Photo de la couverture du comics Daredevil avec Uri Geller Jewpop

Uri Geller, l'homme qui en savait trop (ou pas assez) sur Michael Jackson

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Ce matin je reçois un message sur Skype. CALL NOW. C’est Uri Geller, le mentaliste israélien qui tord des cuillères, arrête les escalators, les funiculaires, trouve du pétrole et retrouve les gangsters en cavale, par la pensée. Il dit avoir travaillé pour le Mossad et la CIA, être le petit cousin de Freud. « Coté Moravie ou Autriche ? » Il ne sait pas. Il ouvre un musée à Jaffa, en 2019, où il a été, « croyez-le ou non », conçu. On y trouvera la bande dessinée de Daredevil que Stan Lee lui a consacré ainsi que la pipe du célèbre psychanalyste que Lucian Freud lui a offerte.

Stan Lee a fait de lui un super héros

De la Hongrie, d’où ses parents sont originaires, Uri Geller ne sait plus rien ou presque. Sa famille n’a reçu aucune éducation intellectuelle, dit-il. Killing Katzner, le film sur le chef de la communauté juive de Budapest qui pactisa avec Adolf Eichmann, puis fut assassiné à Tel-Aviv, il ne sait pas qui c’est. Les Quatre soeurs, dont celle du Judenrat de Budapest, de Claude Lanzmann, il ne l’a pas vu.

Golda Meir se demandait si Uri était responsable de la mort de Gamal Abdel Nasser, John Lennon l’appelait lorsqu’il souhaitait que Yoko revienne. Elvis lui donnait rendez-vous au milieu du désert quand il était au bout du rouleau. Edgar Mitchell, le 6ème homme à marcher sur la lune, l’admirait, et Stan Lee qui en fit un super héros, lui prodigua un conseil qu’il se répètera comme un mantra : « c’est grâce aux sceptiques que tu deviendras célèbre ».

Photo de la couverture du comics Daredevil de Stan Lee avec Uri Geller Jewpop

Mais celui qui transformera durablement sa vie est le « pauvre » Michael Jackson, de plus en plus mal, dont le visage est dévoré par le vitiglio universalis (ndlr : dermatose qui se présente sous l’aspect d’une dépigmentation progressive de la peau) et qui voit le rôle de Peter Pan dans Hook que Steven Spielberg lui réservait, attribué à Robin Williams. Selon son neveu Taj, c’est le logo de Neverland, un petit garçon assis dans la lune, qui apparait à présent dans les bande-annonces de Dreamworks SKG, qui fait déborder le vase. Accablé, Bambi écrit deux chansons : They dont really care about us, et HIStory, teintée de références riefenstahliennes, tandis que ses ventes d’albums et son lifting s’effondrent.

Uri Geller fait miroiter la lune à Michael Jackson

C’est à ce moment qu’Uri Geller, illusionniste des kibboutzim, débarque dans sa vie et lui fait miroiter la lune, au sens propre. Un ami d’ami de la NASA, proche du père du missile intercontinental et ex-nazi Werner Von Braun, lui annonce qu’il pourra faire partie d’un prochain vol suborbital vers la Lune. Il le taquine aussi en lui annonçant que la reine Elizabeth II va anoblir Steven Spielberg et pas lui. Par ailleurs, lorsqu’Uri lui demande d’être son témoin de mariage, de porter la kippa ou de rencontrer Ariel Sharon, Michael Jackson s’exécute. Y a pas à dire, le mec est fort.

Photo représentant Ariel Sharon avec Michael Jackson et Uri Geller Jewpop

Ariel Sharon, Michael Jackson et Uri Geller

Michael n’en peut plus. Il est épuisé par cet abracadabrantesque sabra, qui lui a présenté le redoutable journaliste britannique Martin Bashir, confesseur de la princesse Diana. Uri ne comprend pas quand le King of Pop lui demande de respecter sa vie privée, mais s’évertue soigneusement à éviter de le faire à sa mort.

Uri Geller, le songe d’une nuit d’été

Il donne des interviews en vrac, évidemment, car il l’a vu partir dans un songe. Est-il choqué par le clip néo-fasciste de HIStory tourné à Budapest, où des milliers de juifs de la ville furent assassinés sur les rives du Danube en octobre 1944, tandis que près de 424 000 juifs hongrois furent déportés et exterminés à Auschwitz-Birkenau. Il ne percute pas. J’ai la vague impression qu’il ne s’en souvient même pas. C’était avant leur rencontre.

Photo de la pochette d'un album vinyl d'Uri Geller Jewpop

Sur les relations du chanteur avec Louis Farrakhan, le leader de la très sectaire et antisémite Nation of Islam, il est indifférent. Sur les accusations de pédophilie, il raconte qu’il l’a interrogé et qu’il le sait innocent, puisqu’il a lu dans ses pensées. Bien entendu. À propos du documentaire de Dan Reed Leaving Neverland diffusé hier sur M6, il se cabre et refuse de commenter la vie d’un homme décédé il y a plus de dix ans, bien qu’il communique régulièrement avec les esprits. On a les ectoplasmes qu’on mérite.

Son projet actuel, c’est de se concentrer sur son futur musée à Jaffa, dans la vieille ville, là où la jeune Andromède, fille du roi Céphée et de Cassiopée, fut attachée à un rocher, en sacrifice à la bête immonde. Et on pourra aller admirer sa bande dessinée pour enfants et sa superbe pipe en bois.

Alexandre Gilbert

La bande-annonce du documentaire de Dan Reed Leaving Neverland

Uri Geller tord des cuillères, show tv de 1976

Uri Geller « chante » I Cannot answer you (1977)

© photos et visuels :  Marvel Comics / DR

Article publié le 22 mars 2019. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Jewpop

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