Photo représentant un footballeur israélien Jewpop

La Israelian Touch capillaire

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Tu sais que tu as fait ton Alya lorsque tu dois aller pour la première fois chez le coiffeur. Tu es jeune, tu as toute la vie devant toi, tu n’es pas marié, et lorsque tu as 22 ans, tu ne penses qu’à une chose… pécho. Sauf que lorsque tes cheveux poussent, tu ressembles aux Jackson Five.

Photo de Larry David jeune Jewpop

Larry David Jewfro

Donc, depuis ta plus tendre enfance, t’as pris un forfait « kollel akol » (tout compris) chez le coiffeur. Tu as construit une relation de confiance avec lui. Il s’appelait Jean-Louis David, Jacques Dessange, Biguine, ou le coiffeur de la reine mère. Il ne se servait pas de la tondeuse. Il ne connaissait que les ciseaux à défriser. Ça durait des plombes avant de passer. Le dessin de ta nuque était un art appliqué, et le contour de tes oreilles flirtait avec le premier prix des beaux-arts. Et tu sortais avec la coupe du premier de la classe, beau gosse, aérodynamique. Mais là, t’es tout seul. Autour de toi, ils sont tous chauves, le peigne est un objet de luxe et ils ont des coupes de douilles. T’as atteint le maximum du supportable, ta coupe dépasse les limites du miroir. Donc, t’as pas le choix, t’es obligé de faire le deuil de la coupe à 350 euros.

Choisir son coiffeur en Israël, c’est comme mettre en place la prochaine stratégie d’attaque des centrales nucléaires iraniennes

Photo du film Don't mess with the Zohan Jewpop

Tu déambules dans la rue et tu regardes de loin celui qui ressemble le plus à Frank Provost, avec le plus beau brushing. Sauf qu’ici, brushing, c’est un gros mot, ou pire, c’est le seul mot anglais que les Israéliens ne connaissent pas. Donc tu joues à quitte ou double. Première chose inquiétante, il a laissé les serviettes – qu’il a du prendre de sa salle de bain – dehors pour les sécher, avec la clim’ qui goutte à côté. Tu rentres et lorsqu’ils te regardent tous, ils savent que tu viens de loin.

Et il te dit: « ken ma ata osse po ? » (oui, qu’est ce que tu fais ici ?). Genre t’es venu te faire soigner… Et il te regarde, limite il est mort de rire avec ta coupe de prisonnier, et il te dit: « chev po » (assieds-toi là) comme s’il allait faire une grande mitsva. Il commence le shampoing. L’eau, elle est gelée et tu lui dis avec ton hébreu de zoulou : « maym kar » (eau froide) et il te dit: « anakhnou lo betsarfat po, tsarikh leitragel » (on n’est pas en France, faut que tu t’habitues). À ce moment là, t’as qu’une envie, c’est de te tirer. Mais bon, tu restes parce que tu ressembles à un yéti. Et le pire est à venir.

La Israelian Touch

Photo représentant un coiffeur avec une tondeuse Jewpop

Il t’assoit sur la chaise, te mets une sorte de papier autour du cou, comme les prêtres. Et un autre grand voile sur toi, on dirait une bonne sœur. Plus la serviette. T’as l’air de Bud Spencer qui mange un plat de pâtes. Et là, vas lui expliquer que tu veux qu’il te rafraîchisse sur les côtés, que la nuque, tu ne la veux pas longue, et qu’il s’applique autour des oreilles, et court, mais pas trop court, lorsque les seuls mots que tu sais dire en hébreu, c’est shalom (bonjour), ken (oui), lo (non), et kama ze ole (combien ça coûte) ? Donc tu lui dis, très hésitant: « katsar, short » (court). Et là, tu as commis la faute de ta vie entière. Il prend la tondeuse. Il a mis le plus gros sabot et pénètre dans ta tête. Et t’as l’air d’un clown. Il t’a séparé en deux. Tu n’as pas le choix, il doit finir. Tu gouttes. Limite, on va te diagnostiquer un trauma facial. Ça y est, il t’a mis le coup final. La Israelian Touch. Tu ressembles à un évadé d’Alcatraz. C’est donc ça, devenir israélien.

Jonathan Serero

 
© photos : DR
Article publié le 1er septembre 2013. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2019 Jewpop

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