Fritz Corleone Jewpop

Fritz Corleone, nazip hop business

5 minutes de lecture

Il aura fallu un tweet de la Licra, le 16 septembre, soit 5 jours après la sortie de l’album “La Malédiction Fantôme” de Freeze Corleone, pour que le grand public découvre l’univers truffé de références antisémites et conspirationnistes de la jeune star montante du rap français, originaire des Lilas.

Un tweet accompagné d’une vidéo compilant ses punchlines les plus édifiantes en la matière, qui a déclenché, à la suite de la demande du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, une enquête du parquet de Paris pour « provocation à la haine raciale » et « injures à caractère raciste ».

Les réactions sur les réseaux sociaux ont été immédiates, avec des dizaines de milliers de messages de soutien du public de plus en plus nombreux de Freeze Corleone, d’autres rappeurs et de… Dieudonné. Un fight en mode “vous n’avez pas les codes” et autres “deux poids, deux mesures” et “concurrence victimaire”, qui dénote un fossé générationnel et culturel abyssal entre jeunes fans de rap et trentenaires et boomeurs outrés, découvrant soudainement avec effroi que le hip hop véhicule parfois (et ce depuis de longues années) des messages antisémites et conspis, tandis que Libé, fidèle à sa ligne éditoriale, met l’accent sur “l’ignorance des commentateurs”.

Si la Fnac avait senti le boulet venir en retirant l’album de ses précommandes dès le 1er septembre, il aura fallu attendre l’enquête engagée par le parquet de Paris pour qu’Universal, distributeur de l’album, annonce dans un communiqué ahurissant de complaisance la fin de sa collaboration avec le rappeur, lâché également par Skyrock qui diffusait allègrement son premier single dès sa sortie, et désormais par YouTube pour les clips incriminés.

Depuis, l’album s’est classé en deuxième place du top français, ses ventes en ligne et flux streaming explosent sur Spotify et autres Deezer, alors que le manager de l’artiste entretient subtilement le buzz en annonçant que le catalogue du rappeur pourrait être retiré de toutes les plateformes ce lundi. “Freeze est un stratège, un mec qui ne fait rien bêtement et qui calcule chacun de ses gestes ou chacune de ses sorties” expliquait l’un de ses proches. Un très fin stratège, qui n’attendait que cette occasion gracieusement fournie par la Licra et le concours de Gérald Darmanin, pour enfin vivre comme des rentiers juifs (citation en italique extraite de l’un de ses textes incriminés).

Si jusqu’ici, son million de streaming mensuels sur Spotify ne lui rapportait “que” 6000 euros par mois, cette pub inespérée qui décuple son audience, et son statut d’éditeur, producteur et auteur-compositeur, risquent fort d’en faire l’un des artistes les mieux rémunérés par la Sacem cette année. Objectif rentier juif atteint. Business model ©Dieudonné.

Au milieu de ce flow d’indignation, où l’exégèse des punchlines de Freeze Corleone prend l’allure d’un piètre débat talmudique façon Torah-Boxe, Jewpop a retenu sur Twitter quelques-uns des messages les plus révélateurs des obsessions antisémites du rappeur et de celles de nombre de ses fans. Florilège.

Alain Granat

Celui qui combine pour distinguer l’antisémite de l’artiste

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celui qui va au musée

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celui qui a les codes

Tweet Freeze Corleone jewpop

Celui qui balance

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celle qui a bien compris, mais bon…

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celui qui veut être rentier juif

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celui qui veut résoudre les problèmes dans le monde

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celle qui voit des musulmans à papillotes partout

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celui qui sait

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celui qui débarque

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celui qui punchline comme Freeze, mais sans les codes

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Celle qui invente le point merguez pour troller le débat

Tweet Freeze Corleone Jewpop

Sélection réalisée par la rédaction de Jewpop

© visuels : copies d’écran Twitter / YouTube /DR
Article publié le 20 septembre 2020. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2020 Jewpop


5 Comments

  1. Acte manqué ? Darmanin a oublié les insultes sexistes. L’album utilise en gimmick sur la plupart des titres des « pétasses » et « salopes » encore plus caractéristiques du rap que les éléments de langage complotistes et antisémites. Bon… je fais partie des vieux cons du post-punk des années 80, les pop stars américaines (femmes) les utilisent aussi à longueur de chansons très distinguées et le sexisme n’est pas interdit par TPMP.
    Mon côté « école de Francfort » adorerait conduire un entretien de fond avec Fritz Corleone (bien vu la transmutation de liquide baptismal) pour déterminer la profondeur du cynisme, du calcul, de la conviction. Est abyssal aussi le changement de paradigme qui prévaut depuis… 2001 ? et comment les mémoires traumatiques, tabous et culpabilités historiques, les prophéties auto réalisatrices et la simple usure du temps peuvent s’y loger ou s’y noyer en simples motifs de pop culture.
    Je me demande si les pires dans l’histoire ne sont pas Universal et Skyrock.

  2. Chers amis de Jewpop,
    À propos du topo « Juifs-argent », l’une de mes connaissances a publié sur son mur FB la blague suivante:
    ‘Un prêtre, un pasteur et un rabbin discutent. Les temps sont durs et le « denier du culte » rare.
    « Comment faites vous pour vivre ? » se demandent-ils mutuellement.
    Le prêtre répond: « Je prends l’argent de la quête, je trace un grand cercle au sol, je jette les pièces en l’air. Ce qui retombe à l’intérieur du cercle est destiné à l’église, le reste est pour moi « .
    Le pasteur rétorque :  » Oh moi, je fais la même chose, mais avec un petit cercle ».
    Le rabbin rit aux éclats :  » Oh moi aussi, mais sans cercle. Je jette l’argent en l’air et je crie Yahvé, sers-toi. »‘
    Tous mes efforts pour lui expliquer qu’il s’agisse d’une blague antisémite tombent à l’eau. Il se sent accusé lui d’être antisémite et il se sent offensé parce que je lui explique l’origine du préjugé Juifs-argents comme s’il était « un étudiant de première candi » (oui, il n’est pas tout jeune, et oui, nous sommes en Belgique). À la fin tout se résume au fait que je serait un Juif hypersensible (il aurait des amis Juifs pas pleurnichards comme moi qui trouvent sa blague très drôle. Des idées? Des commentaires? Des battes de baseball bon marché?,
    Bises et merci d’avance,
    Un lecteur dévoué (et juif, mais ça c’est pas faute)

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

S'abonner à la jewsletter

Jewpop a besoin de vous !

Les mendiants de l'humour

#FaisPasTonJuif