur automatique

    • Auriez-vous l’amabilité de me citer des sources historiques ou extraits de déclarations de dignitaires ou idéologues nazis expliquant que “les juifs étaient plus intelligents que la moyenne“, pour reprendre l’argumentation stupide de Madame Diallo que vous citez sans ciller ? C’est d’autant plus choquant, comme le souligne bien cet article, alors que les juifs étaient considérés par les nazis comme des “sous-hommes“ et qualifiés de “Stück“ (pièce en allemand) dans les camps d’extermination. L’ensemble du discours de R. Diallo sur ce sujet est effectivement d’une subtilité telle qu’elle s’enfonce toute seule avec ses écrits incompréhensibles, usant d’une novlangue boursouflée au point qu’il faille une “explication de texte“ bancale pour tenter de comprendre sa “pensée“…

      • >Auriez-vous l’amabilité de me citer des sources historiques ou extraits de déclarations de dignitaires ou idéologues nazis expliquant que “les juifs étaient plus intelligents que la moyenne“
        On peut jouer sur les mots, les nazis ne l’ont pas exprimés en ces termes mais présentaient le juif comme manipulateur, trompeur et surtout contrôlant la finance capitaliste mondiale dans le but explicite de soumettre les autres peuples, notamment les nazis eux-même. Il n’allaient pas les complimenter mais il faut avoir une certaine intelligence pour réaliser un tel complot et représenter un telle menace.
        >C’est d’autant plus choquant, comme le souligne bien cet article, alors que les juifs étaient considérés par les nazis comme des “sous-hommes“ et qualifiés de “Stück“ (pièce en allemand) dans les camps d’extermination.
        Ainsi les nazis n’attaquaient pas les juifs parce qu’ils étaient blanc (il faut rappeler que le contexte de la conversation twitter est sur le racisme anti-blanc). Les nazis étant eux-même blancs, l’attaque se faisait sur d’autres traits physiques, sur la théorie du complot. Les homosexuels, juifs, handicappés assassinés durant le génocide n’a pas été organisé pour le motifs que ces personnes étaient blances (racisme anti-blanc) mais parce qu’ils étaient juifs, parce qu’ils aimaient les hommes, parce qu’ils ne ressemblaient pas à l’idée de la pureté Aryenne et qu’ils étaient en bas de la hiérarchie édictée.
        >L’ensemble du discours de R. Diallo sur ce sujet est effectivement d’une subtilité telle qu’elle s’enfonce toute seule avec ses écrits incompréhensibles, usant d’une novlangue boursouflée au point qu’il faille une “explication de texte“ bancale pour tenter de comprendre sa “pensée“…
        La lecture hors contexte de sa pensée ne justifie pas un article paresseux, et je prends un tel article venant de ce site particulièrement dommage puisqu’il conduit à diviser les personnes victimes de racisme et de discriminations entre-elles. En dépassant la seule phrase dont la compréhension a pu échapper à beaucoup, notamment par les antisémites ravis de pouvoir dénoncer peut-être une phrase qui aurait pu être plus claire. Le racisme anti-blanc n’existe pas, et si Diallo s’est mise à parler de ça c’est parce que des imbéciles ont voulu prendre les juifs comme une idéale victime blanche, alors même que nous sommes tous d’accord pour dire que l’antisémitisme est spécifique. Le juif n’est pas considéré comme « blanc » par les nazis.
        J’ai clarifié ma pensée et vous remercie pour la conversation

  2. Bonjour,
    Vous me demandez d’analyser les propos d’une ignare, j’avoue que l’exercice est fastidieux… En premier lieu, je me permettrais de vous conseiller la lecture de l’ouvrage remarquable de l’historienne afro-américaine Nell Irvin Painter, qui a consacré 20 ans de recherches pour écrire “Histoire des Blancs“, livre autrement plus intéressant que les éléments de langage “différentialistes“ que débite Rokhaya Diallo sur les réseaux sociaux, et qui ravissent ses fans. Mais on ne s’improvise pas historien… Au risque d’être redondant, mais vous m’y obligez, appliquer la “grille de lecture“ de Rokhaya Diallo (“blanchité“, “groupe“, “non-blanc“, etc…) à l’extermination des Juifs d’Europe est une aberration historique, un anachronisme. Alors oui, dire que les Juifs ont été exterminés parce que Juifs, c’est une évidence. Dire qu’ils n’ont pas été exterminés “à cause de leur couleur de peau blanche“, c’est d’une insondable bêtise, les Juifs ont été dépouillés de toute humanité par les nazis. Mais cerise sur le gâteau (indigeste), écrire également que “les nazis ne leur ont jamais attribué de caractéristiques inférieures“ est la manifestation d’une inculture absolue sur le sujet. Vous m’expliquerez en quoi cette citation est malhonnête, elle n’est absolument pas sortie de son contexte. Maintenant, de quel “discours antiraciste“ parle-t-on ? De celui qui prône une dialectique “postcoloniale“ entre “blancs“ oppresseurs et “noirs“ opprimés, ce différentialisme initié par les Black Panthers, Malcolm X, Nation of Islam, en opposition à l’universalisme de Martin Luther King. Cette dialectique dont use R. Diallo se réduit à ce schéma binaire, source de toutes les outrances idéologiques, particulièrement manifestes dans ses propos sur les génocides et dans son argumentation qui vise à affirmer que jamais des “blancs“ n’ont été opprimés par des “non-blancs“ en raison de la seule couleur de leur peau, soulignant une fois de plus son équation “noirs opprimés vs blancs oppresseurs“. La belle affaire ! Étrangement, R. Diallo reste très discrète dans son art de la catégorisation sur certains sujets toujours délicats à aborder dans son univers militant, au hasard le “groupe“ Arabe, pour reprendre sa dialectique. Blancs ou non-blancs ? Dans l’une ou l’autre de sa catégorisation, quid des traites négrières, des Africains castrés par centaines de milliers, de la destruction des peuples berbères (blancs ou non-blancs, ces derniers ?), des chrétiens et des juifs réduits au statut de dhimmi, des Européens capturés et vendus comme esclaves au XVIe et au XVIIe siècles… Quid également des grands empires africains tels que le Ghana et le Mali, dont les seigneurs vendaient les vaincus des peuples voisins aux marchands d’esclaves portugais et anglais ? Son point de vue “historique“ sur ces sujets, puisqu’elle se targue de réécrire l’Histoire à l’aune de la “blanchité“, serait intéressant 😉 Et si l’on veut pousser le raisonnement sur des sujets plus actuels, quelle crédibilité donner à une militante antiraciste qui considère Dieudonné comme un “humoriste“ et n’a rien à dire sur les saillies homophobes de son amie Houria Bouteldja, des Indigènes de la république ? À défaut de tenter de vous convaincre, je vous laisse réfléchir à ces sujets, il me semble que le combat antiraciste mérite mieux que tout cela. Bien à vous.

