Photo de Asia Komisarov, rescapée de la Shoah, dans son appartement en Israël Jewpop

En Israël, 25% des rescapés de la Shoah vivent toujours sous le seuil de pauvreté

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Durant des décennies, tous les gouvernements israéliens successifs se sont désintéressés du sort de leurs citoyens rescapés de la Shoah vivant dans des conditions misérables. Il aura fallu des années de campagnes et d’initiatives menées par des ONG, puis l’arrivée de Yair Lapid, fils de rescapé, au ministère des Finances en 2014, pour voir enfin cette scandaleuse situation évoluer. Mais malgré une augmentation significative du budget alloué par le gouvernement Netanyahou depuis, 25% de ces rescapés, soit environ 35 000 personnes, vivent toujours sous le seuil de pauvreté.

Alors que l’on commémore Yom HaShoah depuis hier en mémoire des 6 millions de Juifs victimes de l’Holocauste, 140 000 rescapés vivent aujourd’hui en Israël. Chaque mois, un millier d’entre-eux disparaissent. Leur moyenne d’âge est de 85 ans.

En 2004, le gouvernement israélien allouait un budget de 400 millions d’euros pour les aides financières aux rescapés. Ce chiffre est passé à 750 millions en 2012 et a atteint son record en 2019 avec un budget de 1,5 milliard d’euros (source ministère des Finances israélien, Holocaust Survivor Rights Authority).

Mais il est impossible de quantifier comment ces aides sont réparties, le système d’éligibilité rendant les démarches complexes pour les rescapés y ayant droit, à l’image des méandres et lourdeurs de la bureaucratie israélienne. Selon Galia Aricha, juriste du département du ministère des finances dédié à ces aides, “ Toutes les personnes qui ont été déportées reçoivent des aides. ”

“ De trop nombreux rescapés vivent dans la pauvreté, mais depuis ces 5 dernières années, les choses commencent à évoluer ” explique au Jerusalem Post Aviva Silberman, une avocate qui a fondé l’ONG Aviv for Holocaust Survivors en 2007. Actuellement, 35 000 survivants de la Shoah vivent sous le seuil de pauvreté en Israël, en majorité des immigrants arrivés d’Union soviétique dans les années 80. Ces derniers ne sont pas éligibles à l’ensemble des aides, une législation stipulant que les rescapés ayant fait leur alya après 1953 ne peuvent en bénéficier, et ne sont pas couverts par les accords de réparations négociés en 1952 entre Israël et l’Allemagne.

Les rescapés arrivés avant 1953 touchent une pension mensuelle allant de 500 à 2500 euros mensuels, ceux arrivés après 1953 moins de 1000 euros par an (source Aviv for Holocaust Survivors). La situation dramatique de ces rescapés a commencé à s’améliorer avec l’arrivée de Yair Lapid comme ministre des Finances en 2014. “ Rien n’avait été fait depuis des années. C’était une honte” déclarait à l’agence Reuters l’ex-ministre des Finances, dont la politique a été poursuivie par son successeur Moshe Kahlon.

Lapid avait alors doublé le budget dédié aux survivants de la Shoah et permis leur accès gratuit aux soins, tout en assouplissant les modalités de la législation de 1953. Mais pour Galia Aricha, beaucoup reste encore à faire, de nombreux rescapés ignorant leurs droits ou étant dans l’impossibilité d’effectuer les démarches administratives, complexes, pour déposer leur dossier.

D’autres ONG israéliennes, telle Latet, très active dans l’aide aux personnes âgées en situation de pauvreté, se mobilisent régulièrement pour des campagnes de levée de fonds dédiées aux rescapés, à l’image de celle réalisée par Latet en 2019 pour rénover des appartements en mauvais états ou inadaptés, offrir des lunettes de vue, des appareils auditifs, qui a fait l’objet de ce reportage réalisé par France 24.

Mais Israël n’est pas le seul pays où les conditions de vie de certains rescapés sont dramatiques. Aux États-Unis, parmi les 36 000 survivants de l’Holocauste résidant principalement dans l’État de New York, 40% d’entre-eux vivent également sous le seuil de pauvreté, selon l’UJA-Federation of New York, qui collecte des fonds pour leur venir en aide.

Une situation qui s’est aggravée, tant aux USA qu’en Israël, avec l’épidémie de coronavirus et ses conséquences sanitaires et psychologiques impactant une population particulièrement traumatisée, isolée et fragilisée par le confinement.

Alain Granat

Pour soutenir ces associations en Israël, les liens qui suivent :
Aviv For Holocaust Survivors
Latet
Help For Holocaust Survivors
En France :
Casip-Cojasor
FSJU
Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Fondation de Rothschild

Photo de une :  Asia Komisarov, israélienne rescapée de la Shoah, dans la chambre qu’elle habitait en 2015 après avoir été expulsée de son appartement. © Association For Immediate Help For Holocaust Survivors / DR

Article publié le 21 avril 2020. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2020
 

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