« Le premier qui me colle “un bijou d’humour” dans une chronique de livre ou de film prend ma main sur la gueule, vous êtes prévenus ! ». J’avais soigneusement conservé ce mail du boss envoyé il y a quelques jours à toute la rédaction de Jewpop, on ne sait jamais ça pourrait toujours servir aux prud’hommes. N’empêche, j’étais bien embêtée pour mon papier sur Le nez juif de Sabyl Ghoussoub (éditions de L’Antilope), parce qu’à part « un bijou d’humour » en titre, je voyais pas…
À 29 ans, Sabyl Ghoussoub publie son premier roman, un vrai bijou d’humour (j’en rajoute une couche, même pas peur !), bien plus profond qu’il n’y paraît, où se télescopent allègrement héritage familial, parcours social, désir de plaire à tout prix et réflexions sur la mémoire. Encensé par la critique – qui compare volontiers le jeune écrivain à Woody Allen – ce court récit autofictionnel pose un regard sensible sur les questions universelles d’identité, le « nez juif » de l’auteur d’origine libanaise maronite lui servant d’absurde faux passeport, tantôt traité de « sale Juif » ou de « sale Arabe ». On rit souvent au cours des 156 pages de ce livre à la construction résolument visuelle (l’écrivain est également photographe et a dirigé pendant 4 ans le Festival du cinéma libanais de Beyrouth) et au style percutant, qui alterne avec intelligence autodérision et émotion. Les éditions de L’Antilope ont eu du pif en publiant ce premier opus, qui donne très envie de découvrir la suite de l’univers de Sabyl Ghoussoub. L’auteur a bien voulu répondre aux questions de Jewpop, sans faux-nez.
Sharon Boutboul : L’un des points communs entre Juifs et Arabes est l’absence de prépuce. Vous n’étiez-pas tenté d’écrire plutôt « La bite juive », un titre quand même plus vendeur, il faut bien l’avouer ?
Sabyl Ghoussoub : Encore faudrait-il que tous les Arabes soient circoncis…
S.B. : Pensez-vous sérieusement que le sexe soit le meilleur moyen de régler les conflits du Proche-Orient, comme vous le suggérez page 107 de votre livre*, à l’image du film de Yolande Zauberman et Sélim Nassib Would you have sex with an Arab ?
S.G. : Je ne pense plus sérieusement à des moyens de régler les conflits du Proche-Orient.
S.B. : Votre « romance » imaginée avec Laym, l’une des soeurs du groupe A-Wa, c’est une façon subtile d’essayer de la pécho dans la vraie vie ?
S.G. : J’ai plutôt dédicacé de façon subtile mon livre à Stéphanie pour essayer de la garder après l’avoir pécho.
S.B. : Le boss de Jewpop se la pète depuis qu’il s’est faire prendre en photo avec Laëtitia Eido, la sublime actrice franco-libanaise qui joue Dr Shirin dans la série « Fauda ». Il lui aurait conseillé de lire votre livre, qu’elle ne connaissait pas. Vous avez un message à faire passer à Laëtitia ?
S.G. : Laëtitia, j’écris un scénario en ce moment et je voudrais bien te le faire lire aussi quand je le termine.
P.S : Merci à Alain de conseiller mon livre.
S.B. : Où avez-vous mangé le meilleur houmous ? À Beyrouth ou à Tel-Aviv ?
S.G. : À Damas !
S.B. : Votre éditeur évoque un « second texte formidable » à venir. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
S.G. : Dans ce second texte, j’évoque ma bite juive (ce n’est même pas une blague) et pourquoi David Ben Gourion et l’Imam Khomeini ont des aéroports à leur nom et moi, toujours pas.
Entretien réalisé par Sharon Boutboul pour Jewpop
*Précision à l’attention de mon boss, qui est persuadé que je ne lis que la quatrième de couverture d’un bouquin pour en faire sa recension.
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Le site de Sabyl Ghoussoub
Le site des éditions de L’Antilope
© photos : Olivier Roller / L’Antilope / DR
Article publié le 30 mai 2018. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2018 Jewpop