    • >Alors oui, dire que les Juifs ont été exterminés parce que Juifs, c’est une évidence. Dire qu’ils n’ont pas été exterminés “à cause de leur couleur de peau blanche“, c’est d’une insondable bêtise, les Juifs ont été dépouillés de toute humanité par les nazis.
      Ceci était en réponse à des gens qui pensaient le contraire, invoquant la shoah comme une forme de racisme anti-blanc.
      > écrire également que “les nazis ne leur ont jamais attribué de caractéristiques inférieures“ est la manifestation d’une inculture absolue sur le sujet.
      Je ne vois pas où elle dit ça, la seule mention que je vois s’applique aux blancs, non aux juifs, car pour les nazis (et pour les racistes actuels), les juifs étaient une race distincte et inférieure.
      >soulignant une fois de plus son équation “noirs opprimés vs blancs oppresseurs“
      On attend alors toujours un contre argument à cette règle. Le problème est que le racisme est souvent une peur d’être oppressé par les personnes non-blanches, mettant en place des institutions de contrôle des minorités pour les maintenir hors de la norme. Vous citez MLK, une personne dont les visions universalistes lui a valu, la surveillance par le FBI et le CIA, puis la CIA par une personne qui ne devait pas beaucoup aimer ce qu’il disait. Il faut être conscient que derrière le message que toutes les humains sont égaux en droits et dignité, une violence politique est mise en place pour maintenir la hiérarchie dans son état actuel. De plus les progrès que MLK a entraîné ne peuvent pas forcément être différenciés des approches plus radicales, MLK se décrivait lui-même comme un radicaliste. Le blanc n’est pas non plus oppresseur de par sa couleur de peau (un fait qui est bien compris par ces personnes comme Rokhaya Diallo à qui on simplifie souvent les dires), mais parce qu’il s’ancre dans des institutions sociales et politiques qui reproduisent un racisme et qui reproduisent un antisémitisme.
      De même l’historicité de cette perspective est moins bancale qu’il n’y parait, beaucoup de chercheurs en histoire ou en sciences politiques, économiques et sociales ont cette approche parce qu’elle correspond aussi au fonctionnement actuel du monde.
      Pour ce qui est de Dieudonné il a eu nombre de soutien, puis il les a perdu au fur et à mesure qu’il s’est exprimé sur le négationnisme, d’autres journalistes ont pu interviewer Alain Soral et Dieudonné à des périodes où la limite humour-racisme était flou. Et je crois que si vous posiez la question à Rokhaya Diallo elle exprimerait qu’il y a une limite pour l’humour antisémite, comme n’importe qui qui n’associe pas les juifs à des problèmes réels ou irréels.
      Après mon but n’était pas de convaincre qui que ce soit que Rokhaya Diallo est parfaite et que tout le monde devrait être d’accord avec elle, j’ai moi-même des désaccords même si je la défends car je pense honnêtement que cet article souhaite continuer à alimenter une vision de cette personne comme une folle qui ne s’y connait rien en décontextualisant les raisons de l’actuelle conversation décrite sur twitter et sa pensée en générale par la citation de passages hors-contexte des différents ouvrages qui modifient le sens de la pensée de son auteur, quelque chose que j’aurais défendu, indépendamment de ce que pense l’auteur.
      Tant qu’à la lecture plus poussée, plus rigoureuse que Rokhaya Diallo qui est avant tout une vulgarisatrice d’une littérature sur ces thématiques, j’y suis aussi familier.

  3. Je ne me sens pas plus blanc que les noirs se sentent noirs. Le problème de Diallo est que, toute à son ambition, elle se fait l’alliée objective (d’autres parleraient d’idiote utile) de blancs qui oppressent d’autres blancs selon des principes pas très éloignés de ceux qui ont frappé ses apparents semblables (puisque nous somme nombreux à ne pas nous sentir notre couleur). C’est ce qui me fait l’affubler d’un qualificatif trop injurieux pour être écrit publiquement.

Répondre à arnaud ragon Annuler la réponse

Your email address will not be published.

S'abonner à la jewsletter

Jewpop a besoin de vous !

Les mendiants de l'humour

#FaisPasTonJuif